Les Enfants du Soleil, Aria ne ou l`Age d`Or

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Les Marches du Palais
sixième épisode du Roman d’un Acteur
un film écrit, joué et mis en scène par
Philippe Caubère
après avoir été improvisé sous l’œil de
VÉRONIQUE COQUET, CLÉMENCE MASSART et PASCAL CAUBÈRE
réalisé par
Bernard Dartigues
Produit par
Véronique Coquet
Pour La Comédie Nouvelle et Melocartoon
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LE ROMAN d'UN ACTEUR
épopée burlesque en onze épisodes
composé de deux parties :
1ère Partie L’ÂGE d'OR
1er épisode : Les Enfants du Soleil
2ème épisode : Ariane ou l'Âge d'Or (Ariane I)
3ème épisode : Jours de Colère (Ariane II)
4ème épisode : La Fête de l'Amour
5ème épisode : Le Triomphe de la Jalousie
6ème épisode : Les Marches du Palais
Les Enfants du Soleil, La Fête de l'Amour et Le Triomphe de la Jalousie composent La Trilogie
Amoureuse, qui raconte l'histoire d'amour de Clémence et Ferdinand au Théâtre du Soleil.
Ariane I et II évoquent la création de L'Âge d'Or à la Cartoucherie, et Les Marches du Palais la
rupture d'Ariane et Ferdinand après la présentation de Molière au Festival de Cannes.
2ème Partie LA BELGIQUE
7ème épisode : Le Chemin de la Mort (Le Vent du Gouffre I)
8ème épisode : Le Vent du Gouffre (II)
9ème épisode : Le Champ de Betteraves
10ème épisode : Le Voyage en Italie
11ème épisode : Le Bout de la Nuit
Les aventures de Bruno et Ferdinand à l'Atelier Théâtral de la Nouvelle Belgique dirigé par
Armand Delbarre. Le Champ de Betteraves, Le Voyage en Italie et Le Bout de la Nuit
composent La Trilogie Belge qui raconte l'errance de Ferdinand au pays des betteraves après
l'échec de Lorenzaccio au Palais des Papes.
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GÉNÉRIQUE
Image
Éclairages
Pascal Caubère
Roger Goffinet
Christian Baggen
Charlie Van Damme
Cadre
Bernard Dartigues
Pascal Caubère
Erwann Elies
Régie son et direction technique
Philippe Olivier dit “ Luigi ”
Chef opérateur du son
Jean-Louis Richet
Régie lumières
Roger Goffinet
Décor
Sophie Comtet
Srcipte
Anna Certovka
Montage
Bernard Dartigues
en collaboration avec Philippe Caubère
Montage son et mixage
Philippe Olivier dit “ Luigi ”
Assistants opérateurs
Thomas Benet
Olvier Broutin
Marion Dartigues
Nicolas Rideau
Photos
Jean-Claude Bourbault
Attachée de presse
Eva Simonet
Communication
Bonne Question !
Administration
Marion Dartigues
Producteurs associés
Jacqueline Dartigues
Frédéric Comtet
Produit par
Véronique Coquet
Pour
La Comédie Nouvelle et Melocartoon
Laboratoire
Auditorium
Format
son
Telcipro
Auditel
35 mm
Dolby stéréo
Musiques :
- Te Deum Marc-Antoine Charpentier ( Orchestre de la fondation Gulbenkian de
Lisbonne, Michel Corboz )
- The White Cheick Nino Rotta
- The King Arthur, Henry Purcell (Orchestre Philomusica de Londres, St Antony
Singers)
- La Foire de Toulouse, René Clémencic
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Résumé -
Les Marches du Palais
Après la mort de sa mère pendant le tournage de Molière, Ferdinand perd la mémoire. Impossible de se
souvenir du texte alors qu’autour de lui des milliers de figurants, déguisés comme des sapins de Noël, se
pressent sous la pluie. Ariane, calmement, essaye de garder son sang-froid. Plus tard, Ferdinand, Clémence et
Jean-Claude vont rejoindre Molière, Ariane, Papi et Claude, les deux producteurs du film, et bien sûr toute la
troupe au Festival de Cannes. La presse est aussi de la fête. C’est l’hallali.
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C’est quoi, Les Marches du Palais de Bernard Dartigues ?
Par Philippe Caubère, comédien et auteur du film.
Comment parler des Marches du Palais et de sa projection à Cannes ? On me dit “ c’est bien pour vous,
vous allez pouvoir faire du business ” et tout ça... Et moi, très honnêtement, je me demande bien de quel
“business” il s’agit. Que Canal + nous achète Ariane ou l’Âge d’Or, sa suite Jours de Colère et puis Les
Marches du Palais et déà ça irait bien comme ça... En fait moi, je ne viens pas là pour ça. Je viens pour raconter
sous forme de film et de théâtre ce que fut l’aventure malheureuse du film Molière à Cannes en 1977, il y a
vingt ans de cela du point de vue du plus humble, du plus modeste, du plus minable : le comédien. Pas la star,
pas la vedette, le comédien.
On parle toujours de Cannes de ce point de vue qui me paraît si naïf, si ingénu, si crédule : les paillettes,
les “stars”, je ne sais quelle mythologie dépassée, archaïque, pathétique. Je ne connais rien en fait à tout cela
mais je suis tellement sûr que ça n’existe plus. Et depuis si longtemps déjà. Commne si l’on espérait encore
retrouver Gérard Philipe au Festival d’Avignon ou quelque chose comme ça... Alors bien sûr qu’on espère
toujours, j’en sais quelque chose moi puisque je suis un acteur ; on espère toujours être celui-là mais quand
même, il faut être sérieux, on y croit pas. Et là non, on y croit.
On croit toujours qu’on va retrouver Brigitre Bardot sur la plage en maillot de bain ou Claude Lelouch
sur les marches, juvénile et triomphant ; ou Truffaut, Léaud avec Cocteau, Fellini, Simenon... Tout ça.
N’importe quoi. C’est fini, ça. C’était déjà fini il y a vingt ans. C’est ça que j’ai compris alors, malgré mon
énorme naïveté ; que c’était fini. Le temps a passé et la jeunesse aussi, et nos tendres années ; et la télé a tout
raflé. Elle a gagné. Horrible et triste victoire à la Pyrrhus pourtant, puisqu’elle ne cesse de rappeller, de
solliciter, d’essayer de ranimer ce cadavre ambulant, statufié : le cinéma d’autrefois. Aujourd’hui, le cinéma,
c’est d’un côté les Américains, en gros toujours pires, et de l’autre la guerre mais aussi l’avenir : le cinéma
iranien, chinois, algérien, yougoslave, africain et même, et même le cinéma français. Je ne suis rien moi
là-dedans, rien du tout. Je ne fais même pas de cinéma. Je fais du théâtre. C’est mon métier, ma passion, mon
amour. Mais comme j’aime le cinéma d’une autre passion, plus secrète mais furieuse, obsédée, contradictoire,
de ce théatre-là, de mon théâtre intime, avec l’aide et la complicité de Bernard Dartigues j’ai fait du cinéma.
Comme un vice. Un cinéma limite, impossible, très mal vu. Pire que le cinéma porno, le reportage de guerre ou
le document nazi, pire que la publicité : le théâtre filmé. Mais enfin, peu importe ce que je viens raconter ici,
c’est pas du théâtre mais du cinéma filmé : le Festival de Cannes.
Je ne comprenais pas Huit et demi avant d’être venu à Cannes ; depuis, j’ai compris. Cette foire, ce
bazar. A ses débuts, le cinéma se passait dans les fêtes foraines, c’était présenté comme un numéro de magie,
une performance étrange. Cannes au fond a gardé quelque chose de cela. C’est bien ce cirque atroce et ridicule,
cette absurde agitation, cet incroyable esprit de sérieux qui afflige tout le monde, du critique au producteur, du
portier de l’hôtel le plus pourri au pizzaïollo du coin, du moindre photographe au dernier des attachés de presse,
cette chose qui fait que tout le monde est très grave, très affolé, comme s’il s’agissait de refaire le monde, là, en
quelques jours, sur la plage ou dans les salles obscures. Tout cela me fait rire, moi qui le voit du dehors et qui,
encore une fois, n’ait jamais pu adhérer à cette croyance aveugle. Et pourtant l’échec épouvantable du Molière,
l’effondrement de cette entreprise, de cette aventure innocente sous les lazzis des journalistes et des
“professionnels” m’avait alors je m’en souviens bouleversé, horrifié, atterré. D’autant plus que je n’y
comprenais rien. Comment comprendre ce qui avait bien pu motiver une chose comme celle-la ? Tant de haine,
de sifflets, de quolibets ! Pourquoi ? Je ne le sais au fond toujours pas. Et c’est peut-être cela que je viens
chercher ici, vingt ans après ; la réponse ; pourquoi ? Chers amis du cinéma, répondez-moi...
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Ne croyez pas cependant que je viens ici dans un esprit chagrin ou de revanche, bien au contraire. Ce
n’est plus la même chose. Molière était une super-production représentant “ La France ” et mon film n’est
qu’un tout petit film, pas cher, minimaliste, modeste, et qui ne représente que moi. Et ceux qui l’ont tourné. Le
propos est surtout qu’on s’en amuse et qu’on en rie. Et l’on rira, croyez-moi ; on rira même aux larmes même
si, comme vous le verrez, la fin n’en est pas rose, car dans la vie, que voulez-vous, tout se paye et même les
bides de cinéma. Au fond, mon film, notre film plutôt car Dartigues qui est un homme de cinéma l’a pensé
avant moi, est un hymne. aux petits, aux sans-grades, aux “soutiers de la gloire”, aux comédiens fauchés, aux
journalistes dépassés, aux producteurs ruinés, aux attachés de presse débordés, aux amoureux du cinéma, à
ceux qui se lèvent à sept heures du matin pour aller voir les films du monde entier, ceux qui ne trouvent pas
d’accréditations pour rentrer dans les salles, ceux qui traînent la nuit sur la Croisette pour apercevoir quelque
vedette en goguette et puis qui, à défaut, en profitent pour un peu tapiner. A la vraie folie du Festival de Cannes,
sa folie baroque, misérable et cruelle. Sa folie mélancolique, et dépassée. Provençale, méditerranéenne,
cannoise même si vous voulez, sa folie française. Les Marches du Palais, c’est “Cannes” non plus vu par les
Américains, les “étrangers” ou les télés qui prétendent les représenter, les incarner. Mais vu par les Français ;
de simples Français. Par nous. Voilà, au fond, c’est peut-être Les Marches du Palais, tout simplement. C’est
nous.
Paris, le 10 mai 1997
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BIOGRAPHIE DE PHILIPPE CAUBÈRE
Né le 21 septembre 1950, à Marseille.
1968-71 : comédien au TEX, Théâtre d'Essai d'Aix-en-Provence, créé et dirigé par Éric Eychenne, en
compagnie de Maxime Lombard, Jean-Claude Bourbault et Bruno Raffaëlli.
1971-76 : comédien au Théâtre du Soleil, en compagnie de Maxime Lombard, Jean-Claude Bourbault et
Clémence Massart, dans 1789, 1793 et L’Âge d’or.
Janvier 76 : commence, parallèlement à son travail de comédien, l’écriture de ce qui sera édité vingt-trois ans
plus tard sous le titre Les Carnets d’un jeune homme.
1977 : joue Molière dans le film d'Ariane Mnouchkine.
1978 : met en scène et joue Dom Juan de Molière au Théâtre du Soleil, en compagnie de Maxime Lombard,
Jean-Claude Bourbault, Clémence Massart, Jonathan Sutton et Françoise Jamet.
1979 : comédien, en compagnie de Bruno Raffaëlli, à l'Atelier Théâtral de Louvain-la-Neuve (Armand
Delcampe), sous la direction d'Otomar Krejca. Interprète Lorenzo dans Lorenzaccio de Musset, au Palais des
Papes, pour le Festival d'Avignon et en tournée, et Touzenbach dans Les Trois sœurs de Tchékhov.
De 1980 à 81 : écriture, et improvisations sous la direction de Jean-Pierre Tailhade et Clémence Massart, qui
donneront l’année suivante La Danse du diable et, vingt ans après, L’Homme qui danse.
Mars 1981 : création d’une première version de La Danse du diable, au “ Ciné-Rio ” à Bruxelles (Stéphane
Verrue et Christian Baggen).
Mai : fin de l’écriture des onze Carnets d’un jeune homme.
Juillet : la version finale de La Danse du diable est créée à la Condition des Soies pour le Festival d'Avignon
(Bernard Faivre d’Arcier).
De 1981 à 83 : représentations au Théâtre des Quartiers d’Ivry (Philippe Adrien) et au Théâtre Edouard VII
(repris par Véronique Coquet), puis en tournée en France et en Europe.
De 1983 à 85 : improvisations, écriture et répétitions (avec, en particulier, Clémence Massart et Bruno
Raffaëlli) pour un projet de film Le Roi misère, qui deviendra finalement Le Roman d'un acteur. Fondation
avec Véronique Coquet de la société de production “ La Comédie Nouvelle ”, qui permettra, jusqu’à
aujourd’hui, de produire l’ensemble du travail.
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Avril 1986 : création d’Ariane ou l'Âge d'or au Théâtre Tristan Bernard (Edy Saïovici).
Octobre : création de Jours de colère (Ariane II) en alternance avec Ariane I au Théâtre des Arts Hébertot
(Véronique Coquet), suivie d’une tournée des deux spectacles en France et en Europe, pendant toute l’année
87.
Premier trimestre 1988 : édition du texte et du spectacle (enregistrement audio) de La Danse du diable par la
“ Comédie Nouvelle ” (coffret repris plus tard par Joëlle Losfeld).
De septembre 1988 à mars 1989 : création des Enfants du soleil de La Fête de l'amour et du Triomphe de la
jalousie, joués en alternance au Théâtre des Arts Hébertot (Félix Ascot).
D’août à décembre 1989 : interprète Joseph dans les films d’Yves Robert La Gloire de mon père et Le Château
de ma mère, d'après l'œuvre de Marcel Pagnol.
Avril 1991 : création du Chemin de la mort et du Vent du gouffre, joués en alternance au Théâtre de la
Renaissance (Niels Arestrup et Jean-Jacques Gomila).
Janvier 1992 : création du Champ de betteraves, du Voyage en Italie et du Bout de la nuit, joués en alternance
au Théâtre de la Renaissance.
Janvier 1993 : création des Marches du palais et premier essai du Roman d'un acteur (les onze spectacles en
alternance) au Théâtre Daniel Sorano de Toulouse (Jacques Rosner.)
Juillet : création du Roman d'un acteur au Cloître des Carmes, à l’invitation d’Alain Crombecque pour le
Festival d’Avignon (Bernard Faivre d’Arcier).
De septembre 93 à juillet 1994 : tournée en France et en Belgique du Roman d'un acteur et de La Danse du
diable, et édition de l’album-photos de Michèle Laurent Le Roman d'un acteur au Cloître des Carmes (repris
par Joëlle Losfeld).
Septembre 1994 : édition chez Joëlle Losfeld de la première moitié du texte du Roman : L’Âge d’or.
De septembre à décembre 1994 : Le Roman d'un acteur au Théâtre de l'Athénée, à Paris (Patrice Martinet)
filmé intégralement par Bernard Dartigues. Série de représentations de La Danse du diable au Théâtre Jean
Vilar de Suresnes (Olivier Meyer).
Juillet 1995 : dernières représentations de La Danse du diable au Théâtre des Carmes (André Benedetto) en
Avignon. Mise en scène de Que je t'aime ! de Clémence Massart, créé au Théâtre des Carmes, puis donné à
Paris au Théâtre Tristan Bernard (Edy Saïovici) et en tournée en France.
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Septembre : lecture jouée de poèmes d’Aragon à la fête de l’Huma à l’invitation de Charles Silvestre.
Janvier 1996 : sortie du film de Bernard Dartigues Les Enfants du soleil au cinéma Max Linder (Jean-Jacques
Zilberman, Brigitte Aknin et Vincent Melilli) à Paris, puis dans toute la France.
Juillet : création du spectacle Aragon en deux parties : Le Communiste et Le Fou sur l’île du Frioul pour le
“ Festival des îles ” (Maurice Vinçon).
De décembre 96 à avril 1997 : Aragon au Café de la Danse à Paris (Sylvia Uzan et Loïc Barrouk) et à La
Manufacture des Œillets à Ivry (Éric Danel).
Février-mars 1997 : sorties des films Ariane ou l’Âge d’or et Jours de colère au cinéma Max Linder.
Mai : présentation en Sélection Officielle (hors compétition) au Festival de Cannes et sortie simultanée à Paris
du film Les Marches du palais.
De mai 1997 à février 1998 : tournée Aragon dans toute la France.
Juillet-août 1998 : tournage d’Aragon sur l’île du Frioul par Bernard Dartigues et sortie sur Canal + des quatre
premiers films du Roman. Lectures jouées de Marsiho et de Vues sur l’Europe d’André Suarès, au Frioul et au
Théâtre du Peuple à Bussang (Jean-Claude Berrutti).
Février 99 : sortie des Carnets d’un jeune homme (1976-1981) aux éditions Denoël.
1er mai : présentation de la première partie du film Aragon (Le Communiste) à la Cinémathèque française pour
l’association des “ Amis de l’Huma ” en présence de Robert Hue et de Lise London.
Juillet : création du spectacle Marsiho au Théâtre des Salins de Martigues (Laurent Ghilini et Michèle
Hettiger).
23 janvier 2000 : premier essai de Claudine ou l’éducation au Théâtre des Salins.
23 juin : premier essai du Théâtre selon Ferdinand au Théâtre des Salins.
Juillet : création de Claudine et le théâtre à la Carrière de Boulbon pour le Festival d’Avignon (Bernard Faivre
d’Arcier), édition du texte de la pièce chez Joëlle Losfeld, et sortie vidéo et DVD d’Ariane ou l’Âge d’or, Jours
de colère et Les Marches du Palais chez les films du Paradoxe.
Septembre-octobre : tournée en France de Claudine et le théâtre.
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Novembre-décembre : Claudine et le théâtre au Théâtre de l’Athénée à Paris.
Janvier à mars 2001 : deuxième tournée de Claudine et le théâtre.
21 septembre 2001 : création de 68 selon Ferdinand (Octobre et Avignon) au Théâtre du Chêne Noir (Gérard
Gélas) en Avignon.
Septembre à décembre : tournée des deux nouveaux spectacles, en alternance avec les deux épisodes de
Claudine et le théâtre.
Mai 2002 : lecture jouée de Recouvre-le de lumière d’Alain Montcouquiol au cloître des Jésuites à Nîmes, à
l’occasion du cinquantenaire de la féria.
Projets 2002
Lectures jouées de Recouvre-le de lumière : le 16 août, au “ Banquet du livre ” (Jean-Michel Mariou), à
Lagrasse, dans l’Aude. Et les 6 et 7 septembre, à la chapelle du Méjean (Actes-Sud) en Arles.
Octobre : parution de 68 selon Ferdinand (Octobre et Avignon) chez Joëlle Losfeld et tournée des deux
épisodes.
Novembre-décembre : création du spectacle à Paris, au Théâtre du Rond-Point (Jean-Michel Ribes).
Sortie de deux nouveaux films du Roman d’un acteur : La Fête de l’amour et Le Triomphe de la jalousie, en
alternance avec Les Enfants du soleil, sous le titre global La Trilogie amoureuse, dans la salle Jean Tardieu du
Théâtre du Rond-Point. La première partie du Roman, soit les six films, sera projetée en décembre sous son
titre : L’Âge d’or.
Projets ultérieurs
Printemps/été 2003 : création du spectacle Recouvre-le de lumière d’Alain Montcouquiol aux arènes de Nîmes,
suivie d’une tournée d’été dans toutes les arènes françaises (ainsi que quelques lieux de théâtre), en suivant la
saison tauromachique.
Hiver 2003 : création de Recouvre-le de lumière à Paris, en alternance avec celles de Marsiho et Vues sur
l’Europe d’André Suarès, sous le titre global : Le Sud.
2004 : reprise du travail d’écriture et préparation du dernier volet de L’Homme qui danse (deux nouveaux
spectacles), dont la création est prévue pour la rentrée d’octobre 2004. Celle de l’intégrale l’est pour le
printemps/été 2005.
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Restera à monter et sortir les cinq films de la deuxième partie du Roman d’un acteur : La Belgique, en éditer le
texte, sortir le film Aragon, filmer L’Homme qui danse, en livrer “ l’édition finale ”, puis “ tourner ” et filmer
Le Sud.
Après, c’est la retraite…
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Arguments du réalisateur, Bernard Dartigues, pour un film de 33 heures
LE ROMAN D’UN ACTEUR
1 rôle principal
6 grands rôles
16 premiers rôles
48 seconds rôles
44 petits rôles
Casting terminé. Les 115 personnages seront interprétés par Philippe Caubère.
Il jouera également le téléphone anxieux, la cafetière interminable, le pigeon très ramier, la mobylette
moqueuse, l’avion content de décoller et cent autres accessoires.
Pourquoi faire un film à partir de 11 spectacles de 3 heures, écrits et interprétés par un homme seul ?
Parce que cette expérience est unique, parce qu’elle est insensée et fascinante.
Sur scène, Philippe Caubère a déjà fait rire et pleurer plus de 600.000 spectateurs.
Son défi d’auteur et de comédien, psychologiquement et physiquement épuisant, est d’ores et déjà gagné :
festival d’Avignon 93, tournée dans les grandes villes de France et des pays francophones, apothéose et
dernières de l’intégrale du Roman d’un Acteur à Paris l’hiver dernier, au théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet.
Plus tard, grâce à l’édition des textes, leur interprétation dans d’autres mises en scène par d’autres comédiens
sera possible, mais il ne sera plus jamais possible de voir la performance irremplaçable, le jeu original du
créateur.
Il fallait en faire un film parce que le cinéma est le seul moyen capable de transposer pour un large public le
spectacle vivant, éterniser la quête de l’auteur-interprète, perpétuer la communication entre l’acteur et son
public grâce à des images et des sons de qualité.
Il fallait, dans une grande salle, ressusciter la représentation idéale.
N’est-ce pas une des grandes missions du cinéma que de témoigner pour la postérité et d’administrer la preuve
indiscutable que l’œuvre a existé.
Frégoli interprétait magistralement sur scène 60 personnages, nous n’avons plus que le témoignage de
quelques spectateurs, plus aucune trace.
Antonin Arthaud, Raimu, Louis Jouvet, Dullin, Michel Simon ont subjugué des salles entières. Pour la
mémoire des générations présentes et à venir, seuls les rôles qu’ils ont interprétés dans des films persisteront.
La durée de ce film peut paraître une folie, mais des films très longs et aussi différents que Le Mahabharata,
Shoah, Heimat ou Le Décalogue ont trouvé leur public.
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Enfin, Caubère joue sa vie, livre impudiquement aux spectateurs qu’il captive, ses doutes, ses échecs, la
dérision de ses victoires, l’humour et la tendresse, Caubère joue “ notre vie ”.
Ce film de 33 heures sera également un grand documentaire sur le métier d’acteur, un document sociologique
sur la décennie d’après 68.
Caubère plonge à chaque représentation plus profond dans son jeu.
Paris, cet hiver, a vu les dernières séances du Roman d’un acteur qu’il ne jouera plus par la suite.
Et pour un réalisateur, quel exercice fascinant que celui qui consiste à capter au mieux la précision prodigieuse
de ce soliste et à faire partager au spectateur idéal (et sans aucun intermédiaire) le plaisir d’entrer dans l’univers
mental d’un homme-acteur, voyage magique dans un esprit, exploration rare dans un monde de réalisme,
d’humour et de poésie.
Le premier épisode Les Enfants du Soleil, ouvre la grande saga.
Le Roman d’un Acteur commence là par l’arrivée de Ferdinand Faure à la Cartoucherie. Parce que là s’engage
sa vie dans un lieu théâtral, là débute aussi son éducation (ou initiation) avec Ariane Mnouchkine.
C’est une histoire d’amitié : les trois copains du Théâtre Révolutionnaire d’Aix en Provence viennent
conquérir Paris.
C’est une histoire de théâtre : ils intègrent une compagnie légendaire et affrontent sa fascinante directrice.
Ferdinand et Clémence se rencontrent, se font du bien, se font du mal, et découvrent que c’est une histoire
d’amour.
Bernard DARTIGUES.
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BIOGRAPHIE DE BERNARD DARTIGUES – Réalisateur –
École Nationale de Cinéma (Vaugirard) Promotion “ Philippe de Broca ” 1963-1965
Carte professionnelle (Centre National du Cinéma) de :
- Chef Monteur de long métrages,
- Chef Opérateur,
- Réalisateur de courts et longs métrages.
Successivement :
- Assistant réalisateur à l’O.R.T.F. en 1965-66
- Assistant de Jacques DEMY et Philippe de BROCA
- Chef Opérateur pour, entre autres, Jean-Michel BARJOL, Albert LAMORISSE, Robert LAPOUJADE...
- Chef Monteur pour Pierre DESGRAUPES (Cinq Colonnes à la Une), Jacques NAHUM, Jean COSMOS,
Jean CHAPOT, Jacques DOILLON…
- Réalisateur d’une quarantaine de courts métrages pour l’Office du Film Canadien, l’Institut Géographique
National, la Cinémathèque du Ministère de l’Agriculture, le Seuil Audiovisuel, Les Films du Centaure,
Intervidéo, Antenne 2, FR3, SIIS...
- Réalisateur de spots publicitaires
- Réalisateur d’un long métrage (198 ”) : La Part des Choses
- Réalisateur de court-métrages et de documentaires de création, dont :
Mourir heureux (1966), Châteaufarine (1976), La maison sous la forêt (1977), Un métier au pluriel (1978), Le
moulin à papier (1979), La forêt et les plaideurs (1980), Mon père a fait bâtir maison (1981), Jean de la
Montagne (1982), La Part des Choses (Long Métrage 1983), Portrait de dame avec fleurs (1985), Lumières du
Nord (1986), Les mangeux d’terre (1987), Lutte biologique (1988), Fil d’Ariane (1989), Comme un berger sur
la lune (1990), Les dernières marches : PHILIPPE CAUBERE (1993), Le Cinématographe (1994).
Le Mal du Pays (52 min.) 1991- produit par France 2 et Le Monde/MK2 (diffusion A2)
La Fin des Paysans (52 min.) 1992 - produit par France 2 et Le Monde/MK2 (diffusion “Première Ligne”
France 2), Parasites (28 min) produit par SIIS INTERIMAGE (diffusion France 2)
Les Enfants du Soleil (1994-95 avec Philippe Caubère)
Ariane ou l’Age d’Or I et Il (1996 avec Philippe Caubère)
Les Marches du Palais (1997 avec Philippe Caubère)
Histoire d’une famille (2001)
La Part des Gens (2002)
Création en 1986, en association avec Jean-Louis Léone de la société de production
MELOCARTOON (S.A.R.L. au capital de 300.000 F.)
- Vice-Président de la Société des Réalisateurs de Films
- et Président du Festival des Premiers Films de 1990 à 1992.
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NOTE TECHNIQUE
Les films Les Enfants du Soleil, Ariane ou l’Age d’Or, Jours de Colère et Les Marches du Palais sont les quatre
premiers d’une série de 11 films qui aura pour titre : LE ROMAN D’UN ACTEUR.
L’intégrale de l’œuvre de Philippe Caubère a été filmée du mois de septembre au mois de décembre 1994 au
Théâtre de l’Athénée, pendant les représentations publiques et pendant les répétitions. Le format de tournage
choisi est le super 16 mm., la pellicule utilisée est de la Kodak 7293 (200 ASA), le laboratoire chargé de
l’ensemble des travaux est TELCIPRO (EX-MACHINA). Pendant les représentations publiques nous avons
tourné avec 3 caméras AATON XTR avec Time Code.
Deux caméras étaient cachées du public dans les loges de veuve d’avant-scène côté cour et côté jardin, et
camouflées derrière des tulles pour ne pas troubler le comédien. La caméra principale était installée dans une
cabine insonorisée, située sous le balcon à l’arrière du parterre. La distance entre cette caméra et le centre de la
scène était de 18 mètres. Les plans ont été filmés à l’aide d’un objectif spécialement préparé par Angénieux et
à la focale de 250 mm. La profondeur de champ (ou le droit à l’erreur de l’assistant au point) était de moins de
10 centimètres.
Dans les scènes de pénombre nous avons utilisé des objectifs à grande ouverture et là, il n’y avait plus de
profondeur de champ du tout.
Des plans particuliers ont été tournés pendant les répétitions où l’absence de public nous permettait d’installer
les caméras sur la scène, sur des praticables ou même sur un chariot de travelling.
Nous avons choisi de ne pas utiliser de micro-émetteur caché sur le comédien, le son a été enregistré à l’aide de
12 micros dissimulés sur l’ensemble de l’espace scénique et repris par trois magnétophones multipistes
numériques asservis au Time Code des caméras.
Pour chacun des spectacles nous avons filmé quatre représentations et une répétition. Nous avons impressionné
1000 magasins de 122 mètres de pellicule négative. Le montage image a été effectué sur système virtuel AVID
FILM COMPOSER et conformé traditionnellement en positif super 16 avant étalonnage et gonflage en 35 mm.
Le montage son a été préparé sur AVID AUDIOVISION, directement injecté dans une console automatisée
SSL chez AUDITEL lors du mixage qui a été réalisé en Dolby A.
Il y avait eu trois tournages en vidéo professionnelle pour préparer le découpage technique lors de la création
de l’intégrale du Roman d’un acteur en 1993 à Toulouse au théâtre Sorano, puis au Festival d’Avignon au
Cloître des Carmes et enfin en 1994 à Lille à La Métaphore.
Bernard Dartigues
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Hors compétition : “ Les Marches du palais ”
Philippe Caubère
dans la tribu cannoise
Le festival raconté par Molière. Une savoureuse rencontre du théâtre et du cinéma orchestrée par un comédien exceptionnel.
Vous croyez que le Festival de
Cannes, c’est la glorieuse montée des
marches et la vie de palace. Philippe
Caubère vous révèle toute la vérité dans
Les Marches du palais, nouveau
chapitre de son Roman d’un acteur.
Seul en scène et à l’écran comme
toujours depuis qu’il a quitté la troupe
du Théâtre du Soleil, il joue tous les
rôles, avec un savoureux mélange de
tendresse et de dérision : la chambre
surpeuplée de l’hôtel Annapurna, la
pizza Michelin qu’on attend trois
heures pour ne pas manger, le
producteur qui se voit ruiné et va
pathétiquement faire la manche rue
d’Antibes, l’attachée de presse
hystérique, les journalistes calamiteux
et les projections cauchemar. La réalité
cannoise, telle que le comédien l’a
vécue en venant présenter Molière
d’Ariane Mnouchkine, en 1978. Un
documentaire quasi ethnologique !
“ Vous ne croyez pas si bien dire,
avoue-t-il : j’ai choisi Bernard
Dartigues comme réalisateur après
avoir vu son documentaire sur une
gaveuse d’oie du Sud-Ouest. Je voulais
être filmé comme les pêcheurs, les
insectes, ou une tribu ignorée. Je
voulais un film à la Jean Rouch, avec
cette dimension anthropologique: voilà
ce que vit un acteur. ”
La présentation de Molière où
Caubère jouait le rôle-titre, a été un
échec cuisant. Mais aurait-on eu sans
cela ce Roman d’un acteur, à la fois
autobiographie
et
enquête
psychologique et sociale, folle
entreprise pour divertir les honnêtes
gens ?
“ Je crois, dit-il, qu’un destin de
comédien se fonde plus sur ses échecs
que sur ses succès, parce qu’il les porte
plus longtemps. J’ai pris deux claques
formidables, à Cannes, mais le cinéma
ne comptait pas vraiment pour moi, et
surtout à Avignon, avec Lorenzaccio.
Après quoi, l’idée d’une carrière
normale devenait dérisoire. Mais c’est
une chance puisque ça m’a poussé à
écrire ma vie, à inventer une autre
forme de représentation, un peu comme
dans Hamlet où les comédiens jouent
l’histoire qui vient de se vivre. ”
Après la belle cérémonie sérieuse
du cinquantenaire, Les Marches du
palais apporte à Cannes un facétieux
cadeau d’anniversaire : un miroir
ironique qui reflète le psychodrame du
festival.
“ Présenter le film ici, cette
année, est pour moi un acte poétique.
J’aime les héros exilés qui reviennent
vingt ans après ! Avec le recul, tout est
plus léger. Fellini avait raison, le
cinéma est un cirque, et Cannes, c’est
du concentré de cinéma. C’est la Foire
du Trône. Un cirque pas plus
antipathique qu’un autre, si on ne se
prend pas au sérieux. Je porte un
regard ironique sur les autres comme
sur moi. Me moquer de moi fait partie
du plaisir. Quand je joue le producteur
ou les critiques, je comprends leur
logique, et le regard qu’ils pouvaitent
porter sur cette espèce de criquet que
j’étais. ”
Les Marches du Palais, Molière à
Cannes, c’est aussi la rencontre du
théâtre et du cinéma, “ et je crois, dit
Philippe Caubère, qu’il y a quelque
chose de prémonitoire, que théâtre et
cinéma vont se retrouver. On va
renouer avec Les Enfants du Paradis,
Inventer ensemble de nouveaux jeux ”.
M.-N. T
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Un certain regard
Les Marches du Palais
de Bernard Dartigues, avec Philippe
Caubère : durée 2h15.
i la journée d’hier n’a pas brillé de
mille feux cinématographiques, la
programmation des Marches du
palais à Un certain regard aura au
moins permis aux festivaliers
cannois, en phase de fatigue
terminale, de prendre une vraie
bonne douche. Quatrième épisode,
sur les onze prévus, du Roman d’un
acteur de Philippe Caubère, cette
titanesque entreprise d’admirable
impudeur où le comédien déballe à
coeur ouvert sa vie d’artiste, Les
Marches du palais ne sont pas
tombées sur le festival par hasard :
son sujet même, c’est Cannes, dont
Caubère dépiaute les viscères avec
appétit,
truculence,
saine
méchanceté, pure et géniale folie.
Ce film, mis en scène par Bernard
Dartigues est le récit d’un retour sur
les lieux d’un “ crime” : l’assassinat
par la critique, voici vingt ans, du
Molière d’Ariane Mnouchkine,
vaste fresque historique et
intellectuelle qui, en 1977,
représentait la France en
compétition officielle. Caubère, qui
en tenait le rôle-titre, trouvait dans
ce Molière son premier grand rôle
de cinéma. Jeune et inexpérimenté,
il accompagna le film sur la
Croisette,
découvrant
dans
l’inconscience fébrile la violence
bestiale dont le festival est capable.
La mise à mort de Molière se
doubla d’une conséquence plus ou
moins directe : la fin de la
relation Philippe Caubère et
Ariane Mnouchkine.
Il s’agit donc d’une
tragi-comédie, qui relate un
drame profond mais le laisse
s’épanouir dans un champ de
rires. Car, chez l’ami Caubère,
on rit beaucoup, énormément.
On devait même dire : on
se bidonne, on s’éclate, on
se défoule et on se venge,
tous maxillaires déployés.
Seul sur la scène de son
“théâtre filmé ”, ainsi qu’il le
revendique
effrontément,
Caubère, en jeans et chemise
blanche, cartonne absolument
tout ce qui passe, depuis l’hôtelier
cannois type, dont il brosse le
portrait explosé et définitif jusqu’à
l’interviewer grossier, incapable de
mémoriser les noms (“ Vous êtes
donc ce Molière qui nous a tant
déçu
dans
le
film
d’Ariane-je-peux-pas-lire ”), en
passant par le photographe odieux,
prêt à tous les sadismes pour
s’assurer l’originalité de son cliché
(“Est-ce que vous pourriez grimper
à ce palmier et vous pendre ? Oui
c’est ça : continuez à me parler
avec ce regard mou ”)
Dans la succession de temps forts
qui constituent l’ahurissant défilé
caubérien, on a du mal à choisir un
favori : les tortillages empatouillés
d’un Claude Lelouch sommé de se
prononcer sur la longueur, très
contestée, de ce Molière maudit
dont il fut l’un des parrains
financiers ; l’endormissement du
spectateur à la soirée de gala ; la
lecture des critiques dans la presse
du lendemain matin, d’où émerge
une séquence d’anthologie à la
gloire du regretté Robert Chazal ;
l’intrusion
d’un
cinéphile
névropathe et névrogène qui veut
tourner un film en super 8 et enfin,
peut-être surtout., la recréation
magnifique d’un des plus grands
personnages du cinéma français,
Alexandre Mnouchkine, père
d’Ariane et producteur peu verni de
ce four grandiose, auquel les
Marches du palais est justement
dédié. “ Voî.s êtes l’image de ma
ruine”, explique-t-il au jeune
comédien éperdu. De retour à Paris
au terme de ce puissant désastre,
Ariane et Philippe (qui s’est travesti
sous l’identité de Ferdinand Faure),
mettront un terme à leur amitié,
occasion pour Caubère de
transfigurer son délire comique en
bouleversante oraison, qui fàit
littéralement jaillir des litres de sang
sur sa poitrine avant de finir à poil
dans une mer de fumigènes, tandis
que résonnent de fracassants bada
boums… Il ferme ainsi le ban d’une
première époque du Roman d’un
acteur, inaugurée par la rencontre
avec la pythie illuminée du Théâtre
du Soleil dans Ariane ou l’âge d’or.
Si, à l’image, Caubère dévore
naturellement
tout
espace
disponible, il ne faudrait pas tenir le
travail de celui qui le filme pour
négligeable. Artisanal mais juste, le
cinéma de Bernard Dartigues ne
confond jamais la discrétion avec
insignifiance.
Le shampoing neurologique auquel
Les Marches du palais nous
soumettent gifle en tout cas notre
passivité face à la machine
festivalière, nous plaçant face au
miroir à peine déformant de nos
ridicules et réveillant notre goût
d’en rire, très fort et très souvent.
Car ce très généreux torrent de
vannes finit par former un
métalangage du Festival de
Cannes. Pas seulement sa mise en
abyme, mais tout à la fois sa mise à
nu, son mode d emploi, son poison
et son antidote •
OLIVIER SEGURET
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Montée des marches pour
Ariane et Ferdinand ! En mai
1978,
Molière
est
sélectionné à Cannes. Triés
sur le volet, quelques
membres de la troupe du
Théâtre du Soleil descendent au
Festival. Ariane, Papi (Alexandre
Mnouchkine, le père d’Ariane),
Claude
(Claude
Lelouch,
coproducteur), Ferdinand (Philippe
Caubère), Jean-Claude, le copain, et
Clémence, l’amie de cœur... Sur la
Croisette, la galerie de personnages
s’enrichit d’Arlette, l’attachée de
presse, et de “ Monsieur Roger”,
maître d’hôtel hâbleur et pas futé d’un
établissement “ très chic très cher ”. Et
d’une foule de personnages comme on
n’en croise qu’à Cannes, et comme
Caubère sait si bien les faire vivre dans
Le Roman d’un acteur, son one-man
show autobiographique en onze
épisodes, filmés par Bernard Dartigues
pour le grand écran.
Après Les Enfants du Soleil, Ariane ou
l’Age d’or et Jours de colère, cette
saga unique rebondit avec un épisode
fou. Mais il faudrait tout citer : le petit
déjeuner
partageant
ses
et que Caubère caricature avec affection en
vieux prince ronchon tirant le diable par la
queue). Ou Claude Lelouch expliquant
gravement
l’échec
critique
du
film
(“ N’importe qui aurait fait quelque chose de
ce rôle; mais avec vous, c’est grandiose :
vous n’en faites absolument rien ! ”)
majeur. Vues par Caubère, ces quelques
journées
cannoises
sont
truffées
de
psychodrames désopilants. La présentation
de
Molière
catastrophique
aux
(lire
journalistes
ci-dessus),
a
et
été
la
Au monde déjà outré de Cannes
Caubère applique son propre sens de la
démesure, et c’est délirant. Qu’ajouter
de plus sur la prouesse du comédien ?
Dire qu’il se surpasse à nouveau serait
encore trop peu. Il est double, triple,
quadruple, il joue une pizzeria
encombrée à lui tout seul, mime les
attractions de la Croisette, la cohue des
photographes... Jusqu’à un final
poignant et grandiose de simplicité, ou,
après la déchirante séparation d’avec
Ariane, tel un animal qui ferait sa mue,
il se déshabille et renaît au monde.
Prodigieux !
Bernard Génin
conférence de presse qui suivit la projection,
cauche-mardesque. L’acteur en fait un
grand moment de non-sense burlesque à
Sur scène, Caubère se
dédouble, mime la cohue de la
Croisette, joue une pizzeria
bondée à lui tout seul...
d’Ariane,
mouillettes avec Papi (à qui le film est dédié,
pleurer de rire. Quiproquos, questions
stupides ou insolentes, journalistes qui
Français (2h20). Réalisation et montage Bernard
Dartigues. Scénario Philippe Caubère. Image Pascal
Caubère. Décors Sophie Comtet. Son Philippe Olivier.
Avec Philippe Caubère (Ferdinand Faure). Prod. et
distr. : La Comédie nouvelle.
écorchent son nom... l’acteur se retrouve
embarqué dans une véritable histoire de
Télérama N 2470 - 14 mal 1997
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PREMIÈRE Juin 1997
Q
Les aventures de Philippe
Caubère au festival de Cannes où
il était venu avec Ariane
Mnouchkine
en
l’an
1978
présenter le film Molière dont il
était le héros et qui s’y fit
assassiner. Soient les quatrièmes
aventures de la saga des spectacles
filmés de Caubère après Les
Enfants du Soleil, Ariane ou l’Age
d’or et Jours de colère.
Sous la Croisette, la plage.
Nous avons, ici même et à de
nombreuses reprises, écrit tout le
bien que nous pensions de Philippe
Caubère et de ses spectacles
énormes. Pour tout dire, la seule
réserve que nous pouvions faire aux
films qui en étaient tirés était leur
rapport assez lointain avec le
cinéma puisque à la base, c’était du
théâtre, et que les cinéphiles ont
une certaine tendance à la pinaille.
Ici, qu’ils se rassurent, nous voilà en
plein dans le sujet.
Extrêmement lucide, comme à
son habitude, et inégalablement
ludique, le témoignage que Philippe
apporte sur le sujet cannois peut tenir
lieu de documentaire, en plus d’être
un divertissement. Après avoir recréé,
dans ses précédents spectacles, la
véritable Ariane Mnouchkine, il
redonne vie ici à son papa, Alexandre,
mythique
producteur
français
embarqué par sa fille dans l’aventure
Molière et devenu, sous les traits de
Caubère, un des plus irrésistibles
personnages qu’on ait vu sur un
écran.
Avec son talent d’imitateur (le mot
est trop faible), Caubère campe avec
la même réussite un hôtelier cannois,
un patron de pizzeria mafieux, un
photographe pressé, un Claude
Lelouch, une attachée de presse et
autres habitués plus ou moins
pittoresques que le festival compte
dans ses rangs. S’il n’est pas toujours
tendre avec cette drôle de faune,
Caubère ne s’oublie pas non plus.
Rarement témoignage d’acteur sur le
monde
du
cinéma,
sur
son
interprétation dans un film et sur le film
lui-même fut aussi consciencieux.
“ N’importe quel acteur aurait fait
quelque chose avec ce rôle, lui dit
Lelouch par sa bouche, vous, rien. ”
Il est vrai qu’en relisant les critiques
de l’époque, le nom de l’interprète
principal de ce film de 4 heures (qui
fut, comme sa presse, un succès
mitigé) n’est pratiquement jamais
cité. Un oubli qu’il fait bon de réparer
parfois.
Deux détails pour terminer :
1) Il n’est pas nécessaire de
bien connaître Cannes ni de se
souvenir de Molière pour passer
deux heures et demie de joie pure.
2) S’il vous arrive parfois
d’oublier la fin des films, autant vous
prévenir que celle-ci, non.
DIASTEME.
ue représentait
Cannes pour
vous avant d’y aller ?
Franchement rien
du tout. Même le
cinéma ne
représentait rien du
tout. Ça a changé
depuis grâce à
Molière, mais mon
rêve, c’était le théâtre.
Je me voyais Gérard
Philipe, la Cour
d’honneur d’Avignon
; pour moi, c’était ça,
la gloire. Ce qui
ressort de mon film,
c’est que Cannes est
resté un truc des
années 50, 60, avec la
nostalgie de la
starlette en noir et
blanc avec le petit
maillot et les lunettes.
Pour moi, ça ne
représentait
absolument pas un
honneur ou une
consécration. Pour le
film, je trouvais cela
formidable. La Palme
d’or, les prix, je n’y
croyais pas trop, mais
je pensais qu’il y
aurait une
reconnaissance.
Et une fois sur
place ?
On était terrorisé
par cette atmosphère
d’hystérie frelatée.
Tout m’a paru
tellement ringard.
On avait l’impression
d’être à
Saint-Raphael, sur du
béton au mois de
juillet quand il y a
tous les touristes. Et
puis on ne connaissait
personne et, surtout,
on était des
mecs de base avec
des
problèmes
pour manger, se
garer ou dormir.
On n’avait pas
d’argent.
Et la montée des
marches ?
Chaque fois que
je vais au Palais des
Papes à Avignon,
j’ai le coeur qui bat,
là, ça ne me faisait
rien. Les gens
cherchaient
désespé-rément
des vedettes et
n’en trouvaient
pas, à part Claude
Lelouch
[coproducteur]. En
plus, Il y avait eu
cette projection de
presse calamiteuse
et I’on sentait que
le vent avait mal
tourné. Dun autre
côté, on rigolait
comme des fous,
c’était très
“ folklo ”.
Le film a été
éreinté par la
critique
et
ovationné après
par le public...
La projection
de presse etait
surréaliste, les
journalistes
criaient. Je me
demandais ce
qu’on avait fait de
si horrible. La
réaction du public
à Cannes, après, a
été importante
parce qu on s’est
dit “ Quand même,
on est pas
complètement
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PREMIÈRE Juin 1997
fou. ” Cannes a été un vrai cauchemar, un
cauchemar burlesque mais un cauchemar
quand même.
L.-A. E
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