LA CONJECTURE DE WHITEHEAD - REVISIT ´
EE PAR KUHN
GEOFFREY POWELL
1. AVERTISSEMENT
Ces notes sont bas´
ees exclusivement sur la lecture de la pr´
epublication r´
ecente
de Kuhn, [Kuh13]. Leur but est d’expliquer la relation entre le th´
eor`
eme principal,
Theorem 1.1 de [Kuh13], et la conjecture de Whitehead. (Sans avoir consult´
e les
sources d’orgine.)
La motivation pour le travail de Kuhn provient de l’article de Arone, Dwyer et
Lesh [ADL08] qui renvoie ´
egalement `
a des conjectures dans l’article de Arone et
Lesh [AL07]. Voir l’Introduction de [ADL08], pages 177-179.
En particulier, la notion des contracting homotopies est pr´
esente dans [AL07] et
dans l’article de Arone et Lesh [AL10] (voir la Section 2).
2. ´
EL´
EMENTS DE LA TH ´
EORIE DHOMOTOPIE STABLE
Rappeler que le foncteur suspension
Σ = S1∧ − :TT
est l’adjoint `
a gauche de Ω := Map(S1,). Le foncteur Σpasse `
a la cat´
egorie
homotopique point´
ee H. Le foncteur Σ : HHn’est pas une ´
equivalence
de cat´
egories, mais il poss`
ede des propri´
et´
es de stabilisation (cf. le th´
eor`
eme de
stabilisation de Freudenthal).
La cat´egorie d’homotopie stable SH est obtenue en inversant la suspension Σ, de
sorte qu’on obtienne un foncteur
Σ:HSH
et les propri´
et´
es suivantes sont v´
erifi´
ees :
Propri´et´es 2.1.
(1) La suspension induit une ´
equivalence de cat´
egories Σ : SH SH ;
(2) SH est une cat´
egorie additive, en particulier [,] := homSH (,)Ab
(cons´
equence de l’isomorphisme [X, Y ]
=2X, Σ2Y]) ;
(3) les notions de fibration et de cofibration co¨
ıncident dans SH .
Remarque 2.2.
(1) La cat´
egorie SH est la cat´
egorie homotopique associ´
ee `
a une structure de
mod`
eles sur la cat´
egorie des spectres. Le foncteur Σassocie `
a un espace
point´
eXson spectre des suspensions ΣX.
(2) La structure de mod`
eles est stable, donc SH est en fait une cat´egorie trian-
gul´ee, avec foncteur de d´
ecalage la suspension Σ : SH SH . Un triangle
distingu´e est isomorphe `
a un triangle de la forme
Xf//
4
Y
~~
Cf
``
1
2 GEOFFREY POWELL
o`
uCfest le mapping cˆone d’un morphisme f:XYentre spectres. (Cf. le
cas de la cat´egorie d´eriv´ee d’une cat´
egorie ab´
elienne.)
On dispose d’une adjonction :
Σ:HSH : Ω,
o`
uest le foncteur espace des lacets infinis.
Propri´et´es 2.3.
(1) Le foncteur Σest compatible avec les foncteurs suspension et il envoie les
suites cofibres sur des triangles distingu´
es ;
(2) le foncteur prend ses valeurs dans la cat´
egorie des espaces des lacets
infinis (ceci est presque la efinition !) ; en particulier, pour Eun spectre,
Eposs`
ede la structure d’un H-espace commutatif : il existe un produit
µ: Ω×EEqui est associatif et commutatif `
a homotopie pr`
es ;
(3) le foncteur envoie les triangles distingu´
es sur des fibrations multiplica-
tives : si FE1E2est une suite cofibre de spectres, alors
FE1E2
est une fibration d’espaces des lacets infinis.
Lemme 2.4. Pour Xun espace point´e et Eun spectre, [X, E]Hest un groupe
ab´elien.
D´emonstration. Cons´
equence imm´
ediate de l’adjonction ,).
D´efinition 2.5. Soit Q:= ΩΣ:HH.
Remarque 2.6.Il est un r´
esultat classique et fondamental que, lorsque l’espace
point´
eZest connexe par arcs, on peut donner une ecomposition stable de QZ.
Autrement dit, il existe une d´
ecomposition de ΣQZ en termes de foncteurs bien
compris. (Cf. le calcul de Goodwillie.)
En particulier, ceci permet de calculer explicitement H(QZ;Fp)comme fonc-
teur de H(Z;Fp). Ceci est un ingr´
edient essentiel des r´
esultats de [Kuh13].
3. LA CONJECTURE DE WHITEHEAD
Le point de d´
epart de la conjecture de Whitehead est le th´
eor`
eme de Dold-
Thom. Pour Xun espace topologique et nN, le n-i`
eme produit sym´
etrique
est le quotient :
SPn(X) := (Xn)/Sn.
Un point de base ∗ ∈ Xinduit SPn(X)SPn+1(X)et on d´
efinit le produit
sym´etrique infini :
SP(X) := lim
SPn(X).
Le th´
eor`
eme de Dold-Thom affirme que, si Xest un CW-complexe connexe, alors :
SP(X)'Y
i1
K(˜
Hi(X;Z), i),
est un espace d’Eilenberg-MacLane g´
en´
eralis´
e. En particulier, pour t1, on ob-
tient SP(St)'K(Z, t).
Pour Yun espace topologique, la diagonale YYninduit
Y×SPn(X)SPn(Y×X).
Ainsi, on peut construire un spectre `
a partir de la suite des espaces SPn(St)(ou
SP(St)), 0< t N, et donc un mod`
ele pour le spectre d’Eilenberg-Maclane HZ:
HZ'SP(S),
LA CONJECTURE DE WHITEHEAD - REVISIT ´
EE PAR KUHN 3
o`
uS:= ΣS0SH .
Remarque 3.1.Pour Aun groupe ab´
elien, le spectre d’Eilenberg-MacLane HA repr´
esente
la cohomologie singuli`
ere `
a coefficients Adans SH :
H(;A)
=[, HA]SH .
En particulier, on retrouve la caract´
erisation de HA :
π(HA)
=A= 0
0 sinon
Fixons un nombre premier p; la suite exacte courte de groupes ab´
eliens Zp
ZFpinduit un triangle distingu´
e
HZp
HZHFp,
tel que, en appliquant π0on retrouve la suite exacte courte.
Par d´
efinition de l’alg`
ebre de Steenrod modulo p, on a HF
p(HFp) = A. La suite
exacte longue associ´
ee au triangle montre que
HF
p(HZ)
=A/Aβ,
o`
uβest le Bockstein. La filtration par la longueur de l’alg`
ebre de Steenrod Ainduit
une filtration de A/Aβ.
Cette filtration est d’origine g´
eom´
etrique : elle est introduite par la filtration de
SP(S)
. . . SPn(S)SPn+1(S). . . SP(S),
en prenant la restriction aux termes de la forme SPpk(S).
Remarque 3.2.Mitchell et Priddy [MP83] consid`
ere ´
egalement le morphisme
diagonal SPpk(S)SPpk+1 (S); ceci ne correspond pas `
a la filtration par la longueur.
En cohomologie, la suite des morphismes
SSPp(S). . . SPpk(S)SPpk+1 (S). . . SP(S)'HZ
induit la filtration par la longueur (calculs de Nakaoka). En particulier, en homolo-
gie, le morphisme :
(HFp)(SPpk(S)) (HFp)(SPpk+1 (S))
est un monomorphisme. Par contre, en homotopie, on a :
Conjecture 3.3 (Conjecture de Whitehead).Pour >0, le morphisme π(SPpk(S))
π(SPpk+1 (S)) est 0.
Remarque 3.4.Le th´
eor`
eme d’Hurewicz montre que ces morphismes ne peuvent
pas ˆ
etre triviaux en degr´
e0.
La conjecture peut ˆ
etre reformul´
ee `
a l’aide des spectres L(k):
D´efinition 3.5. Soient L(0) := Set, pour k1,
L(k) := ΣkCofibre(SPpk1(S)SPpk(S))
de sorte qu’on dispose d’un triangle distingu´
e :
SPpk1(S)//
4
SPpk(S)
zz
ΣkL(k)
ee
4 GEOFFREY POWELL
On obtient alors le morphisme L(k+ 1) δk
L(k)comme la compos´
ee
L(k+ 1) ΣkSPpk(S)L(k)
et donc le ‘complexe’ . . . L(3) L(2) L(1) L(0) HZ`
a partir du
diagramme suivant
. . . δ3//L(3) δ2//
%%
4
L(2) δ1//
4
%%
L(1)
δ0
&&
4
Σ3SPp3(S)
99
Σ2SPp2(S)
99
ooΣ1SPp(S)
oo
99
L(0) = S
oo
δ1
L(1) := HZ,
o`
u, par construction, δkδk+1 = 0.
Remarque 3.6.La conjecture de Whitehead est alors ´
equivalente `
a l’exactitude du
complexe
. . . L(3) L(2) L(1) L(0) L(1) := HZ
en groupes d’homotopie p-locaux. (Le HZest n´
ecessaire puisque δ0est trivial en
π0.)
Remarque 3.7.Par les r´
esultats de Mitchell et Priddy [MP83] (cf. ´
egalement l’ap-
proche de Arone et Dwyer [AD01]), il existe une description alternative de L(k).
En utilisant l’idempotent de Steinberg on d´
efinit l’espace L1(k)comme facteur direct
de l’espace de Thom (BVk)ρk, o `
uVkest un p-groupe ab´
elien ´
el´
ementaire de rang
ket ρkest la repr´
esentation r´
eguli`
ere de Vk. Alors, pour k1,
ΣL(k)'ΣL1(k)
dans SH . (Puisque ρkcontient une repr´
esentation triviale, (BVk)ρkest une sus-
pension, donc L1(k)est un co-H-espace.)
Remarque 3.8.Le morphisme δk:L(k+ 1) L(k)est essentiellement unique, car
on sait calculer
[L(k+ 1), L(k)]
=Zp
`
a l’aide de la conjecture de Segal.
De plus, on peut montrer que [L(k+2), L(k)] = 0. Ainsi, on n’a pas besoin d’uti-
liser la construction explicite des morphismes δk; Kuhn fournit une caract´
erisation
explicite de ces morphismes en termes de l’homologie modulo p.
4. NOTIONS DEXACTITUDE
Il existe des notions g´
en´
erales de r´esolution dans les cat´
egories triangul´
ees, dont :
les r´
esolutions d’Adams ;
les r´
esolutions d’Adams relatives (cf. [Mil81]).
On peut les consid´
erer dans le contexte g´
en´
eral de l’alg`
ebre homologique relative ;
en se donnant une classe de I-injections.
Dans le cas actuel, on consid`
ere une ‘r´
esolution’ de la forme
. . . δ3
E3
δ2
E2
δ1
E1
δ0
E0
δ1
E1
telle que δkδk+1 = 0.
D´efinition 4.1. Un morphisme FEest I-injectif si le morphisme F
Eadmet un r´
etracte dans H, en particulier, il est un monomorphisme (au
sens cat´
egorique) de H.
LA CONJECTURE DE WHITEHEAD - REVISIT ´
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Consid´
erons un diagramme commutatif de SH de la forme suivante :
Ek+1
δk//
πk
""
4
Ek
πk1
""
δk1//
4
Ek1
Fk+1
ιk+1 ;;
Fk
ιk
>>
ooFk1,
ιk1;;
oo
(1)
o`
u les triangles 4sont distingu´
es.
En appliquant le foncteur on obtient le diagramme commutatif
Ek+1
dk//
pk
%%
Ek
pk1
%%
dk1//Ek1
Fk+1
ik+1 88
Fk
ik
::
Fk1,
ik188
(2)
o`
u
Fk+1 Ek+1 Fk
FkEkFk1
sont des fibrations d’espaces des lacets infinis.
Le r´
esultat suivant permet d’utiliser une homotopie de chaˆınes afin de montrer
par r´
ecurrence que les morphismes FkEksoient I-injectifs.
Proposition 4.2. Dans la situation d´ecrite par le diagramme (1) et son diagramme associ´e
(2), supposer en outre que :
(1) ik: ΩFkEkadmet un r´etracte dans H;
(2) il existe morphismes sj: ΩEjEj+1 pour j∈ {k, k + 1}tel que
dksk+sk1dk1= 1Ek
dans H.
Alors, le morphisme tk: ΩFkEk+1 d´efini par tk:= skikest une section de pk
dans H.
Donc la fibration d’espaces des lacets infinis :
Fk+1 ik+1
//Ek+1 pk//Fk
tk
ww
est scind´ee, en particulier Ek+1 'Fk+1 ×Fket le morphisme ik+1 admet un
r´etracte.
D´emonstration. Le point essentiel est que tkest une section de pk; les autres r´
esultats
en d´
ecoulent imm´
ediatement.
Puisque ikadmet un r´
etracte, il est un monomorphisme (au sens cat´
egorique)
de H, donc il suffit de montrer que ik(pktk) = ikdans H. Par commutativit´
e du
diagramme (2), ikpk=dket, par d´
efinition, tk=skik, donc
ik(pktk) = dkskik=iksk1dk1ik
par l’hypoth`
ese dksk+sk1dk1= 1Ek. Enfin, dk1ikest trivial dans H, d’o `
u
le r´
esultat.
Remarque 4.3.L´
equivalence Ek+1 'Fk+1×Fkn’est pas une ´
equivalence
d’espaces des lacets infinis. En particulier, on ne dispose pas d’une d´
ecomposition
de Ek+1 en coproduit de Fk+1 et Fkdans SH en g´
en´
eral.
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