Exo7
Espaces préhilbertiens
Exercices de Jean-Louis Rouget. Retrouver aussi cette fiche sur www.maths-france.fr
* très facile ** facile *** difficulté moyenne **** difficile ***** très difficile
I : Incontournable
Exercice 1 *** I Polynômes de LEGENDRE
Soit E=R[X]. On munit Edu produit scalaire P|Q=R1
1P(t)Q(t)dt.
1. Pour nN, on pose Ln=(X21)n(n).
(a) Montrer que la famille (Ln)nNest une base orthogonale de l’espace préhilbertien (E,|).
(b) Déterminer kLnkpour nN.
2. Déterminer l’orthonormalisée de SCHMIDT de la base canonique de E.
Correction H[005772]
Exercice 2 *** I
Soit E=R[X]. Pour (P,Q)E2, on pose ϕ(P,Q) = R+
0P(t)Q(t)etdt. Pour nN, on pose hn= (XneX)(n)eX.
1. Montrer que ϕest un produit scalaire sur E.
2. (a) Pour nN, préciser les coefficients de hn. Montrer que la famille (hn)nNest une base de E.
(b) Montrer que la famille (hn)nNest une base orthogonale de l’espace préhilbertien (E,ϕ).
(c) Pour nN, déterminer khnk. En déduire une base orthonormée de l’espace préhilbertien (E,ϕ).
Correction H[005773]
Exercice 3 ** I Polynômes de TCHEBYCHEV
Soit E=R[X]. Pour (P,Q)E2, on pose ϕ(P,Q) = R1
1
P(t)Q(t)
1t2dt. Pour nN, on note Tnle n-ème polynôme
de TCHEBYCHEV de première espèce c’est-à-dire l’unique polynôme tel que θR,Tn(cosθ) = cos(nθ).
1. Montrer que ϕest un produit scalaire sur E.
2. (a) Montrer que (Tn)nNest une base orthogonale de l’espace préhilbertien (E,ϕ).
(b) Pour nN, déterminer kTnk.
Correction H[005774]
Exercice 4 ** I
On note El’ensemble des suites réelles de carrés sommables c’est-dire les suites réelles (un)nNtelles que
+
n=0u2
n<+.
1. Montrer que Eest un R-espace vectoriel.
2. Pour (u,v)E2, on pose ϕ(u,v) = +
n=0unvn. Montrer que ϕest un produit scalaire sur E.
1
Correction H[005775]
Exercice 5 * I
Soit Φl’application qui à deux matrices carrées réelles Aet Bde format nassocie Tr(tA×B). Montrer que Φ
est un produit scalaire sur Mn(R). Est ce que Φest un produit scalaire sur Mn(C)?
Correction H[005776]
Exercice 6 ****
Soit Eun R-espace vectoriel muni d’une norme, notée k k, vérifiant l’identité du parallélogramme. Montrer
que cette norme est hilbertienne.
Correction H[005777]
Exercice 7 **
Soit Eun espace préhilbertien réel et (e1,...,en)une famille de nvecteurs unitaires de E(nN) telle que pour
tout vecteur xde E, on ait kxk2=n
k=1(x|ek)2. Montrer que la famille (e1,...,en)est une base orthonormée de
E.
Correction H[005778]
Exercice 8 ***
Soit fune fonction continue sur [0,1], non nulle à valeurs réelles positives. Pour Pet Qpolynômes donnés, on
pose Φ(P,Q) = R1
0f(t)P(t)Q(t)dt.
1. Montrer que Φest un produit scalaire sur R[X].
2. Montrer qu’il existe une base orthonormale (P
n)nNpour Φtelle que, pour tout entier naturel n, deg(P
n) =
n.
3. Soit (P
n)nNune telle base. Montrer que chaque polynôme P
n,nN, a nracines réelles simples.
Correction H[005779]
Exercice 9 *** I Matrices et déterminants de GRAM
Soit Eun espace préhilbertien réel.
Pour nNet (x1,...,xn)dans En, on pose G(x1,...,xn) = (xi|xj)16i,j6n(matrice de GRAM) puis γ(x1,..., xn) =
det(G(x1,...,xn)) (déterminant de GRAM).
1. Montrer que rg(G(x1,...,xn)) = rg(x1,...,xn).
2. Montrer que la famille (x1,...,xn)est liée si et seulement si γ(x1,...,xn) = 0 et que la famille (x1,...,xn)
est libre si et seulement si γ(x1,...,xn)>0.
3. On suppose que la famille (x1,...,xn)est libre dans E. On pose F=Vect(x1,...,xn). Pour xE, on
note pF(x)la projection orthogonale de xsur Fpuis d(x,F)la distance de xàF(c’est-à-dire d(x,F) =
kxpF(x)k2). Montrer que d(x,F) = qγ(x,x1,...,xn)
γ(x1,...,xn).
Correction H[005780]
Retrouver cette fiche et d’autres
exercices de maths sur
exo7.emath.fr
2
Correction de l’exercice 1 N
Soit nN. Posons `n= (X21)nde sorte que Ln=`(n)
n.Lnest un polynôme de degré ncar `nest de degré 2n.
1. (a) Soient nNet PE. Une intégration par parties fournit
(Ln|P) = R1
1Ln(x)P(x)dx =R1
1(`n)(n)(x)P(x)dx =
(`n)(n1)(x)P(x)1
1R1
1(`n)(n1)(x)P0(x)dx.
Maintenant, 1 et 1 sont racines d’ordre ndu polynôme `net donc, pour tout k[[0,n]],1 et 1
sont racines d’ordre nkde `(k)
net en particulier racines de (`n)(kpour k[[0,n1]]. Donc
(Ln|P) = R1
1(`n)(n1)(x)P0(x)dx.
Plus généralement, si pour un entier k[[0,n1]],(Ln|P) = (1)kR1
1(`n)(nk)(x)P(k)(x)dx alors
(Ln|P) = (1)kh(`nk1
n(x)P(k)(x)i1
1Z1
1
(`n)(nk1)(x)P(k+1)(x)dx
= (1)k+1Z1
1
(`n)(nk1)(x)P(k+1)(x)dx.
On a montré par récurrence que pour tout entier k[[0,n]],(Ln|P)=(1)kR1
1(`n)(nk)(x)P(k)(x)dx.
En particulier
(Ln|P) = (1)nR1
1`n(x)P(n)(x)dx =R1
1(1x2)nP(n)(x)dx/quad().
Cette dernière égalité reste vraie pour n=0 et on a montré que
nN,PR[X],(Ln|P) = R1
11x2nP(n)(x)dx.
Soient alors net pdeux entiers naturels tels que 0 6p<n. Puisque deg(Lp) = p<n, on a (Ln|Lp) =
0. On a montré que
La famille (Lk)06k6nest une base orthogonale de l’espace (R[X],|).
(b) On applique maintenant la formule ()dans le cas particulier P=Ln. On obtient
kLnk2=Z1
11x2nL(n)
n(x)dx =2×(2n)!Z1
0
(1x2)ndx =2×(2n)!Z0
π/2
(1cos2t)n(sint)dt
=2×(2n)!Zπ/2
0
sin2n+1t dt =2×(2n)!W2n+1(intégrales de WALLIS).
On « sait »que nN,W2n+1=2n
2n+1W2n1=(2n)×(2n2)×...×2
(2n+1)×(2n1)×...×3W1=22nn!2
(2n+1)!. On obtient alors
kLnk2=22nn!2
(2n+1)!×2×(2n)!=22n+1n!2
2n+1,
nN,kLnk=q2
2n+1
2nn!
2n+1.
On en déduit que la famille q2n+1
2
1
2nn!LnnN
est une base orthonormale de (R[X],|). Pour
nN, on pose P
n=q2n+1
2
1
2nn!(X21)n(n).
2. La famille (P
n)nNest une base de orthonormée de R[X]. Chaque P
n,nN, est de degré net donc,
nN, Vect(P
0,...,P
n) = Vect(1,X,...,Xn)et de plus, pour nN
P
n|Xn=1
dom ((P
n)|dom(P
n)Xn) = 1
dom(P
n)(P
n|P
n)
3
car P
n(P
0,...,P
n1)= (1,X,...,Xn1)= (Rn1[X]). Ceci montre que P
n|Xn>0.
L’orthonormalisée de la base canonique de R[X]est la famille des polynômes de LENGENDRE
q2n+1
2
1
2nn!(X21)n(n)nN
.
Correction de l’exercice 2 N
1. Soient Pet Qdeux polynômes. La fonction t7→P(t)Q(t)etest continue sur [0,+[et est négligeable
en +devant 1
t2d’après un théorème de croissances comparées. Donc la fonction t7→ P(t)Q(t)etest
intégrable sur [0,+[et ϕ(P,Q)existe dans R.
La symétrie, la bilinéarité et la positivité de l’application ϕsont claires. De plus, pour PE,
ϕ(P,P) = 0Z+
0
P2(t)etdt =0
⇒ ∀t[0,+[,P2(t)et=0(fonction continue positive d’intégrale nulle)
⇒ ∀t[0,+[,P(t) = 0P=0(polynôme ayant une infinité de racines).
Ainsi, la forme ϕest définie et finalement
l’application ϕest un produit scalaire sur E.
2. (a) Soit nN. La formule de LEIBNIZ permet d’écrire
(XneX)(n)eX=n
k=0n
k(Xn)(nk)(eX)(k)eX=n
k=0(1)kn
kn!
k!Xk.
En particulier, nN, deg(hn) = n(et dom(hn) = (1)n) et on sait que
la famille (hn)nNest une base de R[X].
(b) Soient PEet nN. Soit A>0. Les deux fonctions t7→(tnet)(n1)et Psont de classe C1sur le
segment [0,A]. On peut donc effectuer une intégration par parties et on obtient
RA
0P(t)hn(t)etdt =RA
0P(t)(tnet)(n)dt =P(t)(tnet)(n1)A
0RA
0P0(t)(tnet)(n1)dt
Maintenant, (tnet)(n1)peut s’écrire Q(t)etQest un polynôme et donc P(t)(tnet)(n1)(t)
tend vers 0 quand ttend vers +d’après un théorème de croissances comparées. D’autre part, la
formule de LEIBNIZ montre que le polynôme Qa une valuation au moins égale à 1. On en déduit
que la fonction t7→ P(t)(tnet)(n1)(t)s’annule en 0. En faisant tendre Avers +, on obtient
R+
0P(t)hn(t)etdt =R+
0P0(t)(tnet)(n1)dt.
De manière générale, pour 0 6k6n, les remarques précédentes s’appliquent à la fonction t7→
P(k)(t)(tnet)(nk)et par récurrence on obtient
k[[0,n]],R+
0P(t)hn(t)etdt = (1)kR+
0P(k)(t)(tnet)(nk)dt.
En particulier, pour k=non obtient R+
0P(t)hn(t)etdt = (1)nR+
0P(n)(t)tnetdt. Cette égalité
reste vraie quand n=0 et on a montré que
PR[X],nN,ϕ(P,hn) = R+
0P(t)hn(t)etdt = (1)nR+
0P(n)(t)tnetdt.
En particulier, si nNet deg(P)<n, on a P(n)=0 et donc ϕ(P,hn) = 0. Ainsi, nN,hn
(Rn1[X]). Puisque nN, deg(hn) = n, on en déduit en particulier que nN,k[[0,n1]],
ϕ(hn,hk) = 0 et on a montré que
4
la famille (hn)nNest une base orthogonale de l’espace préhilbertien (R[X],ϕ).
(c) Soit nN. Puisque deg(hn) = net dom(hn) = (1)n, on a h(n)
n= (1)nn!. La question précédente
fournit alors
khnk2= (1)nR+
0h(n)
n(t)tnetdt =n!R+
0tnetdt =n!Γ(n+1) = n!2,
et donc khnk=n!. Par suite,
la famille 1
n!hnnNest une base orthonormale de l’espace préhilbertien (R[X],ϕ).
Correction de l’exercice 3 N
1. Soit (P,Q)E2. L’application t7→ P(t)Q(t)
1t2est continue sur ]1,1[. Ensuite, l’application t7→ P(t)Q(t)
1+t
est bornée au voisinage de 1 car continue en 1 et donc quand ttend vers 1, P(t)Q(t)
1t2=P(t)Q(t)
1+t×1
1t=
O1
1t. Puisque 1
2<1, on en déduit que l’application t7→ P(t)Q(t)
1t2est intégrable sur un voisinage de 1
à gauche. De même, quand ttend vers 1, P(t)Q(t)
1t2=O1
1+tet l’application t7→ P(t)Q(t)
1t2est intégrable
sur un voisinage de 1 à droite. Finalement, l’application t7→ P(t)Q(t)
1t2est intégrable sur ]1,1[et
ϕ(P,Q)existe.
La symétrie, la bilinéarité et la positivité de ϕsont claires. De plus, pour PE,
ϕ(P,P) = 0Z1
1
P2(t)
1t2dt =0
⇒ ∀t]1,1[,P2(t)
1t2=0(fonction continue, positive, d’intégrale nulle)
⇒ ∀t]1,1[,P(t) = 0P=0(polynôme ayant une infinité de racines).
Ainsi, l’application ϕest définie et finalement
l’application ϕest un produit scalaire sur E.
2. (a) Soit (n,p)N2. En posant t=cosθ, on obtient
ϕ(Tn,Tp) = R1
1
Tn(t)Tp(t)
1t2dt =R0
π
Tn(cosθ)Tp(cosθ)
1cos2θ(sinθdθ) = Rπ
0cos(nθ)cos(pθ)dθ.
Si de plus, n6=p,
ϕ(Tn,Tp) = 1
2Rπ
0(cos((n+p)θ) + cos((np)θ)) dθ=1
2hsin((n+p)θ)
n+p+sin((np)θ)
npiπ
0=0.
Ainsi, la famille (Tn)nNest orthogonale. De plus, on sait que nN, deg(Tn) = net on a donc
montré que
la famille (Tn)nNest une base orthogonale de l’espace préhilbertien (E,ϕ).
(b) Soit nN. Quand p=n, la formule précédente fournit
kTnk2=1
2Rπ
0(1+cos(2nθ)) dθ=πsi n=0
π
2si n>1,
et donc
nN,kTnk=πsi n=0
pπ
2si n>1.
5
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !