Prise en charge de l’hypotension orthostatique
MISE AU POINT
18
DOSSIER
AMC pratique n°232 novembre 2014
par le gastroentérologue. Les troubles de
la sudation sont fréquents et on constate
une hypersudation au niveau des zones non
encore « dénervées », pour compenser en
quelque sorte l’absence de sudation des
zones dénervées. Il y fait suite une anhi-
drose avec une intolérance à la chaleur par
défaut de la régulation thermique. Une
anémie fait partie du tableau, témoignant
indirectement du rôle du sympathique dans
l’érythropoïèse [21]. Enfin, s’agissant le plus
souvent de maladies neurologiques, c’est
dans le cadre du bilan initial ou du suivi
de ces affections que l’hO neurogène sera
recherchée.
Hormis la rare pandysautonomie aiguë
(réversible), les dysautonomies évoluent
lentement. C’est le cas notamment pour la
symptomatologie cardiovasculaire. La neu-
ropathie autonome cardiaque, qui marque
la sévérité du diabète, doit être recher-
chée systématiquement. La neuropathie
autonome cardiaque peut être considérée
comme un marqueur de risque de morta-
lité totale et de morbi-mortalité cardio-
vasculaire [22]. Comme on le comprend
facilement, l’atteinte des efférences auto-
nomes réduit la composante nerveuse de
la variabilité tensionnelle tout en limitant
les capacités régulatrices. Ainsi, on observe
une réduction de la sensibilité du baroré-
flexe avec moins de variations de FC en
réponse aux variations de PA [18]. La FC de
repos augmente et la variabilité de celle-ci
diminue, rendant le pouls quasiment fixe.
L’absence d’accélération orthostatique de la
FC est un signe important de dysautonomie.
La dénervation vagale précède l’atteinte
sympathique et l’hO qui relève de la déner-
vation sympathique vasculaire est en géné-
ral tardive chez le diabétique. Le rythme
circadien de la PA est inversé comme dans
toutes les dysautonomies. Une batterie de
tests apprécie la dénervation autonome
(respiration profonde, orthostatisme actif,
épreuve de Valsalva).
Les maladies neuro-dégénératives consti-
tuant les synucléinopathies sont fréquentes
et peuvent être compliquées d’une atteinte
neurologique centrale. La forme la plus pure
(ORPHA441 sur le site Orphanet) a plusieurs
dénominations : dysautonomie pure, dysau-
Les dysautonomies
Comme leur nom l’indique les dysautono-
mies affectent le système nerveux auto-
nome, en l’occurrence le système efférent
ou système effecteur, qui comprend le para-
sympathique et le sympathique. Le terme ne
préjuge pas du siège des lésions nerveuses,
périphérique ou central. On distingue parmi
ces formes d’hO dites neurogènes :
– des dysautonomies secondaires, périphé-
riques correspondant à des neuropathies
le plus souvent dues à un diabète [18] en
sachant qu’il en existe bien d’autres (amy-
loses, insuffisance rénale [19], syndromes
paranéoplasiques, dysautonomies d’origine
auto-immune, infectieuse, médicamen-
teuse),
– des dysautonomies primitives [20] qui
font le plus souvent partie des synucléi-
nopathies caractérisées par l’accumulation
dans les neurones ou les cellules gliales d’al-
pha-synucléine comme dans la maladie de
Parkinson, la démence à corps de Lewy ou
les atrophies multisystématisées.
Nous mettrons à part les hO secondaires
à des lésions médullaires résultant d’une
carence en vitamine B12, d’une sclérose en
plaques, d’une sclérose latérale amyotro-
phique ainsi que les tumeurs médullaires et
bien sûr les sections spinales d’origine trau-
matique qui déconnectent les efférences
sympathiques spinales des centres de com-
mande bulbaires. L’inclinaison est alors mal
tolérée avec survenue d’hO.
Les signes d’appel sont multiples car le sys-
tème nerveux autonome contrôle nombre
de fonctions végétatives. Une incontinence,
un déficit sexuel peuvent orienter vers
l’urologue, l’andrologue ou le gynécolo-
gue et l’exploration urodynamique s’avè-
rera nécessaire. Ce sont parfois les premiers
symptômes. Des troubles de la vue tels
qu’une pupille dilatée, des troubles de l’ac-
commodation ou une chute des paupières
(ptosis) peuvent amener à consulter un
ophtalmologiste. Le ptosis relève du défi-
cit sympathique alors que la pupille dila-
tée et le trouble de l’accommodation sont
de nature vagale (déficit cholinergique).
L’atteinte gastrique (gastroparésie) peut
justifier un examen manométrique pratiqué