R E V U E Céphalées associées aux crises comitiales : une pathologie encore peu connue et reconnue ■ Les céphalées associées aux crises comitiales n’ont, jusqu’à présent, fait l’objet que de très peu de publications, et le peu d’attention qui leur est portée explique leur absence au sein de la classification des céphalées de l’IHS. Dans cet article, les auteurs ont interrogé 110 patients épileptiques ; 47 (43 %) avaient des céphalées associées à leurs crises et, chez 43 d’entre eux, il s’agissait exclusivement de céphalées postictales. Seize patients supplémentaires avec des céphalées postictales ont été ajoutés à ce groupe, afin qu’il ait une taille comparable à celle du groupe des patients épileptiques sans céphalées. Les deux groupes ne différaient pas pour la localisation de la zone épileptogène ou le nombre de médicaments antiépileptiques. Les céphalées postictales s’observaient aussi bien après des crises focales que généralisées. Leur durée était supérieure à 4 heures chez 62,5 % des patients, et leur intensité était considérée comme modérée à sévère par 80 %. Ces céphalées étaient classées comme crises migraineuses chez 34 % des patients, céphalées de tension chez le même pourcentage, et inclassables chez 21 %. Chez tous les patients souffrant par ailleurs de migraine, les céphalées postictales étaient de type migraineux. Aucun patient n’avait de prescription spécifique pour ces céphalées. Commentaires. Ce travail souligne que les céphalées postictales sont un problème sousestimé par les neurologues. Compte tenu de leur fréquence chez les patients épileptiques et de leur sévérité non négligeable, il convient de les rechercher systématiquement, et des essais cliniques spécifiques s’y rapportant seraient bienvenus. Les céphalées postictales ne représentent qu’un des aspects des liens complexes qui existent entre migraine et épilepsie. H. Massiou, service de neurologie, hôpital Lariboisière, Paris. ✔ Förderreuther S, Henkel A, Noachtar S, Straube A. Headache associated with epileptic seizures : epidemiology and clinical characteristics. Headache 2002 ; 42 : 649-55. Vérapamil en traitement préventif de la migraine hémiplégique sporadique ■ Quatre patients atteints de migraine hémiplégique sporadique ont reçu de 120 à 360 mg par jour de vérapamil pendant 12 mois. Les résultats ont été positifs avec disparition des crises chez deux patients et réduction de plus de 50 % de la fréquence des crises chez un patient. Un patient a dû arrêter le vérapamil en raison de sensations d’oppression thoracique, alors que la fréquence des crises avait diminué. 10 D E P R E Commentaires. Le traitement des migraines hémiplégiques (sporadiques ou familiales) reste fondé sur de petites études ouvertes comme celle-ci, car la faible prévalence de cette affection et la faible fréquence des crises chez la plupart des patients ne permettent pas la réalisation d’études contrôlées. Cette étude a le mérite de suggérer l’efficacité du vérapamil en traitement préventif. Il faut noter que le vérapamil i.v. a été utilisé avec succès par la même équipe en traitement de crise chez deux patients. A. Ducros, Urgences céphalées, hôpital Lariboisière, Paris. ✔ Yu W, Horowitz SH. Treatment of sporadic hemiplegic migraine with calcium-channel blocker verapamil. Neurology 2003 ; 60 (1) : 120-1. Identification du second gène de la migraine hémiplégique familiale : une pompe Na+/K+ ■ Deux mutations du gène ATP1A2, localisé sur le chromosome 1q21, ont été identifiées dans deux familles italiennes atteintes de migraine hémiplégique familiale pure. Ce gène code pour la sous-unité α2 d’une pompe Na+/K+ ATP-dépendante. Cette protéine membranaire est fortement exprimée dans les neurones, les astrocytes et les cellules musculaires. Il s’agit d’une pompe qui utilise l’énergie de l’ATP pour faire entrer contre les gradients transmembranaires du K+ dans la cellule en échange de Na+. Elle intervient dans le maintien du potentiel membranaire. Les analyses électrophysiologiques ont démontré que les deux mutations étaient responsables d’une haploinsuffisance, les sousunités mutées étant non fonctionnelles. Commentaires. Ces données confirment que la migraine hémiplégique familiale est liée à une perturbation des flux ioniques membranaires neuronaux avec hyperexcitabilité. Le premier gène identifié était un canal calcique neuronal dont les mutations entraînent une augmentation du Ca++ intracellulaire. Le second gène est donc une pompe Na+/K+. AD ✔ De Fusco M, Marconi R, Silvestri L et al. Haploinsufficiency of ATP1A2 encoding the Na+/K+ pump alpha-2 subunit associated with familial hemiplegic migraine type 2. Nature Genet 2003 ; 33 : 192-6. R E V U E D E S Y N T H È S E Prophylaxie des crises de migraine menstruelle par les triptans : est-ce rationnel ? ■ Les menstruations sont un facteur déclenchant fréquent et prévisible des crises de migraine. Lorsque les traitements de crise usuels sont inefficaces, l’utilisation de traitements prophylactiques sur une période courte peut être proposée. Cela a été validé avec les AINS et l’administration percutanée S S E d’estrogènes. Les études sont moins convaincantes pour les dérivés de l’ergot de seigle, la supplémentation en magnésium, la bromocriptine. Récemment, des études ouvertes signalent l’intérêt de l’utilisation des triptans dans la prophylaxie de la migraine menstruelle. Cependant, la réalisation d’essais thérapeutiques dans le cadre de la migraine menstruelle soulève plusieurs problèmes : tout d’abord celui des critères temporels utilisés pour définir la période menstruelle. La définition le plus couramment utilisée couvre la période des deux jours précédant les règles et des trois premiers jours des règles. En utilisant cette définition, 60 % des migraineuses ont une recrudescence de leur crise en période menstruelle. Deuxième problème, celui de l’authenticité du diagnostic. La période des menstruations étant associée à une représentation péjorative et à une multiplicité de symptômes, il existe de la part des patientes un diagnostic par excès de migraine menstruelle. Ce diagnostic nécessite donc l’authentification de crises menstruelles sur plusieurs cycles sur un agenda prospectif. L’utilisation des triptans a été proposée en raison d’une réputation de plus grande sévérité des crises menstruelles. Pourtant, cela n’a pas été démontré. La seule étude dont on dispose, réalisée en population générale, a montré que les crises menstruelles sont plus intenses les deux premiers jours des règles, mais la différence est faible. La réputation de sévérité de la migraine menstruelle peut être due à la plus grande sévérité de la migraine menstruelle en population consultante, par rapport à la population générale. L’utilisation prophylactique des triptans dans cette indication soulèvera le problème de leur tolérance, de leur efficacité et de leur coût. Leur tolérance n’a été étudiée que lorsqu’ils sont utilisés de façon ponctuelle. Se posera aussi le problème éventuel de l’induction de céphalées par abus médicamenteux. En matière d’efficacité, citons une étude ouverte publiée en 1998, rapportant l’efficacité de 25 mg trois fois par jour de sumatriptan oral, car prévenant les crises dans 52 % des périodes traitées. En revanche, un essai thérapeutique en double aveugle versus placebo n’a pas confirmé ces premiers résultats : la comparaison de deux dosages de naratriptan (1 et 2,5 mg deux fois par jour) avec le placebo, pendant 5 jours, n’a démontré une efficacité qu’à la dose de 1 mg. Il n’y avait pas d’amélioration du handicap fonctionnel. Outre les problèmes de l’efficacité et de la tolérance se posera celui du coût, rendant nécessaire la réalisation d’essais comparatifs avec les AINS. La démonstration de l’intérêt de l’utilisation prophylactique des triptans dans la migraine menstruelle nécessite donc la réalisation d’autres études. V. Dousset, unité de traitement de la douleur chronique, hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux. ✔ Loder E. Prophylaxis of menstrual migraine with triptans : problems and possibilities. Neurology 2002 ; 59 : 1677-81. La Lettre du Neurologue - Supplément Céphalées au n° 6 - vol. VII - juin 2003