É D I T O R I A L Recommandations ANAES pour la pratique clinique – CCQ : diagnostic, rôle de l’abus médicamenteux, prise en charge ● V. Dousset* es recommandations ont la particularité d’avoir pour cible un vaste problème, celui des céphalées chroniques non symptomatiques (très précisément les céphalées présentes plus de 15 jours par mois depuis plus de 3 mois, sans substratum lésionnel sous-jacent). C Quels sont les points forts – et faibles – de ces recommandations ? Ces recommandations concernant les CCQ ont une première justification, la fréquence de ces dernières : 3 % en population générale. Elles font une mise au point et tentent d’éclaircir un cadre nosologique complexe, qui sera peut-être modifié dans les années à venir par les progrès des connaissances sur le sujet. Elles ont l’avantage de faire connaître l’existence d’une entité uniquement à la lecture du titre des recommandations : en effet, les céphalées par abus médicamenteux sont méconnues, que ce soit par les généralistes, les spécialistes ou les pharmaciens d’officine. Ces recommandations sont l’occasion de faire réfléchir la communauté médicale, notamment médecins prescripteurs et pharmaciens dispensateurs, sur la iatrogenèse qu’ils engendrent. Soulignons aussi l’intérêt pour les soignants d’identifier une pathologie pour laquelle existe un traitement, le sevrage, dont la nécessité est reconnue par l’ensemble des experts, même si ses modalités de déroulement sont plus variables. Sans ce sevrage, de nombreux * Service de neurologie, CHU de Pellegrin-Tripode, Bordeaux. patients ne peuvent voir leur état s’améliorer. Enfin, l’originalité du sujet permet de démontrer que des acteurs très différents du système de santé peuvent collaborer pour améliorer le dépistage et la prise en charge de cette entité. Terminons par le patient – ou l’usager – lui-même, qui doit être informé du risque de cet abus médicamenteux : il doit être, lui aussi, acteur du système de soins, et doit donc constituer l’une des cibles de ces recommandations. C’est pourquoi une version adaptée et simplifiée va être diffusée au public, permettant de débuter une action de prévention primaire. Mais ces recommandations doivent être lues en gardant à l’esprit que l’affection a une sévérité variable : de nombreux patients en population générale ne commettent pas d’abus et ne consultent pas, alors que les patients issus de consultations spécialisées ont un handicap souvent très important. Les facteurs intervenant dans le développement de ces céphalées sont eux aussi très variables d’un patient à l’autre, ce qui complexifie la standardisation de la prise en charge. Enfin, rappelons que ces recommandations ont été bâties sur l’analyse d’une littérature dont le niveau de preuve est le plus souvent faible. D’autres études permettront sans doute de répondre à des questions restées en suspens : quelle est la place des facteurs hormonaux dans le développement des céphalées par abus médicamenteux et surtout de la migraine chronique ? Quel est le devenir à long terme des patients pour lesquels le sevrage a échoué ? Comment prendre en charge les patients souffrant de migraine chronique ?… Au travail ! ■ 12th Congress of the International Headache Society, IHC 2005 9-12 octobre 2005 International Conference Hall, Kyoto, Japon Renseignements et inscription : c/o Japan Convention Services, Inc. Daido Seimei Kasumigaseki Bldg. 1-4-2, Kasumigaseki, Chiyodaku, Tokyo 100-0013 Japan Tél. : +81-3-3508-1214 – Fax : +81-3-3508-1302 E-mail : [email protected] – Site web : http://www.ihc2005.com Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne - Dépôt légal : à parution. © février 1997 - EDIMARK S.A.S. Les articles publiés dans La Lettre du Neurologue le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. La Lettre du Neurologue - Supplément Céphalées au vol. VIII - n° 9 - novembre 2004 3