QUESTION-RÉPONSE
La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. II - avril 1998
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Question..........................................
Je suis un patient âgé de 65 ans, qui a été traité par neu-
roleptiques (Majeptil®). Il présente, depuis plusieurs
mois, des dyskinésies invalidantes révélées au décours
du traitement, de localisation axiale, rhizomélique et
diaphragmatique. Malgré l’arrêt des neuroleptiques
depuis 3 mois et des traitements tels que Myosoline®,
Neurontin®ou les benzodiazépines, aucune améliora-
tion n’est apparue.
Pourriez-vous me conseiller
sur la prise en charge thérapeutique
de ce patient ?
Réponse...........................................
Après l’arrêt des neuroleptiques, les dyskinésies peuvent se
pérenniser et les chances d’amélioration des symptômes sont de
60 % à 2 ans.
Dans le cas de ce patient, compte tenu de la gêne, il est licite de
mettre en route un traitement symptomatique pour diminuer
l’intensité des dyskinésies.
L’utilisation de neuroleptiques classiques est formellement
contre-indiquée, car après une phase d’amélioration transitoi-
re, un tel traitement entraînerait à nouveau des dyskinésies et
des dystonies tardives, et “le remède serait pire que le mal”.
Les neuroleptiques “atypiques” peuvent être employés :
1. La tétrabénazine, ou Nitoman®, est disponible par ATU en
pharmacie hospitalière. Ce produit vide les vésicules synap-
tiques dopaminergiques, sérotoninergiques et noradréner-
giques et a un faible effet ß-bloquant sur les récepteurs dopa-
minergiques D2. L’effet s’observe à la dose de 75 mg/j en
moyenne. Les effets secondaires sont essentiellement l’appa-
rition d’un syndrome parkinsonien (le plus souvent chez le
sujet âgé) qui est dose-dépendant et réversible à l’arrêt du
traitement. Il faut également surveiller l’apparition d’un syn-
drome dépressif ou d’une hypotension orthostatique. La
réponse au traitement est inconstante et l’effet s’épuise en
partie en quelques mois à un an.
Ce produit reste toutefois, lorsqu’il est utilisable (en l’absence
d’antécédent psychiatrique), une bonne solution thérapeutique.
2. La clozapine, ou Leponex®, est prescrite par les psychiatres
avec un carnet de surveillance hebdomadaire de la NFS, car il y
a risque de 1 % d’agranulocytose.
Il s’agit d’un neuroleptique atypique agissant également sur les
récepteurs D4 et les récepteurs sérotoninergiques. L’effet est
également symptomatique sur les dyskinésies, avec une somno-
lence qui est dose-dépendante. En pratique, ce produit reste peu
utilisé, compte tenu des contraintes de prescription, de sur-
veillance, et les éventuels effets secondaires. Il est réservé aux
dyskinésies très sévères.
En pratique, certains patients peuvent être soulagés par les ben-
zodiazépines ou l’Atarax®de manière partielle, et les neurolep-
tiques atypiques sont utilisés dans les formes sévères ou
rebelles.
M. Vidailhet,
service de neurologie,
Hôpital Saint-Antoine, Paris
• Factor S.A., Friedman J.H. The emerging role of clozapine in treatment of move-
ment disorders. Mov Disord 1997 ; 12(4) : 483-96.
• Jankovich J., Beach J. Long-term effects of tetrabenazine in hyperkinetic move-
ment disorders. Neurology 1997 ; 48(2) : 358-62.
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