Correspondances en médecine - n° 4, vol. III - octobre/novembre/décembre 2002
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LA PAGE DE L’ALGOLOGIE
la brèche, dont l’inefficacité a été démontrée,
l’injection préventive de sang autologue paraît
avoir un intérêt non négligeable. Deux études
prospectives ont montré une réduction signifi-
cative de l’incidence des céphalées lorsqu’un
BP préventif était réalisé à travers même le
cathéter péridural chez des parturientes ayant
eu une brèche durale accidentelle par l’aiguille
de Tuohy. Un rapport récent met en garde
contre les biais des études précédentes
(absence de randomisation) et le risque poten-
tiel de survenue d’un déficit neurologique.
C
ONTRE
-
INDICATIONS
Elles sont rares et relèvent soit d’une contre-
indication habituelle à l’abord péridural, soit
d’une contre-indication à l’injection de sang
autologue. Le refus du patient, qui doit avoir
reçu une information adaptée, claire et loyale
sur le BP, est une contre-indication formelle.
Parmi les contre-indications à l’abord péridural
se trouvent les troubles de l’hémostase et le
sepsis. Ce dernier point repose sur la crainte
d’injecter du sang infecté dans l’espace péridural
et donc sur le risque d’abcès. Par extension, se
pose légitimement la question de l’opportunité
de réaliser un BP chez un patient fébrile,
puisque la fièvre peut être l’expression d’une
bactériémie. Malgré l’absence de données cli-
niques, il paraît légitime de prôner l’abstention
afin de ne pas risquer l’ensemencement
méningé et d’opter pour une autre thérapeu-
tique. De même, aucune donnée ne permet,
pour l’heure, d’écarter les patients séropositifs
du bénéfice d’un BP. Il est également important,
avant de réaliser un BP, d’éliminer les princi-
paux diagnostics différentiels que sont la
thrombose des veines corticales et une ménin-
gite. Au moindre doute, il faut avoir recours à
l’imagerie médicale encéphalique et/ou lom-
baire afin d’affirmer le diagnostic.
L
ES ALTERNATIVES
Le BP est le seul traitement, parmi les multiples
propositions thérapeutiques, à avoir fait la
preuve de son efficacité constante et durable
dans les céphalées à caractère positionnel.
Dans une enquête menée auprès des anesthé-
sistes des maternités françaises, le BP est le
traitement de référence pour 92 % des prati-
ciens. Des alternatives à l’injection de sang
existent, consistant à injecter d’autres solu-
tions, cristalloïdes ou colloïdes, permettant de
créer une contre-pression à la fuite de LCR. Avec
les cristalloïdes, les volumes perfusés sont éle-
vés, atteignant 750 à 1 000 ml (10 à 30 ml/heure).
La perfusion de cristalloïdes semble grevée
d’un taux de récidive plus élevé. Il paraît donc
raisonnable de réserver ces deux alternatives
aux contre-indications à l’injection péridurale
de sang, voire à l’échec du BP conventionnel.
R
ÉSULTATS SUR LES CÉPHALÉES
POSTPONCTION DURALE
Toutes les études rapportent un taux de succès
entre 95 et 98 %.
R
ÉSULTATS SUR LES AUTRES COMPLICATIONS
DE LA PONCTION DURALE
Les céphalées positionnelles sont inconstam-
ment accompagnées d’autres signes cliniques
en rapport avec l’hypotension du LCR : signes
visuels (flou visuel, phosphènes, baisse de
l’acuité visuelle), signes auditifs (hypoacousie,
acouphènes), vertiges (en rapport avec une
hypotension de l’endolymphe), dont l’évolution
est parallèle à celle des céphalées. Comme les
céphalées, ces signes ont habituellement un
caractère positionnel marqué. À l’inverse, on
retrouve parfois des signes évocateurs d’une
hypertension intracrânienne, comme des nau-
sées et des vomissements, en rapport avec la
vasodilatation méningée. Dans les rares cas où
ces signes dominent le tableau clinique, le BP
semble également efficace, comme dans l’hypo-
acousie sans céphalées après rachianesthésie.
Chez des patients souffrant de céphalées posi-
tionnelles, une audiométrie a été réalisée avant
et une heure après BP, et a montré une amélio-
ration de l’audition chez 12 patients sur 16.
Q
UE FAIRE FACE À L
’
ÉCHEC
D
’
UN BLOOD PATCH
?
Le patient doit toujours être préalablement
averti de la possibilité d’échec et de la néces-
sité parfois de répéter le geste. En effet, en cas
de récidive des céphalées, la réalisation d’un
nouveau BP amène la guérison dans 95 % des
cas. D’autres préfèrent la mise en place d’un
cathéter péridural, suivie de l’administration