La linguistique de la LSF : recherches
actuelles
French Sign Language Linguistics. Current
Researchs
23-24 septembre 2003
September 23-24, 2003
RÉSUMÉS
ABSTRACTS
Organisé par l’UMR 8528 « SILEX », CNRS & Un. Lille 3,
avec le soutien du Conseil Régional du Nord-Pas de Calais
Toile / web : http://www.univ-lille3.fr/silex/lsf
Sommaire / Contents
BLONDEL Marion – De la syllabe en LSF à travers un registre poétique 2
BLONDEL Marion, LECOURT Isis & TULLER Laurie – Les « pointés »
et l’acquisition de la morphosyntaxe en LSF 4
BONNAL Françoise – Chronique de quelques marqueurs de la
négation, en LSF 6
BRAS Gilles, MILLET Agnès & RISLER Annie – Anaphore et deixis en
LSF : tentative d’inventaire des procédés 12
BUTON François – L’enseignement mutuel et les signes. Contribution à
la socio-genèse de la LSF en France (années 1780-années 1870) 14
CUXAC Christian – Phonétique de la LSF : une formalisation
problématique 16
COURTIN Cyril, DUBOIS Mélanie, HERVE P.-Y., LAWRIN E. &
TZOURIO MAZOYER Nathalie – Etude de l’effet de l’iconicité lors de
tâches de dénomination et de génération de verbes en langue des
signes française (LSF)
17
DE LANGHE Olivier, GUITTENY Pierre, PORTINE Henri & RETORE
Christian – À propos des structures OSV en langue des signes française
20
DELAPORTE Yves – Deux siècles d’histoire de la langue des signes :
les tendances évolutives 22
FUSELLIER-SOUZA Ivani Analyse linguistique du couple
regard/pointage dans la construction de l’espace discursif dans les LSP
(Langue des signes primaires). Étude comparative avec la LSF
24
GARCIA Brigitte – Langue des Signes Française (LSF) : quelles
conditions pour quelles formes graphiques ? 26
GRANDE Karine, GRINEVALD Colette, MAGRIN-CHAGNOLLEAU
Ivan & RISLER Annie – La dénomination d’objets manipulables en LSF
au sein d’un discours narratif : peut-on parler de classificateurs verbaux ?
28
JACOB Stéphanie – L’acquisition du langage et le développement
cognitif de l’enfant sourd
30
LE CORRE Geneviève – L’émergence de la figure du fléau dans le
champ thématique du sida. Approche comparative d’un texte français et
de son adaptation en LSF
33
LEJEUNE Fanch & RISLER Annie – Traces des opérations langagières
et des représentations sémantico-cognitives dans la forme verbale en
LSF
35
MEURANT Laurence – L’anaphore syntaxique redéfinie au regard d’une
langue des signes. Étude contrastive de structures anaphoriques en
français et en langue des signes belge
37
MEURILLON Christian – Signe et surdité : saint Augustin comme
fondement d’un nouveau regard sur les sourds au 18e siècle
39
PARISOT Anne-Marie – Explication unifiée de l’accord verbal en langue
des signes québécoise : la notion de trace spatiale 41
VERMEERBERGEN Myriam The Quest for Basic Word Order in
Flemish Sign Language 43
2
De la syllabe en LSF à travers un registre poétique
Marion Blondel
UMR 6065 (Un. Rouen & CNRS)
Il aurait été étonnant que la notion de syllabe pose moins de questions dans les langues des
signes que dans les langues vocales ; nous essaierons de montrer l’intérêt que présente l’étude
d’un registre poétique enfantin dans le cadre de la réflexion sur la syllabe en LS 1.
Pourquoi la poésie enfantine ?
Selon Brailoiu (1973[1956]), le rythme enfantin constitue un système particulier : la durée
des syllabes des comptines dépend de leur emplacement dans « un dispositif rythmique, que
l’on dirait préétabli et auquel la parole s’ajuste selon les modalités nombreuses et variables »
(p. 6). Qu’en est-il dans des langues qui empruntent un autre canal ? D’une part, la syllabe
représente un enjeu dans l’étude du registre poétique enfantin (unité de perception /
constitution d’un rythme). D’autre part, il nous a semblé que la poésie enfantine a un effet
‘grossissant’ qui facilite le repérage des particularités poétiques et structurelles d’une langue.
Notre objectif, en parcourant des modèles phonologiques proposés pour la syllabe dans les LS
est de voir lequel nous permettra d’appréhender plus facilement le rythme poétique.
Pourquoi le mouvement ?
Dans une série de travaux sur les LS (Liddell et Johnson,1989 ; Stack, 1988 ; Wilbur,
1993 ; Miller, 1997 ; Bonucci, 1997 et plus récemment Channon, 2002), le mouvement fait
l’objet de débats théoriques : à quel niveau doit-il être considéré (phonétique ou
phonologique, par exemple) ? Quel est le rapport entre mouvement et syllabe en LS ?
Pourquoi le mouvement secondaire ?
Différents types de mouvements peuvent se superposer : ainsi, au changement de
localisation peut se superposer à un changement d’orientation de la paume de la main. Une
autre question se pose alors : les mouvements secondaires sont-ils décomposables ? Chacune
des oscillations dans un mouvement oscillatoire peut-elle correspondre à une syllabe ? (Van
der Hulst, 1993 ; Miller, 1997).
Notre proposition
Dans le cadre de l’analyse d’un corpus d’une cinquantaine de poésies enfantines dans cinq
langues des signes (Blondel, 2000), nous avons observé, par exemple, qu’il est possible de
compter les oscillations, de les accentuer... Nous proposons d’adopter un modèle de la syllabe
(Miller, 1997) qui permet de décomposer les mouvements secondaires. Nous illustrerons
l’ensemble de cette discussion à l’aide d’extraits vidéo de poésies enfantines en LSF.
Bibliographie
BLONDEL, M. 2000. Poésie enfantine dans les langues des signes : modalité visuo-gestuelle versus
modalité audio-orale. Thèse de Doctorat, Université de Tours.
BONUCCI, A. 1997. La langue des signes française : étude linguistique et réalisation d’un CD-Rom
multimédia d’apprentissage. Thèse de doctorat, Université de Lyon II.
BRAILOIU, C. 1973[1956]. « La rythmique enfantine ». In Brailoiu, Problèmes d’ethnomusicologie : 5-
37, Genève : Minkoff Reprint.
1 Nous verrons qu’en l’état actuel de la description linguistique des LS, il est très rarement établi de différences,
sur le plan structurel, entre LSF et autres langues des signes.
3
CHANNON, R. E. 2002. Signs are single segments: phonological representations and temporal
sequencing in ASL and other sign languages. Dissertation. University of Maryland.
HULST, H. van der 1993. “Units in the analysis of signs”. Phonology 10, pp. 209-241.
LIDDELL, S. & JOHNSON, R. 1989. “American sign language: The phonological base”. Sign Language
Studies 64, pp. 195-277.
MILLER, C. 1997. Phonologie de la langue des signes québécoise, Structure simultanée et axe
temporel. Thèse de Doctorat, Université du Québec à Montréal.
STACK, K. 1988. “Tiers and syllable structure in American Sign Language: evidence from
phonotactics”. Mémoire de maîtrise, Los Angeles, University of California, L.A.
WILBUR, R. B. 1993. “Syllables and segments: hold the movement and move the holds !”. In Coulter
(ed.), Current Issues in ASL Phonology, Vol. 3 : Phonetics and Phonology, pp. 135-168, San
Diego, California : Academic Press.
4
Les « pointés » et l’acquisition de la morphosyntaxe en LSF
Marion Blondelα, [email protected]
Isis Lecourtβ
Laurie Tullerβ, [email protected]
[α : UMR 6065 (Un. Rouen & CNRS) ; β : JE 2321, Un. de Tours]
À l’heure actuelle, peu d’études ont été effectuées sur l’acquisition de la LSF, et encore
moins sur le développement morphosyntaxique de cette langue (voir Blondel et Tuller, 2000
pour une revue des travaux sur la LSF). Or, une approche maintenant bien connue, en
postulant un lien nécessaire entre l’adéquation descriptive et l’adéquation explicative, met en
avant le rapport entre une description complète et exacte des faits d’une langue particulière et
une explication de la façon dont l’enfant atteint cette langue particulière. Nous partons donc
de l’idée qu’une meilleure connaissance des états de la LSF en développement pourrait
contribuer à une meilleure compréhension de la grammaire de son état « mûr ».
Nous proposons par conséquent d’explorer le développement d’un des aspects
morphosyntaxiques les plus « difficiles » (du point de vue descriptif) de la LSF (et des autres
LS), celui des « pointés ». En effet, ces éléments de la gestuelle commune aux enfants
‘locuteurs’ de la LSF ou locuteurs du français auraient un statut grammatical dans la langue
cible (adulte) chez les premiers (voir Lillo-Martin & Klima, 1990 par exemple) alors qu’ils
garderaient un statut extra- ou para- linguistique chez les seconds. Selon les auteurs, les
critères qui permettent de déterminer que l’on a affaire à un mot varient et l’âge d’apparition
des premiers mots s’en trouve modifié (voir Newport & Meier, 1987 et Emmorey 2002 pour
un résumé de l’ensemble du débat). Chez plusieurs auteurs, il a également été repéré une
phase de ‘turbulence’ (entre 12 et 18 mois dans Petitto, 1983), se traduisant par la disparition
d’un certain type de pointés avant leur utilisation plus systématique comme pronoms. Nous
examinerons l’apparition des pointés en isolation et dans les premières phrases en essayant
d’élucider leur statut dans les stades successifs chez l’enfant.
Les faits que nous rapporterons et analyserons sont basés sur une étude longitudinale, entre
l’âge de six mois et l’âge de deux ans huit mois, du développement du langage chez un enfant
(entendant) qui acquiert simultanément (et de façon naturelle) la LSF et le français. L’aspect
bilingue et bimodal de cette acquisition offre l’avantage, comme nous l’argumenterons, de la
possibilité d’explorer le développement des pronoms, et plus généralement, de la syntaxe,
dans une modalité (la modalité orale), où la difficulté analytique qui entoure les pointés
n’existe pas. Autrement dit, notre examen de l’émergence et du développement des pointés
chez cet enfant sera mis en parallèle avec celui de ses pronoms en français.
Bibliographie
BLONDEL, Marion & TULLER, Laurice. 2000. « La recherche sur la LSF : un compte-rendu critique ».
Recherches linguistiques de Vincennes 29, pp. 29-54.
EMMOREY, Karen. 2002. Language, Cognition and Brain: Insights from Sign Language Research.
Mahwah, New Jersey: Lawrence Erlbaum.
LILLO-MARTIN, Diane & KLIMA, Edward. 1990. “Pointing out differences: ASL pronouns in syntax
theory”. In Fischer, Sipple & Decaro (eds) Theorical Issues in Sign language research. I
Linguistics. Univ of Chicago Press, pp. 191-210.
NEWPORT, Elissa L. & MEIER, Richard P. 1987. “The acquisition of American Sign Language”. In:
Slobin, Dan I. (ed): The crosslinguistic study of language acquisition. Vol. 1: The data. Hillsdale,
N.J.: Erlbaum, pp. 881-938.
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