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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVIII - n° 5 - septembre-octobre 2003
CONGRÈS
Les facteurs prédictifs à une adhésion thérapeutique correcte
étaient la reconnaissance par le patient du besoin d’ARV, la
situation sociale stable, le soutien d’un membre de la famille
ou d’un proche, la fidélité du patient aux consultations, la proxi-
mité du lieu de résidence par rapport au lieu de soin, l’expé-
rience positive d’un proche sous ARV, l’absence de participa-
tion financière au traitement, et la simplicité du traitement en
termes de nombre de comprimés et de prises. Les facteurs
internes à la structure étaient la participation des membres d’as-
sociations de patients et de femmes dans le programme, et la
présence d’un personnel motivé. Les outils utilisés pour mesu-
rer l’adhésion thérapeutique allaient de l’évaluation clinique,
numération des CD4, comptage des médicaments non utilisés,
rapports mensuels d’assiduité aux consultations, évaluation
hebdomadaire par une équipe spécialisée dans l’adhésion, aux
traitements pour certains patients identifiés, aux visites à domi-
cile pour les patients à fort risque de mauvaise adhésion
(patients sévèrement malades et enfants par exemple).
ASSOCIATION NATIONALE DE SOUTIEN AUX SÉROPOSITIFS
ET SIDÉENS (ANSS) AU BURUNDI
M.J. Mbuzenakame (Bujumbura, Burundi), coordinatrice
médicale de cette organisation non gouvernementale (ONG), a
montré comment une organisation caritative locale pouvait
apporter des traitements ARV. Selon des critères médicaux
(patients stade C du CDC ou avec des CD4 > 200/mm3ou une
charge virale (CV) > 50 000 copies/ml) et socio-économiques
(revenu inférieur à10 euros par mois, veuve en charge de plus de
quatre autres personnes, orphelins), les patients sont recrutés
pour le traitement. Aujourd’hui, 860 patients sont traités par
ARV, dont 14 % pris en charge à 100 % par l’association. La
CV est évaluée trois mois après le début du traitement : sur
60 patients naïfs ayant commencé un traitement par Triomune®,
seul un avait une CV détectable. Grâce à l’aide du Fonds mon-
dial contre le sida, l’ANSS espère porter de 180 à 375 le nombre
de patients entièrement subventionnés.
PROGRAMME DE TRAITEMENT MSF-MINISTÈRE
DE LA SANTÉ À CHIRAZULU (MALAWI)
J. Kabitchi (Chirazulu, Malawi) a expliqué comment ce pro-
gramme avait pu significativement augmenter l’accès aux
ARV grâce à une décentralisation du projet. Dans cette pro-
vince, on estime que 25 000 personnes sont infectées par le
VIH, dont 5 000 ont besoin d’ARV. L’hôpital de district, qui
est déjà submergé de travail avec un taux d’occupation des
lits de 150 % et possède seulement quatre cliniciens, a ouvert
une clinique VIH avec accès aux ARV en août 2001, et,
depuis février 2003, dans quatre dispensaires de la région
régulièrement visités par l’équipe médicale. En juin 2003,
837 patients avaient pris des ARV, dont 118 dans les dis-
pensaires, dont plus de 85 % étaient toujours en traitement
avec un bénéfice clinique évident. Il n’a été noté que 1,1 %
de cas de toxicité cutanée sévère et 0,4 % de toxicité hépa-
tique avec la névirapine.
POURQUOI LA SOURCE, LE PRIX ET L’EXISTENCE
DE BREVET DES MÉDICAMENTS SONT-ILS UN FACTEUR
DE VIE OU DE MORT POUR LES PATIENTS DES PAYS
EN DÉVELOPPEMENT ?
D. Berman [Genève, Suisse] (Campagne d’accès aux médi-
caments essentiels de MSF) a expliqué que l’étude menée
dans dix pays démontrait que le prix d’une première ligne de
traitement ARV pouvait varier de 250 (Cameroun) à
2 000 euros par an en fonction de la politique des gouverne-
ments concernés. Les facteurs déterminants étaient la com-
pétition générique et/ou la production locale, et la volonté du
gouvernement de dépasser ces barrières. Par exemple, par
l’effet de la compétition des génériques, le prix de l’associa-
tion d4T + 3TC + NVP est passé de 2 000 à 200 euros par an.
Dans la déclaration de Doha sur la loi de la propriété intel-
lectuelle, il est spécifié que les accords peuvent et devraient
être interprétés et utilisés de manière à ce que les membres
de l’Organisation mondiale du commerce aient le droit de
protéger la santé publique, et, en particulier, de promouvoir
l’accès aux médicaments pour tous. Les raisons pour les-
quelles le Cameroun a accès à des prix d’ARV aussi bas sont
que tous les ARV utilisés dans le pays sont issus d’un four-
nisseur national unique, que les commandes sont groupées,
et que le gouvernement du Cameroun a pris des mesures pour
dépasser les obstacles à l’accès aux médicaments en appli-
quant, par exemple, la déclaration de Doha.
E. Klément, Paris