VIE PROFESSIONNELLE
La Lettre du Rhumatologue - n° 283 - juin 2002
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Les relations ville-hôpital
Ainsi que nous l’ont demandé
certains d’entre vous, nous vous ouvrons
les colonnes de la rubrique
“Vie professionnelle” afin que
vous puissiez émettre vos réflexions
sur l’évolution de notre spécialité
et de vos pratiques.
La rhumatologie libérale va certainement
être amenée à de grands changements
dans les années à venir, liés notamment
à la baisse importante de la démographie
médicale, mais aussi à l’émergence
de nouvelles techniques, et surtout
de nouveaux traitements tels que
les biothérapies. Cette évolution se fera
inévitablement vers une plus grande
technicité. F. Lecoq d’André
et P. Boumier, en avril, et F. Gagnerie,
dans ce numéro, posent un problème
fondamental : la relation ville-hôpital,
à propos de l’exemple des anti-TNF.
Cette relation, souvent difficile, doit
se structurer ; il y va de la survie
de notre spécialité. Comment voyez-vous
cette relation ? Comment souhaitez-vous
qu’elle évolue ? Quelles sont vos proposi-
tions ?
Que vous soyez libéral ou hospitalier,
faites-nous part de vos sentiments
et de vos idées pour le futur.
B. Combe et J. Sibilia,
Rédacteurs en chef
prouvant de plus en plus de difficultés à colla-
borer avec nos collègues hospitaliers, j’ai été
particulièrement intéressé par les réflexions de
F. Lecoq d’André et P. Boumier publiées récemment dans
La Lettre du Rhumatologue (n° 282, mai 2002, p. 3-4 et
p. 36).
Invité par l’APR (Association pour la polyarthrite rhu-
matoïde) à la Cité des sciences de la Villette dans le cadre
de la journée consacrée à la polyarthrite rhumatoïde,
j’avais moi-même plaidé à la tribune pour la nécessité
absolue de l’amélioration des relations ville-hôpital en
rhumatologie, et ce pour le bien du patient. Je partage
entièrement l’avis de F. Lecoq d’André, mais, comme
principal obstacle à lever pour la réalisation de cette
relation, j’ajouterai l’obstacle technique. Il me semble
qu’il s’agit d’un prérequis en l’absence duquel il est illu-
soire de vouloir améliorer les choses. En effet, il paraît
indispensable de pouvoir contacter immédiatement et
dans les meilleures conditions nos collègues hospitaliers,
lorsque nous sommes en présence d’un patient nécessi-
tant une prise en charge rapide et ultraspécialisée. Dans
cette optique, point de salut sans une informatisation
ad hoc sécurisée des deux partenaires. Actuellement, ce
n’est pas du tout le cas, en raison du faible taux d’in-
formatisation des médecins libéraux et de la difficulté
des hospitaliers à accéder à leur boîte aux lettres élec-
tronique (faible nombre de PC et absence d’Internet
haut débit).
En revanche, je ne partage pas l’opinion de P. Boumier.
En effet, comme le souligne F. Lecoq d’André, “chacun
a le pouvoir de sa compétence”. Les propos de P. Bou-
mier sont justement en opposition avec la volonté de
collaboration complémentaire et utile ville-hôpital. Cela
est particulièrement vrai pour l’utilisation des anti-TNFα,
dont on sait qu’ils peuvent entraîner des effets indési-
rables gravissimes en cours de perfusion. Je voudrais
donc bien savoir comment un rhumatologue libéral
pourra gérer sa prescription et surtout son utilisation
au domicile du patient.
Devant la complexité croissante de la prise en charge
des affections rhumatologiques et la demande de plus
en plus importante, il est absolument essentiel que ville
et hôpital puissent véritablement collaborer sans
arrière-pensées, sans jalousies. D’ailleurs, sauf excep-
tion, les patients nous savent gré de cette volonté, et
n’y voient pas de faiblesse de l’une ou l’autre partie.
Dr F. Gagnerie,
rhumatologue libéral, Paris
É
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