Dossier thématique D ossier thématique Conclusion IP Arnaud Pauwels D es progrès substantiels ont été réalisés ces dernières années dans le traitement des complications de la cirrhose. Ce dossier thématique en est l’illustration. Ainsi, l’utilisation combinée d’un vasoconstricteur splanchnique par voie intraveineuse, d’un traitement endoscopique d’hémostase et d’une antibioprophylaxie a fait passer la mortalité liée aux hémorragies par rupture de varices œsophagiennes de 40 % à 15 %. De même, la mortalité associée à l’infection du liquide d’ascite a été réduite de moitié par l’association d’un remplissage vasculaire par albumine à l’antibiothérapie. Les progrès sont plus modestes dans le syndrome hépato-rénal, mais la démonstration d’une efficacité de l’association d’un vasoconstricteur splanchnique et d’albumine constitue un premier pas. Dans l’hépatite alcoolique aiguë sévère, l’utilité des corticoïdes est maintenant démontrée et admise. Enfin, nous disposons maintenant d’antiviraux efficaces et bien tolérés qui permettent de contrôler la réplication virale et de stabiliser une cirrhose virale B. C’est bien, mais il y a encore beaucoup à faire. D’où viendront les prochains progrès ? D’abord, d’une meilleure compréhension de la physiopathologie de la cirrhose et de ses complications. Prenons l’exemple de la translocation bactérienne intestinale, si fréquente au cours de la cirrhose évoluée. On sait depuis longtemps qu’elle est impliquée dans la survenue d’infections systémiques. Mais ce n’est que récemment que l’on a compris que ses conséquences cliniques sont beaucoup plus vastes. En dehors de toute infection déclarée, la translocation bactérienne est à l’origine d’une inflammation locale et systémique qui pourrait jouer un rôle important dans les perturbations circulatoires de la cirrhose, dans l’encéphalopathie hépatique et dans l’aggravation des lésions du foie. Ensuite, de l’analyse des mécanismes moléculaires. Le décryptage des effets en cascade des cytokines pro-inflammatoires et du stress oxydatif, de l’activation des voies de signalisation cellulaire et des récepteurs nucléaires, devrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques, voire conduire au développement de thérapies ciblées. C’est ainsi, par exemple, que les statines ont fait leur entrée sur la scène de l’hypertension portale. En inhibant la voie de signalisation Rhoa/Rho-kinase, elles augmentent la disponibilité en NO, diminuent la résistance vasculaire intrahépatique et pourraient donc représenter une nouvelle option thérapeutique dans l’hypertension portale. Enfin, de la génétique. L’étude des gènes, de leur niveau d’expression et de leurs variants devrait permettre de mieux comprendre pourquoi certaines personnes développent une maladie ou une complication, et pourquoi d’autres sont résistantes à des traitements dont l’efficacité est par ailleurs établie. Ainsi, dans l’hépatite alcoolique aiguë, il a été récemment montré que certains gènes impliqués dans la fibrogenèse hépatique, la réponse inflammatoire et le stress oxydatif sont surexprimés et associés aux lésions histologiques et à la sévérité de la maladie. Les perspectives sont multiples. Le meilleur est à venir. n AUTO-ÉVALUATION 1. Quelles sont les propositions exactes sur l’hépatite alcoolique ? A – La corticothérapie est un traitement efficace des patients atteints d’HAA avec un score de Maddrey < 32. B – Les formes sévères de l’hépatite alcoolique sont définies par un score de Maddrey ≥ 32. C – Le traitement par corticoïdes améliore la survie à court terme (6 mois) mais n’influence pas la survie à long terme (2 ans). D – La dose recommandée de Solupred® est de 40 mg/j. E – L’absence de diminution de la bilirubine au septième jour permet d’identifier les résistants à la corticothérapie. 2. Quels sont les critères diagnostiques majeurs du syndrome hépato-rénal parmi les propositions suivantes ? A – L’insuffisance rénale récente chez un patient ayant une insuffisance hépatique chronique ou aiguë associée à une hypertension portale. B – Une diurèse < 500 ml/24 heures C – L’absence d’amélioration de la fonction rénale après un remplissage par 1,5 litre de sérum salé isotonique ou l’expansion volémique par perfusion d’albumine. D – L’absence d’amélioration après administration de traitements vasoconstricteurs. E – Une natriurèse < 10 mmol/24 heures. 4. Quelles sont les propositions exactes sur l’hémorragie digestive par rupture de VO ? A – Une antibioprophylaxie n’est pas nécessaire au cours de la rupture de VO. B – Le risque de récidive hémorragique est diminué par l’antibioprophylaxie. C–U n traitement vaso-actif seul peut être proposé chez les patients ayant une rupture de VO sans signe de gravité et en l’absence de saignement actif à l’endoscopie. D – L e schéma de référence de l’antibioprophylaxie est la norfloxacine pendant 7 jours à la dose de 400 mg toutes les 24 heures. E – La mortalité hospitalière par rupture de VO est à 40 %. 5. Quelles sont les propositions exactes sur la réactivation virale B dans la cirrhose décompensée ? A – Le traitement par interféron pégylé peut être proposé. B – L e choix de l’analogue nucléosidique ou nucléotidique doit prendre en compte d’une part la rapidité d’action 3. Quelles sont les propositions exactes sur l’infection et d’autre part le profil de résistance. du liquide d’ascite ? C–A près réactivation virale, une charge virale indétectable A – Un nombre de neutrophiles ≥ 250 mm3 est un critère diagnostique par PCR en temps réel peut être obtenue dans les 3 mois. suffisant pour retenir et débuter le traitement. D–A u décours d’une réactivation virale, les patients considérés B – L’association antibiotique (le plus souvent céfotaxime) et expansion initialement comme candidats à la greffe peuvent être retirés volémique par perfusion d’albumine est considérée de la liste d’attente en raison d’une amélioration importante comme le traitement de référence. de la fonction hépatocellulaire C – Un taux de protides > 10 g/l est associé à une augmentation La Lettre de Vol.monothérapie. XI - n° 1 - janvier-février 2008 du risque de développer une infection du liquide d’ascite. E –l’Hépato-gastroentérologue La lamivudine peut être utilisée- en Réponses : 1 : B, C, D, E - 2 : A, C - 3 : A, B, D - 4 : B, C - 5 : B, C, D. 28 D–U ne antibioprophylaxie doit être systématiquement proposée au décours d’un épisode d’infection du liquide d’ascite. E – L e risque de syndrome hépato-rénal est proche de 0 % depuis l’utilisation de perfusions d’albumine au cours de l’infection du liquide d’ascite.