Dossier thématique D ossier thématique Avant-propos Traitement des complications aiguës de la cirrhose : les progrès thérapeutiques permettent une diminution de la mortalité à court terme IP Philippe Mathurin* C hez les patients ayant développé une complication de leur cirrhose, l’utilisation de nouvelles molécules, les progrès de l’hémostase endoscopique, la meilleure compréhension de la physiopathologie de ces complications et l’identification précoce du sous-groupe ayant un risque élevé de décès à court terme ont permis d’améliorer l’arsenal thérapeutique. Le comité de rédaction de La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue a considéré qu’un dossier thématique sur les complications de la cirrhose était utile afin de résumer les principales données des études récentes, mais aussi de mettre en perspective les enjeux thérapeutiques. Les complications abordées dans ce dossier sont le syndrome hépato-rénal (SHR), l’hémorragie par rupture de varices œsophagiennes, l’infection du liquide d’ascite, l’hépatite alcoolique sévère et la réactivation virale B dans la cirrhose décompensée. D’emblée, une observation s’impose : le pronostic de chaque complication a été considérablement amélioré pendant la dernière décennie. Les patients ayant une cirrhose virale B décompensée avec réplication virale étaient jusqu’à il y a peu en impasse thérapeutique. L’utilisation récente des analogues nucléosidiques ou nucléotidiques permet le contrôle rapide de la réplication virale et l’amélioration de la fonction hépatocellulaire. On peut envisager un traitement à la carte chez les patients admis pour une hémorragie digestive. Par exemple, l’association d’un traitement vasoactif et d’un traitement endoscopique, modalité considérée comme optimale, pourrait être restreinte au sous-groupe de patients ayant une hémorragie active ou une instabilité hémodynamique. En cas d’échec, la prise en charge de deuxième ligne, bien que moins codifiée, peut faire appel au TIPS, option permettant parfois de contrôler un patient en * Service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Claude-Huriez, CHRU Lille. Quizz fissure anale échec thérapeutique. Durant la dernière décennie, la prévention du SHR a considérablement progressé en raison du bénéfice démontré de l’antibioprophylaxie et de l’expansion volémique par perfusion d’albumine. Par ailleurs, l’utilisation de drogues vasoactives est responsable d’une amélioration ou d’une régression du SHR dans environ 70 % des cas. Bien que le bénéfice de survie lié à l’utilisation de la terlipressine ou de le noradrénaline ne semble pas démontré sur l’ensemble des patients atteints de SHR, la survie à 2 mois des patients répondeurs à la terlipressine ou à la noradrénaline est significativement supérieure à celle des patients non répondeurs. Le bénéfice de la corticothérapie pour la survie à court terme chez les patients atteints de formes sévères d’hépatite alcoolique aiguë est maintenant admis. De plus, des études récentes ont développé des critères précoces permettant de classer un patient comme répondeur à la corticothérapie. L’intérêt de modèles pronostiques tels que le modèle de Lille est l’identification dès le septième jour de traitement des malades ne tirant aucun bénéfice de la corticothérapie. Les futurs travaux devront tester de nouvelles molécules afin d’augmenter le pourcentage de réponse au traitement et développer de nouvelles stratégies pour les patients restant en impasse thérapeutique. La prise en charge thérapeutique de l’infection du liquide d’ascite a été considérablement modifiée par une étude randomisée qui a montré une réduction du risque de SHR (10 % versus 33 %) et de la mortalité à 3 mois (22 % versus 41 %) chez les patients recevant l’association céfotaxime et expansion volémique par perfusion d’albumine comparativement aux patients traités par céfotaxime seul. Les auteurs de ce dossier thématique, Arnaud Pauwels, Jean-Didier Grangé, Philippe Sogni, Philippe Mathurin et Jean-Pierre Bronowicki, ont analysé les travaux récents et les textes d’experts, résumé les principales données issues de ces travaux et souligné les questions non encore résolues. Je vous souhaite une bonne lecture. n Question : Qui a décrit ainsi le tableau clinique de la fissure anale aiguë ? La dame mise en doute, ajouta seulement, qu’elle faisait à présent “des vents en allant à la selle, que c’était comme un vrai feu d’artifice… Qu’à cause de ses nouvelles selles, toutes très formées, très résistantes, il lui fallait redoubler de précautions… Parfois, elles étaient si dures les nouvelles selles merveilleuses, qu’elle en éprouvait un mal affreux au fondement… Des déchirements… Elle était obligée de se mettre de la vaseline alors avant d’aller aux cabinets.” C’était pas réfutable. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 1 - janvier-février 2008