44Neurologies - Janvier 2002 - Vol. 5
CLINIQUE
aux anticorps anti-amphiphysine,
anticorps non spécifiques.
D’un point de vue fonctionnel, il
existe un déséquilibre entre un sys-
tème descendant cathécholami-
nergique facilitateur des réflexes en
flexion et un système
gabaergique inhibi-
teur (2, 3). L’intégra-
tion de ces projections
se réalise au sein des
interneurones de la
substance grise de la
moelle épinière et du
tronc cérébral. Ce
déséquilibre fonc-
tionnel des projec-
tions est responsable d’une décharge
continue des interneurones à l’ori-
gine de la rigidité musculaire.
LES FORMES ATYPIQUES
DE SHR
Depuis une vingtaine d’années, de
nombreuses formes cliniques aty-
piques sont rapportées dans la lit-
térature (2-4). Ainsi, on observe de
multiples observations avec une
atteinte encéphalomyélitique aiguë
ou chronique. Il existe des carac-
téristiques cliniques devant alerter
le clinicien (2) (Tab. 2), en particulier
la présence d’une rigidité distale
des membres ou de signes d’at-
teinte du tronc cérébral.
Trois formes distinctes peuvent être
décrites.
● Encéphalomyélite
progressive avec rigidité
(EMPR)
Il s’agit d’une forme subaiguë d’ag-
gravation progressive avec rigidité
majeure, et signes d’atteinte des
voies longues et du tronc cérébral.
La durée de vie est de quelques
mois seulement (inférieure à 3 ans)
du fait d’une mauvaise réponse aux
traitements symptomatiques et
immunomodulateurs. Une origine
paranéoplasique est souvent sus-
pectée, parfois confirmée (5).
L’EMPR diffère histologiquement
des autres SHR par la présence
d’une démyélinisation, les fais-
ceaux cortico-spinaux sont très
longtemps épargnés (2, 4).
● Jerking stiff man syndrome
Forme chronique qui se caractérise
par la présence sur-
ajoutée de myoclo-
nies des 4 membres.
La gravité de cette
forme vient des
troubles respira-
toires.
En effet, les myo-
clonies peuvent sur-
venir en salves rap-
prochées et être
fatales. Une trachéotomie et une
ventilation assistée sont parfois
nécessaires en attendant l’efficacité
du traitement (2). Cependant, cette
forme clinique est compatible avec
une durée de vie prolongée (supé-
rieure à 10 ans), ce qui est plus en
faveur d’une origine autoimmune
que d’un syndrome paranéopla-
sique. Les traitements immuno-
modulateurs semblent avoir un
intérêt particulier (2, 3).
● Stiff limb syndrome ou
syndrome des membres
raides (SMR)
Le tableau clinique est dominé par
la présence d’une rigidité et de
spasmes distaux des 4 membres,
surtout des membres inférieurs
responsables de postures fixées. Il
n’y a pas d’atteinte du tronc céré-
bral ni de myoclonies. La particu-
larité biologique du SMR est l’ab-
sence d’anticorps anti-GAD (positif
que dans 15 % des cas) (2, 3) mais
il existe une association fréquente
à d’autres maladies autoimmunes.
Quelques cas de SMR paranéopla-
siques avec parfois anticorps anti-
amphiphysine sont décrits, associés
à l’existence d’un cancer du sein ou
d’un cancer pulmonaire à petites
cellules (2, 4) ; ces formes répon-
dent bien au traitement par pred-
nisolone et au traitement de la
tumeur (2). La durée de vie est pro-
longée, mais1/4 des patients sont
en fauteuils roulants, les3/4 évo-
luent par poussées et rémissions,
les traitements immunomodula-
teurs, immunoglobulines intra-
veineuses et échanges plasma-
tiques ont un intérêt particulier
dans les rares formes avec anti-
corps anti-GAD (6).
QUEL TRAITEMENT?
La prise en charge du SHR reste
délicate et la qualité de la réponse
au traitement est fonction de la
forme clinique. Les traitements
symptomatiques qui potentiali-
sent le GABA, tels le diazépam, le
baclofen, le vigabatrin (7) ou
l’acide valproïque, peuvent amé-
liorer les troubles. Des traite-
ments immunomodulateurs, tels
que les immunoglobulines et les
SHR: origine
autoimmune
probable,
paranéoplasique
parfois.
1 – Rigidité et posture anormale affectant au moins un membre, incluant la main ou le pied
2 – Myoclonies affectant les 4 membres
3 – Signe d’atteinte du tronc cérébral
4 – Signe d’atteinte des voies longues
5 – Signes d’atteinte du 2emotoneurone
6 – Troubles cognitifs (en particulier troubles de la mémoire)
7 – Dysautonomie, troubles sphinctériens
8 – Pléiocytose du LCR
Tableau 2 - Caractéristiques cliniques évocatrices d’une forme
atypique de SHR, d’après Brown et coll. (2).