Céphalées chroniques Quotidiennes par abus médicamenteux

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Céphalées chroniques
Quotidiennes par abus
médicamenteux :
Un problème de santé publique méconnu
Christian Lucas
Clinique Neurologique
CHRU Lille
MIGRAINE…
PRÈS DE 10 MILLIONS
D’ADULTES EN FRANCE
Framig III.
Lanteri-Minet
Valade
Géraud
Chauttard
Radat
Lucas
Migraine (M)
Migraine probable (MP)
= 4 critères IHS remplis
= 3 critères IHS remplis
11.2%
10.1%
(n=1 179/10 532)
(n=1 066/10 532)
Prévalence de la migraine (M+MP) : 21.3 % (n=2 245)
soit près de 10 millions d’adultes en France
Prévalence de la « migraine chronique » : 2,5 %
DEFINITION DES CCQ
 Céphalées plus de 15 jours/mois et plus
de 4 heures par jour, en l ’absence de
traitement, depuis plus de 3 mois, sans
substratum lésionnel ou symptomatique.
 le plus souvent : céphalée initialement
épisodique - migraine ou céphalée de
tension - qui évolue vers une céphalée
chronique, sous l ’influence de:
• Abus médicamenteux
• Facteurs psychopathologiques
Les CCQ
Céphalées de tension
chroniques
Migraine chronique avec
abus
en antalgiques
Migraine chronique sans
abus
en antalgiques
AVF
chroniques
CCQ
symptomatiques
Complication n°1 de la migraine +++
Migraine chronique +/- avec abus
médicamenteux
3 à 4% de la population générale
Céphalées Chroniques Quotidiennes
 1.5 à 2 millions de patients en France
 Céphalées ≥ 15 j/mois depuis plus de 3 mois
Aspects cliniques
 Trois tableaux cliniques différents sont possibles :
• Les céphalées ont les caractéristiques
sémiologiques de la migraine
• les céphalées ont les caractéristiques sémiologiques
de tension
• il existe un fond céphalalgique permanent auquel
s ’ajoutent des crises d ’allure migraineuse
Attention aux phénomènes de récurrences multiples
D1
D30
D1
D30
 La CCQ est un diagnostic d ’interrogatoire.
 Il est cependant nécessaire de pratiquer un
examen général et neurologique, et
éventuellement des examens
complémentaires, pour éliminer une
céphalée symptomatique.
 Pour éliminer une CCQ symptomatique, des
investigations complémentaires s ’imposent
dans les circonstances suivantes :
• Apparition depuis moins d ’un an
(proposition du groupe) d ’une CCQ chez un
sujet antérieurement céphalalgique ou non
• Découverte d ’une anomalie à l ’examen
neurologique ou général
Altération de la qualité de vie
 Plus marquée si :
 un abus médicamenteux existe
 la CCQ a des caractéristiques sémiologiques
migraineuses.
 Peut être liée
 aux facteurs psychopathologiques
 aux effets iatrogènes directs de l ’abus
médicamenteux (codéine: effets psychoactifs)
 Handicap CCQ > handicap des patients
migraineux.
Qualité de vie et handicap
Le retentissement de la CCQ peut être
appréhendé au moyen de questions simples:
 Sphères familiale, sociale et professionnelle
 Agenda des céphalées tenu par le patient.
Combien ça coûte?
Résultats GRIM 2000 : coûts globaux
Coût total : € 3 068 Millions
Céphalées chroniques
quotidiennes
€ 1 900 M
CENM
€ 124 M
Migraine probable
€ 409 M
Migraine
€ 635 M
Coût total des céphalées en France, repartis par groupe diagnostique
Facteurs associés
1. L’abus médicamenteux
 Critères IHS :
1. La prise médicamenteuse est régulière et dure
depuis plus de 3 mois
2. Elle est présente :
• ≥15 jours/mois pour les antalgiques non opioïdes
(paracétamol, aspirine, anti inflammatoire non
stéroïdiens, AINS);
• ≥ 10 jours/mois pour les autres traitements de
crise (opioïdes, ergotés, triptans, spécialités
antalgiques associant plusieurs principes actifs).
L’abus médicamenteux
 Les antalgiques en vente libre sont 2 fois plus utilisés que ceux
nécessitant une prescription médicale.
 Tous les traitements de crise peuvent être en cause. Les
molécules actuellement les plus utilisées en cas de CCQ par abus
médicamenteux sont : le paracétamol, la caféine, la codéine et les
triptans.
 Le paracétamol, la caféine, la codéine sont souvent utilisés sous
forme de spécialités associant plusieurs
principes actifs.
 D ’autres abus peuvent être associés, notamment un abus en
hypnotiques et tranquilisants (benzodiazépine).
Fréquence de l’abus médicamenteux
 Consultations spécialisées : 60 à 80% des
patients souffrant de CCQ ont un abus
médicamenteux.
 En population générale, l ’abus est moins
fréquent, évalué à 1/3 des patients
souffrant de CCQ.
2. Facteurs psychopathologiques
Troubles anxieux et dépressifs
 Les troubles anxieux et dépressifs doivent être
systématiquement recherchés
-> ils existent chez 1 patient sur 2 (consultations
spécialisées).
 Les CCQ issues de migraines et les CCQ par abus
médicamenteux sont associées plus souvent que les
autres types de CCQ à des troubles anxieux et
dépressifs .
 impact sur le handicap, la qualité de vie et le pronostic.
3. Autres facteurs
La ménopause
 Une maladie migraineuse et des céphalées de tension
peuvent s ’aggraver à l ’occasion de la ménopause
 On ne connaît pas
• le pourcentage de migraines ou céphalées de tension s ’aggravant
à la ménopause;
• l ’influence de la nature spontanée ou chirurgicale de la ménopause
• l ’influence de la prise d ’un traitement hormonal substitutif .
L ’influence de la ménopause sur l ’évolution d ’une
céphalée épisodique vers une CCQ peut être liée à
l ’intrication de facteurs hormonaux et neurologiques,
mais aussi psychologiques et culturels.
Autres facteurs
Facteurs musculaires
 Des tensions musculaires peuvent être un facteur
d ’entretien des CCQ. La palpation des muscles du
scalp, de la face et de la musculature cervicale permet
de mettre en évidence ces tensions.
 Si de telles tensions musculaires existent, plusieurs
facteurs étiologiques méritent d ’être recherchés :
• facteurs posturaux, notamment professionnels,
• facteurs traumatiques,
• dysfonctionnement de l ’articulation temporo mandibulaire, etc.
La prise en charge
PRISE EN CHARGE DES CCQ
 L ’évaluation préalable indispensable pour la
prise en charge du patient comprend :
• Abus médicamenteux s ’il existe;
• Facteurs psychopathologiques
• Facteurs hormonaux
• Facteurs musculo squelettiques
Céphalées par abus médicamenteux
Modalités de sevrage
 La prise en charge des CCQ par abus médicamenteux
doit comporter un sevrage.
 Le sevrage peut se faire en ambulatoire ou en
hospitalisation.
 L'hospitalisation est préférable en cas :
• d ’abus multiples et sévères;
• d ’abus associé de psychotrope;
• De co-morbidité psychiatrique sévère;
• d ’environnement familial défavorable.
La durée de l ’hospitalisation est en général de 5 à 10
jours.
Le syndrome de sevrage
 Céphalées de rebond possibles, des troubles digestifs
(nausées et/ou vomissements), une hyperesthésie
sensorielle, des troubles du sommeil, une
exacerbation de l ’anxiété avec irritabilité.
 La sévérité et la durée du syndrome de sevrage
varient en fonction du patient et de la molécule
incriminée. Le syndrome de sevrage est plus long
dans le cas d ’un abus d ’antalgique, plus court dans
le cas d ’un abus de triptan.
Modalités de sevrage
 Le sevrage hospitalier: prise en charge
pluridisciplinaire. Il doit comporter des mesures
d ’accompagnement médicamenteuses ou non
médicamenteuses, visant à atténuer le syndrome de
sevrage.
 Induction du sevrage :
• en cas de sevrage hospitalier, dès le 1er jour;
• le sevrage ambulatoire peut être complet d ’emblée
ou progressif (diminution de 10% des traitements
par semaine).
Mesures d ’accompagnement possibles
Pharmacologiques : sevrage hospitalier
 Pas d ’argument fort dans la littérature en faveur
d ’une molécule en particulier. Utilisation de
l ’amitriptilyne en 1ère intention (25 à 100 mg/j),
par voie veineuse (IV).
 Autres options thérapeutiques à envisager,
notamment en cas d ’intolérance ou de contre
indication à l ’amitriptilyne, telles que le
valproate de sodium; d ’autres anti-comitiaux
sont en cours d ’évaluation...
Mesures d ’accompagnement possibles
Pharmacologiques : sevrage ambulatoire
Amitriptilyne (laroxyl®) en
1ère intention (25 à 100
mg/j, per os).
Nature du suivi
Médicamenteux
• en cas de maladie migraineuse préexistante, un
traitement prophylactique antimigraineux est débuté à
la fin du sevrage.
• Education concernant la gestion de ses crises de
migraine.
• l ’ordonnance délivrée à la fin du sevrage doit
préciser la nécessité de ne pas dépasser
régulièrement 2 prises par semaine
Psychothérapeutiques et musculo squelettiques
CCQ sans abus médicamenteux
 La prise en charge passe par :
• le traitement de fond de la migraine ou de la
céphalée de tension : amitriptilyne 25 mg à 100
mg /j
(grade A pour les céphalées de tension chroniques)
• le traitement des facteurs associés,
psychopathologiques et musculo-squelettiques
(TCC : grade B)
PREVENTION PRIMAIRE DES CCQ+++
Identification et prise en charge
des patients à risque
 Augmentation de la fréquence des céphalées
 Surconsommation de traitements de crise
 Inefficacité successive de plusieurs traitements prophylactiques
de la migraine
 Facteurs psychopathologiques, notamment événements de vie à
forte composante émotionnelle, co-morbidité psychiatrique
 Association de céphalées chroniques avec d ’autres douleurs
chroniques, notamment des douleurs musculo squelettiques,
localisées ou diffuses
 Troubles du sommeil.
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