La Lettre du Sénologue - n ° 38 - octobre-novembre-décembre 2007
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ces deux lésions sous le terme de néoplasie lobulaire (NL) (7).
Plus récemment, l’équipe de Tavassoli et l’OMS (8) ont proposé
une nouvelle classification en utilisant le terme de “lobular intra-
epithelial neoplasia” (LIN), avec trois catégories : LIN 1, 2 et 3.
Cette dernière correspond aux lésions les plus agressives, in-
cluant la variante pléiomorphe et celle avec nécrose.
Les CLIS purs (sans carcinome canalaire in situ associé [CCIS])
sont rares. Ils représentent dans les différentes études de 0,5 à
3,8 % de tous les cancers mammaires (1, 9) et environ 10 à 15 %
des carcinomes non invasifs. Déjà en 1987, Frykberg (10) notait
que l’âge au diagnostic se situait entre 44 et 47 ans, soit une di-
zaine d’années plus tôt que pour les cancers invasifs. Pour cet
auteur, plus de 90 % des femmes avec un CLIS n’étaient pas mé-
nopausées. En 1993, le même auteur faisait état, parmi une série
de 6 287 biopsies mammaires, d’une incidence de CLIS de 2,3 %
et de CCIS de 6,9 % (11). Plusieurs autres auteurs ont rapporté
l’incidence de CLIS à partir de prélèvements percutanés. À Hous-
ton, Middleton (12) retrouve parmi 2 237 biopsies réalisées entre
1995 et 2001, 35 (1,5 %) “néoplasies lobulaires” incluant 14 CLIS,
17 HLA et 4 NL. À New York, Liberman (13) retrouve, parmi
1 315 biopsies, 16 (1,2 %) CLIS. On peut noter des variations en
fonction du type et du nombre de prélèvements. Ce sujet sera
développé dans d’autres parties du dossier.
En 1991, les données du registre SEER (Surveillance Epidemio-
logy and End Results) de Détroit faisaient état d’une incidence
de CLIS de 0,9/100 000 femmes en 1973-1974 versus 2,8/100 000
femmes pour les CCIS.
En 1985, Bondeson (13) a évalué le taux de CLIS parmi 200 mam-
moplasties de réduction. Il n’a trouvé aucun cas parmi les femmes
de moins de 30 ans, mais 7 CLIS parmi celles plus âgées, avec une
incidence globale de 3,5 % (et de 8 % dans le groupe des patientes
de plus de 40 ans).
Dans les séries autopsiques, le taux de CLIS retrouvé est inférieur
à 1 %, mais la méthodologie de ces études (âge des patientes, mo-
dalités de prélèvement) a été souvent critiquée (1).
Une mise au point très précise à partir de neuf registres de la
base SEER (qui représentent environ 11 % de la population amé-
ricaine) sur la période 1978-1998 a été faite par Li en 2002 (9).
L’augmentation de l’incidence en fonction des tranches d’âge est
détaillée dans le tableau. Tout âge confondu, l’incidence est pas-
sée de 0,8/100 000 femmes par an en 1978-1980, à 2,83/100 000
femmes par an en 1987-1989 et à 3,2/100 000 femmes par an en
1996-1998. Cela correspond à une multiplication par quatre de
l’incidence globale sur 20 ans, mais en réalité, l’augmentation est
plus importante pour les femmes entre 50 et 59 ans (x 5,3) et 60-
69 ans (x 5,1). On note également des disparités d’incidence entre
les neuf registres ayant collecté les données de cette étude.
L’auteur suggère que cette augmentation de l’incidence, nota-
ble surtout chez les femmes de plus de 50 ans, puisse être due,
comme cela a été constaté pour les cancers invasifs, à l’utilisation
croissante du traitement hormonal substitutif (THS), mais éga-
lement au développement du dépistage mammographique. Plus
récemment, dans la Million Women Study (14), le risque rela-
tif (RR) de CLIS observé chez les utilisatrices de THS versus les
non-utilisatrices était de 2,82 (IC95 : 1,72-4,63), ce qui est le plus
élevé parmi les formes histopathologiques de cancer mammaire
étudiées dans cette cohorte. n
Tableau.
Variations de l’incidence des CLIS (taux/100 000 femmes
par an) dans la base SEER américaine (1978-1998) (modié d’après
Li, 2002).
Âge 1978-1980 1987-1989 1996-1998
40-49 3,4 8,3 7,2
50-59 2 9,1 11,5
60-69 1,1 6.4 8,1
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