Cancer lobulaire in situ (CLIS) : expérience française D

La Lettre du Sénologue - n ° 38 - octobre-novembre-décembre 2007
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Cancer lobulaire in situ (CLIS) : expérience française
Lobular carcinoma in situ (LCIS): the French experience
IP B. Cutuli*
OBJECTIF
Compte tenu de sa rareté, la signification réelle du CLIS reste
incertaine (simple marqueur de risque ou réel précurseur de
carcinomes invasifs) et ses options thérapeutiques sont très dis-
cutées. Après le symposium de l’Eusoma (European Society of
Mastology), qui s’était tenu à Londres le 1er février 2004, il était
apparu indispensable de recueillir un nombre important de cas
avec un suivi suffisant, pour évaluer le plus précisément possible
l’évolution en fonction des diverses modalités de traitement (1).
MÉTHODOLOGIE
De 1985 à 2000, tous les CLIS observés dans 12 centres anti-
cancéreux français ont été colligés, en excluant les patientes
ayant eu un cancer du sein invasif ou in situ préalable ipsi- ou
controlatéral. Cette étude a été présentée en séance plénière
au 29e Breast Cancer Symposium de San Antonio en cem-
bre 2006 (2).
SULTATS
On dénombre 325 patientes avec 330 CLIS analysables. Le
recul global dian était de 9,4 ans. Lâge médian était de 49
ans (32-79) [figure 1]. Trente-cinq pour cent étaient méno-
pausées et 23 % avaient eu un THS ; 29 % des patientes avaient
un ancédent familial (premier et/ou deuxième degré) de can-
cer mammaire ; 24 % avaient été déopérées pour une lésion
mammaire bénigne (fibroadénome, kyste, etc.). La majorité
(63 %) des lésions a été découverte à la mammographie (figure
2), mais 32 % sur des signes cliniques et 5 % lors de l’exérèse
chirurgicale de lésions bénignes ou chirurgie plastique (mam-
moplastie de réduction).
Les 330 CLIS ont été traitées soit par chirurgie conservatrice
(CC) exclusive (n = 255 ; 77,3 %), soit par mastectomie (n =
38 ; 11,5 %) ou CC avec radiothérapie (RT) (n = 37 ; 11,2 %) à
l’instar des CCIS. Vingt-quatre patientes ont reçu du tamoxi-
fène (CC : 11 ; CC + RT : 13). Les lésions étaient unifocales
(58 %) ou plurifocales (42 %). Lexérèse avait été considérée
complète” dans 61 % et 73 % dans les groupes CC et CC + RT
respectivement. Des lésions associées (hyperplasie canalaire
ou lobulaire atypique et/ou adénose sclérosante) étaient pré-
sentes dans environ un tiers des cas.
*Service de radiothérapie-oncologie, polyclinique de Courlancy, Reims.
Le tableau détaille le nombre de rechutes ipsilatérales (RL) et
les cancers controlatéraux (CSC) en fonction du type de trai-
tement et des différents suivis. Dans le groupe CC (255 cas), le
risque de RL cumulé à 10 ans est de 24 % (autant de lobulaires
[CLIS] que de canalaires [CCIS]) dont deux tiers de cancers in-
vasifs. Le délai médian de RL est de 53 mois, très similaire à
celui des CCIS traités par CC. La RL est située au niveau de la
lésion initiale dans 45 % des cas, dans un autre quadrant dans
43 % des cas et non précisée dans 12 % des cas. Le risque de RL
augmente régulièrement avec le temps, comme d’autres études
l’avaient montré précédemment. Après mastectomie (suivie de
reconstruction dans 80 % des cas), il n’y a eu aucune RL. Cette
étude fait pour la première fois état de l’utilisation de la RT dans
les CCIS comme pour les CLIS (3). Le résultat est intéressant
avec un taux de contrôle local de 95 % à 12 ans. Dans ce travail,
il n’y a pas eu de relecture centralisée des lames, mais tous les
comptes-rendus histopathologiques ont été vérifiés.
Six récidives axillaires sont apparues après RL invasive, de
même que cinq évolutions métastatiques (4 après CC et 1
après RC + RT). Treize patientes ont veloppé un second
cancer. Vingt-six patientes ont présenté un cancer du sein
controlatéral (CSC), dont 7 (27 %) in situ (3 CLIS et 4 CCIS) et
19 (73 %) infiltrants (7 CLI et 12 CCI). Il n’y a pas de différence
significative entre les taux de CSC en fonction du traitement.
Dans le groupe des 255 patientes traies par CC, aucun facteur
de risque spécifique de RL na pu être identifié (âge/nombre de
foyers/présence d’une hyperplasie associée/quali de lexése).
Cette étude constitue, à notre connaissance, la plus importante
rie de CLIS étudiée en détail jusquà ce jour. Une étude prospec-
tive à l’échelle nationale est également prévue à partir de 2008. n
Tableau.
Taux de récidives locales intramammaires et cancer du sein
controlatéral en fonction des traitements (étude multicentrique
française ayant inclus 330 CLIS).
RL CSC
CS CS+RT M CS CS+RT M
Suivi
médian
(années)
8 12 11 8 12 11
RL in situ 17 - - 6 - 1
RL
invasive
32 2 - 14 2 3
Total 49 (19,2 %)(1) 2 (5,4 %) - 20 (7,8 %) 2 (5,4 %) 4 (10 %)
RL : récidive locale (quelle que soit la topographie dans le sein traité). CSC : cancer du sein controlatéral.
(1) : le taux de RL à 10 ans est de 24 %.
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Remerciements
Cette étude n’aurait pu être réalisée sans la coopération très active
de nombreux collègues et amis : Youlia Kirova (Institut Curie, Paris),
Juana Hernandez (Institut Gustave-Roussy, Villejuif) ; Christelle Levy
(Centre François-Baclesse, Caen), Claire Brunaud (Centre Alexis-
Vautrin, Vandœuvre-lès-Nancy), Frédérique Penault-Llorca (Centre
Jean-Perrin, Clermont Ferrand), Sylvia Giard (Centre Oscar-Lam-
bret, Lille), Philippe Quétin (Centre Paul-Strauss, Strasbourg), Éric
Fondrinier (Centre Paul-Papin, Angers), Christine Cohen-Solal-Le
Nir (Centre René-Huguenin, Saint-Cloud), Brigitte De Lafontan (Cen-
tre Claudius-Regaud, Toulouse), Anne Meunier (Centre Léon-Bérard,
Lyon), Renaud Fay (Centre d’Investigation Clinique, Toul).
RéféRences bibliogRaphiques
1. Lakhani SR, Audretsch W, Cleton-Jensen AM et al. e management
of lobular carcinoma in situ (LCIS). Is LCIS the same as ductal carci-
noma in situ (DCIS)? Eur J Cancer 2006;42:2205-11.
2. Cutuli B, Kirova Y, Hernandez J et al. Lobular carcinoma in situ
(LCIS). Indolent disease or precursor of invasive breast cancer (IBC)?
Analysis of 330 cases. Breast Cancer Res Treat 2006;100,suppl.1,S15
Abs.31.
3. Cutuli B, De Lafontan B, Quétin P, Mery E. Breast conserving surgery
and radiotherapy a possible treatment for lobular carcinoma in situ?
Eur J Cancer 2005;41:380-5.
Figure 1.
Distribution en fonction de lâge (325 patients).
Figure 2.
Caractéristiques mammograhiques (287 cas précis :
88 %).
1 / 2 100%

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