
La Lettre du Sénologue - n ° 38 - octobre-novembre-décembre 2007
Dossier
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Traitement conservateur des cancers infiltrants (CI) :
influence de la présence de CLIS associé
The impact of lobular carcinoma in situ (LCIS) in association  
with invasive breast cancer in breast-conserving therapy
IP B. Cutuli*
Parmi  les  facteurs  anatomopathologiques  favorisant  la 
récidive  locale  (RL)  après  traitement  radiochirurgical 
conservateur d’un cancer infiltrant (CI), l’état des berges 
d’exérèse et la présence d’une composante intracanalaire (plus 
ou moins étendue) ont été largement décrits (1, 2). En revanche, 
peu de données sont disponibles concernant l’influence d’une 
composante de carcinome lobulaire in situ (CLIS).
Trois  études  déjà  anciennes  ont  fourni  des  résultats  contra-
dictoires (3-5). Moran, en 1998 (3), a rapporté l’expérience de 
l’université de Yale. Parmi 1 096 patientes traitées avant 1992 par 
association radiochirurgicale pour un CI, 51 (4,6 %) présentaient 
une composante de CLIS associée. Les taux de récidive locale 
(RL) à 10 ans étaient de 23 % et 17 % avec et sans CLIS associé 
(p = NS). Les auteurs concluaient donc que le traitement conser-
vateur restait faisable dans cette situation. Toutefois, dans cette 
étude, l’analyse des marges d’exérèse n’était pas rigoureuse, et le 
nombre de “réexcisions” très différent entre les deux groupes. 
L’expérience des équipes de Boston a été ensuite rapportée par 
Abner en  2000 (4).  Parmi 1 181  patientes traitées  de 1968  à 
1986, 137 (12 %) avaient une composante de CLIS. Les taux 
de RL à 8 ans étaient identiques (12 %) pour les deux groupes. 
Dans cette étude également, on notait d’importantes insuffi-
sances en ce qui concerne l’évaluation des marges et la “quan-
tification” de l’étendue du CLIS. 
La troisième étude du groupe de Philadelphie a été rapportée 
par  Sasson  en 2001  (5). Parmi 1 274  patientes traitées entre 
1979 et 1995, 65 (5 %) avaient une composante de CLIS. Cet-
te fois, on retrouve une différence très significative entre les 
deux groupes avec des taux de RL à 10 ans de 6 % versus 29 % 
(p = 0,0003)  en  cas  d’absence  ou  présence  de  CLIS  associé. 
Toutefois, pour les patientes avec CLIS ayant reçu du tamoxi-
fène, ce taux chutait à 8 %. En revanche, le risque de RL était 
augmenté en cas d’antécédents familiaux de cancer du sein et 
chez les femmes de moins de 50 ans.
Deux autres études, publiées en 2006, donnent également des 
résultats contradictoires. Ben David (6), à partir d’une série de 
1 196 patientes traitées entre 1989 et 2003, a comparé les 64 pa-
tientes (5 %) avec une composante de CLIS associée à 121 autres 
sans CLIS (cas “contrôles”). Une revue centralisée des lames a été 
réalisée pour les patientes avec une composante de CLIS, per-
mettant d’en préciser la taille, l’uni- ou la multifocalité et l’étendue 
de la marge. Avec un recul de 4 ans, les taux de RL dans les deux 
groupes sont identiques (1,7 %) et les auteurs concluent donc que 
*Service de radiothérapie-oncologie, polyclinique de Courlancy, Reims.
la présence de CLIS n’est pas un facteur de risque de RL. La der-
nière étude rapportée par Jolly (7) a analysé 607 patientes traitées 
de 1980 à 1986 au William Beaumont Hospital ; 56 (9 %) avaient 
une composante de CLIS associée. Les taux actuariels de rechute 
à 10 ans sont de 7 % et 14 % dans les deux groupes sans et avec 
CLIS (p = 0,04 %). Cependant, à 15 ans, les taux sont superposa-
bles (15 %) pour les deux populations. 
Les auteurs considèrent que la présence de CLIS est un facteur 
de risque de RL indépendant et suggèrent la nécessité d’une 
exérèse “complète” de ces lésions.
En conclusion, les résultats sont contradictoires, car les compa-
raisons inter-études sont très difficiles, et les analyses anatomopa-
thologiques ne tiennent pas compte du type de CLIS. Il n’est pas 
envisageable de proposer une reprise systématique des berges en 
cas d’atteinte par du CLIS, mais il est possible que les formes plus 
agressives (LIN 3), en particulier chez les femmes jeunes, doivent 
faire l’objet d’une résection complète et on peut se demander s’il 
ne serait pas nécessaire de rediscuter des “marges d’exérèses sai-
nes” minimales pour ces patientes, afin de réduire le risque de RL. 
D’autres études, tant rétrospectives que prospectives, semblent 
indispensables afin de répondre plus précisément à cette ques-
tion.  n
RéféRences bibliogRaphiques
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