244
Mise au point
Mise au point
Mise au point
Mise au point
Les diagnostics différentiels
Diagnostiquer les troubles dépressifs
peut également présenter des diffi-
cultés non seulement dans les cas où la
symptomatologie est pauvre, mais
également dans les cas où la sympto-
matologie la plus marquée n’est pas de
nature “dépressive”, notamment en
présence de comorbidité(s) anxieu-
se(s).
La difficulté est d’autant plus grande
que la symptomatologie anxieuse est
moins “silencieuse” et plus souvent
mise en avant par les patients et, ainsi,
elle est plus facilement reconnue par
le médecin. Enfin, l’association
“dépression/anxiété” concerne quasi-
ment la moitié des patients atteints de
troubles de l’humeur.
Prendre en charge des
troubles dépressifs
Les premières étapes de la prise en
charge
La prise en charge des troubles dépres-
sifs doit tenir compte de deux grands
facteurs potentiellement impliqués
dans l’étiopathologie. L’un est la com-
posante “biologique” des troubles
dépressifs, où les événements de la vie
auraient un rôle mineur, l’autre est la
composante “psycho-sociale” où exis-
terait un déficit d’adaptation face à
une situation difficile, quelle qu’en
soit la nature réelle ou symbolique.
Dans cette démarche, plusieurs élé-
ments sont à prendre en compte par le
médecin, qui déterminent in fine la
prise en charge thérapeutique.
La personnalité du patient
Elle joue un rôle important dans les
rapports qui s’installent entre soigné
et soignant. Le rôle du médecin est
d’informer le mieux possible son
patient sur sa maladie et ses traite-
ments, tout en tenant compte de sa
vulnérabilité individuelle et de son
niveau d’anxiété.
L’alliance entre le patient et le
médecin
Pour assurer une meilleure réussite de
la prise en charge, il est nécessaire de
créer une alliance entre le patient et le
médecin, qui dépend de plusieurs fac-
teurs :
– la capacité du médecin à rassurer
son patient ;
– la confiance du patient vis-à-vis de
son médecin ;
– la représentation qu’a le patient de
sa maladie et l’explication qu’il en
donne ;
– l’acceptation du traitement par le
patient ;
– la capacité qu’a le médecin à définir
son rôle et l’évaluation de ses limites ;
– la possibilité d’établir un relais entre
généraliste et spécialiste.
L’implication de la famille
La famille doit être considérée comme
un entourage actif, bien que son rôle
ne s’inscrive pas toujours dans une
dynamique positive. Elle peut cepen-
dant aider le patient et assurer sa sécu-
rité. Elle doit être, en fonction de la
volonté du malade, informée de son
état de santé, mais également des
risques liés aux troubles dépressifs,
notamment du risque de passage à
l’acte suicidaire.
Dans la mesure du possible, elle doit,
en fonction des moyens ou des infor-
mations qui lui sont donnés, participer
aux soins et à l’amélioration de l’état
de santé du malade.
Les moyens thérapeutiques
La prise en charge médicamenteuse
L’évidence est qu’il faut traiter un
trouble dépressif à partir du moment
où le diagnostic est établi. Le traite-
ment a pour objectif immédiat de sou-
lager la souffrance psychique et phy-
sique du malade, et de limiter le risque
suicidaire.
Différents points sont à prendre en
compte avant de choisir un antidépres-
seur.
◗La notion de délai d’action repose
essentiellement sur la composante cli-
nique. En termes pharmacologiques,
les antidépresseurs, comme tous xéno-
biotiques introduits dans un organisme
vivant, agissent immédiatement ; en
revanche, en termes cliniques, il existe
un délai d’action quel que soit l’anti-
dépresseur, il est au minimum de deux
à trois semaines, voire plus au niveau
de l’humeur. D’où la nécessité d’in-
former le patient de ce délai afin d’ob-
tenir une bonne observance du traite-
ment, en l’absence de résultats
concrets immédiats.
◗La notion de spécificité individuel-
le ou de “terrain particulier” : tous
les patients ne répondront pas de la
même manière à un traitement. Les
antécédents de réponse ou de non-
réponse à une molécule sont à prendre
en considération.
◗La présence d’une ou de comorbi-
dités psychiatriques et/ou soma-
tiques, qui sous-tendent la difficulté
du choix du traitement. Si deux traite-
ments s’avèrent nécessaires, il faut
définir la temporalité de ces traite-
ments : en même temps, l’un après
l’autre et, s’ils sont associés, détermi-
ner les moments de leurs arrêts, simul-
tanés ou non, et leurs éventuelles
interactions.
◗Le choix de l’antidépresseur. Il est
actuellement difficile de proposer une
classification indiscutable. Plusieurs
sont proposées, tenant compte soit
d’activités neurobiochimiques, soit de
l’impact clinique. La plus usitée est la
classification neurobiochimique qui,
paradoxalement, fait référence soit à
leur structure chimique (antidépres-
seurs imipraminiques), soit au méca-
nisme d’action (inhibiteur de la mono-
amine-oxydase [IMAO], inhibiteur de
la recapture de sérotonine [IRS]), sans
compter les nouvelles molécules qui
apparaissent sur le marché et préten-
dent représenter une nouvelle classe.
L’étiopathologie des troubles dépres-
sifs, dans leur approche neurobiolo-
gique, fait référence principalement à
des déficits ou à des dysfonctionne-
ments des principaux systèmes ami-
nergiques. Il est probable que la
dépression ne soit pas un déficit en