La dépression touche un nombre grandissant de
seniors. Cette situation résulte en partie du
vieillissement de la population. Compte tenu de son
impact péjoratif sur la qualité de vie, sur le risque de
perte d’autonomie, la moins bonne récupération lors
d’une atteinte organique et du risque majoré de
mortalité, une prise en charge appropriée s’impose.
Toutefois, les signes d’alerte chez le sujet âgé pouvant
être très différents de ceux de l’adulte jeune, ce trouble
psychique est bien souvent négligé et insuffisamment
traité chez les seniors.
Selon les revues les plus récentes, la prévalence d’un
syndrome dépressif majeur serait de 5 à 9% chez les
plus de 75 ans alors qu’une symptomatologie infra-
clinique concernerait de 4,5 à 37% des sujets. La
plupart des épisodes dépressifs survenant en seconde
partie de vie seraient en fait une récurrence
d’événements plus anciens. De nombreuses affections
somatiques ou psychiques augmentent le risque de
dépression. Il s’agit en particulier des maladies
chroniques telles que le diabète, l’infarctus du
myocarde, l’insuffisance cardiaque, la broncho-
pneumopathie chronique obstructive, les accidents
vasculaires cérébraux, les douleurs chroniques, les
cancers… Les affections neurologiques telles que les
démences de type Alzheimer, ou la maladie de
Parkinson sont également souvent associées à un état
dépressif.
De nombreux facteurs psycho-sociaux peuvent être
également associés à un risque de dépression. Il s’agit
en particulier de l’isolement social, de la perte d’un
proche, du fait d’être un aidant, de la perte d’un statut
social ou bien encore d’une entrée en institution.
Le diagnostic de dépression majeure est
essentiellement basé sur les critères du DSM-IV ainsi
que sur l’échelle de dépression gériatrique ou GDS-15,
échelle spécifiquement développée et validée pour le
grand âge. L’évaluation des risques associés, au
premier rang desquels figure le risque de suicide, est
aussi très importante lors de la consultation. Bien
souvent, la symptomatologie demeure fruste bien que
les retentissements fonctionnels soient bien réels. Les
symptômes peuvent être attribués au simple
vieillissement ou encore aux comorbidités, situation
aboutissant à un sous-diagnostic et un usage moins
fréquent de traitements appropriés que chez les patients
plus jeunes. Bien qu’un syndrome dépressif soit très
souvent associé à des troubles cognitifs, les relations de
cause à effet ne sont pas encore bien comprises. En
particulier, les évidences manquent en ce qui concerne
un bénéfice éventuel des traitements antidépresseurs
sur le risque de démence.
La prise en charge des patients doit être globale et
rechercher d’éventuels facteurs aggravants,
comorbidités ou anomalies biologiques en particulier.
En présence de symptômes infra-cliniques ou d’une
dépression légère, des interventions psychosociales
adaptées à chaque cas peuvent se montrer très
bénéfiques et suffisantes. Lorsqu’un traitement
médicamenteux s’avère nécessaire, ce sont les
antidépresseurs tricycliques ou les inhibiteurs sélectifs
de recapture de la sérotonine, ou ISRS, ainsi que les
inhibiteurs de recapture mixtes, qui se montrent les
plus actifs. Globalement, les ISRS sont en général les
antidépresseurs présentant le meilleur rapport bénéfice/
risque. Les effets indésirables les plus fréquents étant
les effets anti-cholinergiques, l’hypotension
orthostatique et la sédation, plus souvent observés avec
les antidépresseurs tricycliques, mais pouvant être
atténué par une adaptation progressive de la posologie.
Bien souvent, les effets indésirables apparaissent
rapidement alors que les effets bénéfiques peuvent
nécessiter plusieurs semaines de traitement. Une
surveillance régulière des symptômes dépressifs, des
effets secondaires, des divers facteurs de stress, avec
une implication du patients, doit permettre d’optimiser
le traitement. Plusieurs questions demeurent toutefois
sans réponse satisfaisante, telles que l’amélioration du
diagnostic et du traitement d’une dépression chez le
sujet dément, ou encore, la durée optimale de
traitement chez une personne âgée.
Les particularités de la dépression du sujet âgé.
T. Cudennec,
Hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt
Af 657-2011
©2011 Successful Aging SA
Rodda J, Walker Z, Carter J. Depression in older adults. Brit Med J. 2011;343:d5219.
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