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Solutions médicamenteuses
Plusieurs solutions doivent être systéma-
tiquement envisagées : simplifier le
schéma thérapeutique en favorisant la
monothérapie ; privilégier les traitements
qui permettent une monoprise et les sub-
stances actives aux effets latéraux mineurs
(SSRI et nouveaux antidépresseurs, neu-
roleptiques atypiques) ; prévenir les
effets secondaires par l’information du
patient et l’utilisation de correcteurs per-
mettant une meilleure tolérance ; adapter
progressivement la posologie à une dose
minimale efficace.
Lorsque l’observance est de très mauvaise
qualité, l’utilisation de traitements à libé-
ration prolongée peut être nécessaire mais
reste inefficace sur l’observance à moyen
et long termes. Actuellement, aucune
forme retard d’un antipsychotique aty-
pique n’est disponible. En aucun cas, cette
prescription ne peut être envisagée comme
une contrainte aux soins. Ceux-ci ne pour-
ront éviter, par ce type de prescription, les
nécessaires mesures d’information et
d’éducation sur la maladie. La prise en
charge psychothérapeutique doit en prio-
rité tenter d’améliorer la prise de
conscience de la nature morbide des
troubles.
Solutions liées au patient
Lorsque cela est possible, l’implication de
l’entourage familial dans un projet théra-
peutique permet une meilleure adhésion
du patient aux soins. La famille et les per-
sonnes proches peuvent aider le patient à
suivre les recommandations thérapeu-
tiques. La délivrance des médicaments par
des structures extra-hospitalières, comme
les dispensaires, est parfois le seul recours
pour s’assurer de la prise médicamenteuse.
Pour les personnes âgées, les visites à
domicile et l’utilisation de piluliers sont
des moyens efficaces. L’utilisation d’un
boîtier électronique enregistrant la date et
l’heure de chaque prise médicamenteuse
avec une sonnerie à l’heure de la prise du
traitement permet d’améliorer l’obser-
vance en luttant contre les phénomènes
d’oubli.
Solutions liées au médecin
L’attitude du médecin en matière de com-
munication, le type de relation méde-
cin/malade et les habitudes de prescription
sont essentiels en matière d’observance.
L’information dispensée doit être éclairée
(c’est-à-dire complète, compréhensible et
accessible) pour garantir une meilleure
efficacité, une meilleure tolérance et une
meilleure adhésion thérapeutique. Elle
concerne la pathologie en cause, les trai-
tements disponibles, les objectifs, les
bénéfices et les effets latéraux des médi-
caments prescrits. Le praticien doit favo-
riser une attitude active du patient vis-à-
vis de son traitement. Un patient
comprenant la nature de sa maladie et
connaissant les risques évolutifs aura une
meilleure adhésion thérapeutique. L’in-
formation donnée au malade et à sa famille
doit permettre une véritable “négociation”
dans le but d’adapter le traitement à un
style de vie personnel. Par exemple, l’ho-
raire de la prise est négocié avec le patient
en fonction de ses habitudes de vie
(horaire des repas, rituels quotidiens, cou-
cher, douche…). Le délai d’action, les
risques et les attitudes à avoir face aux
effets secondaires doivent être expliqués.
L’utilisation d’un carnet de suivi de traite-
ment comprenant quelques pages d’expli-
cations générales sur la pathologie et des
recommandations sur le suivi du traite-
ment est un moyen simple mais sûr d’in-
formation.
Antidépresseurs et observance
L’ observance des antidépresseurs est habi-
tuellement surestimée par le clinicien. La
non-observance dans la dépression est
importante, évaluée entre 16 et 68 %. À
partir de contrôles urinaires, il a été estimé
que 44 % des patients traités en ambula-
toire par antidépresseurs sont non obser-
vants (29). Des travaux portant sur les
dépressions résistantes montrent qu’en
réalité, les sujets sont peu ou pas obser-
vants dans près d’un cas sur deux. Les fac-
teurs principaux sont la durée de traite-
ment, le nombre de prises, la tolérance, la
relation avec le médecin et l’information.
La proportion de patients prenant réguliè-
rement leur médicament diminue au cours
du temps. Selon une étude anglaise, la
non-observance aux antidépresseurs tri-
cycliques est de 32 % à trois semaines, de
50 % à 9 semaines et de 60 % au-delà de
trois mois de traitement (26). Le nombre
de prises est également impliqué. Dans un
travail concernant les antidépresseurs, il
est observé que 70 % des patients ne sui-
vent pas la prescription si le médicament
est prescrit quatre fois par jour, 60 % pour
trois prises par jour, 30 % pour deux prises
et seulement 7 % dans le cas d’une prise
unique (6, 27).
L’arrivée sur le marché de nouveaux anti-
dépresseurs, parmi lesquels on trouve les
inhibiteurs spécifiques de la recapture de la
sérotonine (SSRI), a permis une réduction
importante des effets latéraux indésirables
et donc une amélioration de l’observance
thérapeutique. En effet, cette bonne tolé-
rance est d’autant plus souhaitable que le
traitement antidépresseur est envisagé au
long cours. Parmi les effets souvent res-
ponsables de l’arrêt du traitement sont rap-
portés les troubles sexuels et la prise de
poids. À l’inverse des risques de rechute
dépressive, il est rarement signalé au patient
la possibilité d’un syndrome de sevrage à
l’arrêt brutal des SSRI ou des tricycliques :
il se manifeste par des symptômes diges-
tifs (diarrhée, vomissement), un syndrome
pseudo-grippal, une anorexie, une insom-
nie et des symptômes psychiques comme
l’anxiété, l’agitation, les crises de larmes et
l’irritabilité.
La relation thérapeutique est importante,
puisque l’observance d’un traitement anti-
dépresseur tricyclique est améliorée lors-
qu’elle est associée à une psychothérapie
(10). Dans l’étude de Lin et al. (23), l’ob-
mise au point
Mise au point
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