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Position
du problème
L’observance se définit
comme le respect de la
prescription, la parfaite
concordance entre la
conduite du patient et les
conseils et prescriptions
du médecin. Le terme
d’adhésion thérapeu-
tique est utilisé avec la
même signification. Il
met l’accent sur le rôle
du médecin dans l’observance, en sug-
gérant les notions de recommandations
et de relation thérapeutique méde-
cin/patient.
Un certain nombre de travaux aux résul-
tats convergents permettent d’établir,
indépendamment du type de la popula-
tion concernée, des proportions de 20 à
50 % de patients considérés comme au
moins partiellement non observants (3, 6).
Ce phénomène de mauvaise observance
se rencontre dans toutes les disciplines
médicales mais semble toucher préfé-
rentiellement les patients présentant un
trouble psychiatrique comparativement
aux sujets ayant une pathologie phy-
sique (5). Le caractère chronique de la
maladie est un facteur qui influence
négativement l’observance. Quelle que
soit la précision de ces chiffres, il faut
retenir l’importance quantitative du
phénomène de non-observance théra-
peutique, trop souvent omis par le corps
médical.
Le défaut d’observance est source de
complications pour l’individu et
entraîne un surcoût économique pour la
société. Les répercussions pour le sujet
sont liées aux complications des
rechutes de la maladie psychiatrique.
Au maximum, le pronostic vital peut
être engagé chez les patients psycho-
tiques ou dépressifs en raison du risque
de passage à l’acte autoagressif (sui-
cide) et/ou hétéroagressif (homicide)
lors d’une rechute. La mauvaise adhé-
sion thérapeutique est source d’un
accroissement du nombre d’hospitali-
sations. Les conséquences sociales,
professionnelles et familiales des hos-
pitalisations itératives et des rechutes se
mesurent bien évidemment en termes de
réduction de la qualité de vie du sujet.
L’impact économique de la non-obser-
vance est difficile à esti-
mer. Les patients non
observants augmentent
le coût des soins liés à la
prolongation des
périodes passées en épi-
sodes aigus aux dépens
de celles de rémissions.
Pour Weiden et Olfson
(28), 40 % du coût hos-
pitalier direct peuvent
être attribués aux
rechutes par défaut d’ob-
servance.
Facteurs influençant l’observance
thérapeutique
Facteurs liés
au médicament
La tolérance peut être considérée comme
la raison principale expliquant une mau-
vaise adhésion au traitement. La stratégie
thérapeutique est à adapter au cas par cas,
avec comme idée directrice la plus grande
efficacité compatible avec la meilleure
qualité de vie possible.
Les effets neurologiques (akathisie, dys-
kinésie aiguë et tardive), endocriniens
(prise de poids, aménorrhée) et sédatifs
des neuroleptiques classiques sont fré-
quemment mis en avant dans les causes
d’arrêt du traitement. Les antidépresseurs
tricycliques, par leurs effets anticholiner-
giques (bouche sèche, constipation, hypo-
tension orthostatique, tremblements, séda-
tion), sont souvent arrêtés de façon
prématurée. Les tremblements sous
lithium ou antidépresseurs tricycliques, la
prise de poids sont des effets secondaires
Lobservance thérapeutique est largement sous-estimée
en psychiatrie comme l’ensemble des disciplines médi-
cales. Pourtant, ce phénomène par son ampleur devrait
être considéré comme un problème majeur de santé
publique. Des travaux existent qui ont mis en évidence des
facteurs prédictifs d’une mauvaise adhésion thérapeutique.
Le développement de moyens spécifiques de prise en char-
ge et d’évaluation du phénomène permettrait de renforcer
notre action thérapeutique et de mettre à profit les progrès
récents de la psychopharmacologie.
* Université Paris V, service hospitalo-
universitaire de santé mentale et
de thérapeutique (Pr H. Lôo et Pr J.P. Olié),
centre hospitalier Sainte-Anne, Paris.
mise au point
Mise au point
Observance thérapeutique
et psychiatrie
D. Misdrahi*, F.J. Baylé*
ACTUALITÉ PSY OCTOBRE 05/08/02 15:10 Page 285
mise au point
Mise au point
286
souvent allégués par les patients dans les
causes d’arrêt du traitement. Enfin, les
dysfonctionnements sexuels (impuis-
sance, frigidité, anorgasmie...) sont sou-
vent ignorés des médecins, car non explo-
rés, mais d’une grande fréquence. Ils
doivent être considérés comme une cause
possible de non-observance, d’autant plus
que le sujet est jeune (2, 13). Les nouvelles
molécules mises à la disposition des psy-
chiatres ont permis ces dernières années
d’énormes progrès en matière d’efficacité
et de réduction des effets secondaires.
C’est le cas des antidépresseurs inhibiteurs
de la recapture de la sérotonine (SSRI) et
des autres nouveaux antidépresseurs ou
des neuroleptiques dits atypiques.
L’efficacité du traitement ressentie ou
réelle intervient également dans le phéno-
mène d’observance. Les périodes de
rémission clinique sont aussi à risque. Le
sujet symptomatique sans réelle
conscience de l’efficacité préventive du
traitement peut l’arrêter prématurément.
En psychiatrie, le délai d’action des trai-
tements est souvent supérieur à trois
semaines. Cela peut être une source de
non-observance, chez un patient impar-
faitement informé.
Facteurs liés au patient
Les symptômes psychiatriques peuvent
rendre difficile l’adhésion aux soins et
l’observance. Dans le cas de la psychose,
l’évolution déficitaire marquée par
l’apragmatisme, l’aboulie, d’une part, et
le retentissement cognitif, d’autre part,
peut expliquer une mauvaise compré-
hension d’un traitement parfois com-
plexe. La méconnaissance des troubles et
de la maladie aboutit souvent au refus
actif du traitement. Enfin, la prise médi-
camenteuse peut venir alimenter une
symptomatologie productive persécutive
à thématique d’empoisonnement. Dans
les pathologies thymiques, les éléments
mégalomaniaques d’un état maniaque ou
à l’inverse les idées d’incurabilité d’un
épisode dépressif majeur sont des symp-
tômes qui peuvent rendre l’observance
difficile. Les troubles de la personnalité,
(borderline, sociopathique) et les
conduites addictives sont souvent à l’ori-
gine d’une mauvaise observance à plus
ou moins long terme. Les troubles du
comportement et l’ambivalence dans la
demande de soins, symptômes fréquents
de ces troubles de la personnalité sont
probablement en cause (19).
D’autres facteurs ne sont pas spécifiques
de la pathologie psychiatrique. L’aug-
mentation de la morbidité chez les per-
sonnes âgées rend souvent nécessaire la
polymédication. Des phénomènes d’ou-
bli secondaire à un déficit mnésique,
associé ou non à une pathologie démen-
tielle, peuvent perturber la qualité de
l’observance. La période d’adolescence
est particulière. Seuls 40 % des patients
âgés de 10 à 17 ans sont adhérents aux
soins dans l’année qui suit un passage à
l’acte suicidaire (24). Un environnement
familial défavorable et des facteurs cul-
turels semblent également impliqués.
Enfin, chez des personnes aux conditions
socio-économiques défavorisées, le coût
du traitement peut intervenir si le rem-
boursement est insuffisant ou nul.
Facteurs liés au médecin
L’information donnée aux patients sur
leurs traitements est très souvent insuffi-
sante. Les notices explicatives qui accom-
pagnent les médicaments énumèrent les
effets indésirables et les accidents sans
préciser leur fréquence de survenue et leur
éventuel caractère de gravité. Ces infor-
mations peuvent déconcerter le patient et
favoriser la mauvaise observance en
induisant des craintes excessives. L’ob-
servance dépend de la relation thérapeu-
tique. Une attitude trop rigide ou à l’in-
verse excessivement emphatique est à
éviter. Les habitudes de prescription peu-
vent être une source de mauvaise obser-
vance. La coprescription de plus de trois
médicaments est une éventualité trop fré-
quente dans le traitement des troubles psy-
chiatriques. La durée de la prescription est
également en cause. Dans une étude por-
tant sur des patients dépressifs, un dosage
urinaire a été utilisé pour contrôler la prise
du traitement : 28 % des patients traités
par antidépresseurs étaient non observants
à la fin du premier mois de traitement,
44 % à la fin du troisième mois et 51 %
au quatrième mois. Le nombre de prises
quotidiennes est un autre facteur influen-
çant l’observance (11, 25).
Quelles solutions ?
Au moins quatre groupes de facteurs
sont susceptibles d’influencer l’obser-
vance : l’information et la communication
avec le patient, la simplification des prises,
la planification des consultations au cours
desquelles les patients peuvent exprimer
au mieux leurs préoccupations, et la tolé-
rance au médicament utilisé (effets laté-
raux). À ce jour, peu d’études ont permis
de mettre en évidence l’impact d’un pro-
gramme thérapeutique d’aide à l’obser-
vance. La plus connue a été réalisée à
Seattle, avec l’aide de 22 médecins géné-
ralistes qui ont comparé un programme
thérapeutique à une prise en charge habi-
tuelle auprès de 217 patients dépressifs
(17). Le programme d’aide à l’observance
était constitué d’une action éducative
auprès des patients (brochure, film concer-
nant la dépression et son traitement), puis
d’une action auprès des médecins généra-
listes au cours des 4 à 6 premières semaines
de traitement. Les résultats ont montré l’in-
térêt du programme thérapeutique, com-
paré à la prise en charge habituelle, que ce
soit en termes d’observance, de satisfac-
tion du patient ou en nombre de répon-
deurs. Plus récemment, Kemp et al. (20)
ont montré la supériorité d’une thérapie
spécifique centrée sur l’observance com-
parée à une prise en charge classique. Ce
résultat a été confirmé dans une popula-
tion de patients psychotiques traités par
neuroleptiques (14).
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Solutions médicamenteuses
Plusieurs solutions doivent être systéma-
tiquement envisagées : simplifier le
schéma thérapeutique en favorisant la
monothérapie ; privilégier les traitements
qui permettent une monoprise et les sub-
stances actives aux effets latéraux mineurs
(SSRI et nouveaux antidépresseurs, neu-
roleptiques atypiques) ; prévenir les
effets secondaires par l’information du
patient et l’utilisation de correcteurs per-
mettant une meilleure tolérance ; adapter
progressivement la posologie à une dose
minimale efficace.
Lorsque l’observance est de très mauvaise
qualité, l’utilisation de traitements à libé-
ration prolongée peut être nécessaire mais
reste inefficace sur l’observance à moyen
et long termes. Actuellement, aucune
forme retard d’un antipsychotique aty-
pique n’est disponible. En aucun cas, cette
prescription ne peut être envisagée comme
une contrainte aux soins. Ceux-ci ne pour-
ront éviter, par ce type de prescription, les
nécessaires mesures d’information et
d’éducation sur la maladie. La prise en
charge psychothérapeutique doit en prio-
rité tenter d’améliorer la prise de
conscience de la nature morbide des
troubles.
Solutions liées au patient
Lorsque cela est possible, l’implication de
l’entourage familial dans un projet théra-
peutique permet une meilleure adhésion
du patient aux soins. La famille et les per-
sonnes proches peuvent aider le patient à
suivre les recommandations thérapeu-
tiques. La délivrance des médicaments par
des structures extra-hospitalières, comme
les dispensaires, est parfois le seul recours
pour s’assurer de la prise médicamenteuse.
Pour les personnes âgées, les visites à
domicile et l’utilisation de piluliers sont
des moyens efficaces. L’utilisation d’un
boîtier électronique enregistrant la date et
l’heure de chaque prise médicamenteuse
avec une sonnerie à l’heure de la prise du
traitement permet d’améliorer l’obser-
vance en luttant contre les phénomènes
d’oubli.
Solutions liées au médecin
L’attitude du médecin en matière de com-
munication, le type de relation méde-
cin/malade et les habitudes de prescription
sont essentiels en matière d’observance.
L’information dispensée doit être éclairée
(c’est-à-dire complète, compréhensible et
accessible) pour garantir une meilleure
efficacité, une meilleure tolérance et une
meilleure adhésion thérapeutique. Elle
concerne la pathologie en cause, les trai-
tements disponibles, les objectifs, les
bénéfices et les effets latéraux des médi-
caments prescrits. Le praticien doit favo-
riser une attitude active du patient vis-à-
vis de son traitement. Un patient
comprenant la nature de sa maladie et
connaissant les risques évolutifs aura une
meilleure adhésion thérapeutique. L’in-
formation donnée au malade et à sa famille
doit permettre une véritable “négociation”
dans le but d’adapter le traitement à un
style de vie personnel. Par exemple, l’ho-
raire de la prise est négocié avec le patient
en fonction de ses habitudes de vie
(horaire des repas, rituels quotidiens, cou-
cher, douche…). Le délai d’action, les
risques et les attitudes à avoir face aux
effets secondaires doivent être expliqués.
L’utilisation d’un carnet de suivi de traite-
ment comprenant quelques pages d’expli-
cations générales sur la pathologie et des
recommandations sur le suivi du traite-
ment est un moyen simple mais sûr d’in-
formation.
Antidépresseurs et observance
L’ observance des antidépresseurs est habi-
tuellement surestimée par le clinicien. La
non-observance dans la dépression est
importante, évaluée entre 16 et 68 %. À
partir de contrôles urinaires, il a été estimé
que 44 % des patients traités en ambula-
toire par antidépresseurs sont non obser-
vants (29). Des travaux portant sur les
dépressions résistantes montrent qu’en
réalité, les sujets sont peu ou pas obser-
vants dans près d’un cas sur deux. Les fac-
teurs principaux sont la durée de traite-
ment, le nombre de prises, la tolérance, la
relation avec le médecin et l’information.
La proportion de patients prenant réguliè-
rement leur médicament diminue au cours
du temps. Selon une étude anglaise, la
non-observance aux antidépresseurs tri-
cycliques est de 32 % à trois semaines, de
50 % à 9 semaines et de 60 % au-delà de
trois mois de traitement (26). Le nombre
de prises est également impliqué. Dans un
travail concernant les antidépresseurs, il
est observé que 70 % des patients ne sui-
vent pas la prescription si le médicament
est prescrit quatre fois par jour, 60 % pour
trois prises par jour, 30 % pour deux prises
et seulement 7 % dans le cas d’une prise
unique (6, 27).
L’arrivée sur le marché de nouveaux anti-
dépresseurs, parmi lesquels on trouve les
inhibiteurs spécifiques de la recapture de la
sérotonine (SSRI), a permis une réduction
importante des effets latéraux indésirables
et donc une amélioration de l’observance
thérapeutique. En effet, cette bonne tolé-
rance est d’autant plus souhaitable que le
traitement antidépresseur est envisagé au
long cours. Parmi les effets souvent res-
ponsables de l’arrêt du traitement sont rap-
portés les troubles sexuels et la prise de
poids. À l’inverse des risques de rechute
dépressive, il est rarement signalé au patient
la possibilité d’un syndrome de sevrage à
l’arrêt brutal des SSRI ou des tricycliques :
il se manifeste par des symptômes diges-
tifs (diarrhée, vomissement), un syndrome
pseudo-grippal, une anorexie, une insom-
nie et des symptômes psychiques comme
l’anxiété, l’agitation, les crises de larmes et
l’irritabilité.
La relation thérapeutique est importante,
puisque l’observance d’un traitement anti-
dépresseur tricyclique est améliorée lors-
qu’elle est associée à une psychothérapie
(10). Dans l’étude de Lin et al. (23), l’ob-
mise au point
Mise au point
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Mise au point
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) n° 8, octobre 2000 288
servance est améliorée de façon significa-
tive dans le groupe de patients qui bénéfi-
cient d’une information spécifique sur l’uti-
lisation et les effets des antidépresseurs.
Cinq messages à visée éducative sont rete-
nus : prise de l’antidépresseur tous les jours ;
délai d’action de 2 à 4 semaines ; poursuite
du traitement malgré l’amélioration ressen-
tie ; ne pas arrêter le traitement sans l’avis
de son médecin ; instructions spécifiques
permettant de répondre aux questions
notamment sur les effets secondaires.
Antipsychotiques
et observance
La collaboration à long terme du patient
souffrant de schizophrénie constitue un
enjeu majeur en psychiatrie. Les traite-
ments médicamenteux efficaces per-
mettant de diminuer la fréquence des
rechutes sont actuellement disponibles.
Selon les études, 16 à 80 % des patients
ne suivent pas les prescriptions du pra-
ticien (4, 8, 16). Après la sortie de l’hô-
pital, 10 à 40 % des schizophrènes trai-
tés rechutent dans l’année (15). Dans
deux tiers des cas, les réhospitalisations
sont dues à un défaut complet ou par-
tiel d’observance (1). La complexité du
traitement et la méconnaissance des
troubles de ces patients sont souvent
retrouvées comme causes de non-obser-
vance (14).
Sels de lithium et observance
Le lithium reste le traitement médica-
menteux de référence du trouble bipo-
laire. Il est montré que son observance
influence directement le taux de rechute
et inversement (7). Actuellement, le taux
de mauvaise observance lors d'un tel trai-
tement est compris entre 18 et 47 % (22).
En général, plus la durée d’évaluation est
longue, moins l’observance est bonne
(18). Un certain nombre de facteurs sont
identifiés comme influençant directe-
ment la prise du traitement dans le sens
d'une mauvaise observance : début pré-
coce de la maladie, sexe masculin,
nombre élevé de traitements hospitaliers
préalables à la mise sous lithium, trouble
de la personnalité et dépendance à une
substance. Certains facteurs expliquant
une mauvaise observance sont fournis par
les patients : difficulté pour accepter un
traitement au long cours, déni de la chro-
nicité de la maladie, difficulté pour
prendre un traitement lorsque l’on se sent
bien, perte de créativité sous traitement
(22). Parmi les problèmes liés à la tolé-
rance, les effets cognitifs, la prise de
poids, le syndrome polyuro-polydipsique
sont les raisons les plus fréquentes d’ar-
rêt de la lithiothérapie (12). Dans une
étude récente (21), l’observance de deux
formes galéniques de carbonate de
lithium, standard et à libération prolon-
gée, a été évaluée chez des patients
répondant aux critères diagnostiques du
DSM IV du trouble bipolaire ou de
dépression majeure récurrente. L’obser-
vance est meilleure pour la forme à libé-
ration prolongée. Cette supériorité
semble liée au nombre inférieur de com-
primés et de prises nécessaires par rap-
port à la forme conventionnelle, ce qui
confirme que la qualité de l’observance
est significativement corrélée au nombre
moyen de comprimés pris par jour.
Conclusion
D’une façon générale, l’observance est
sous-estimée par le corps médical. Pour-
tant, tous les travaux sur ce sujet, en psy-
chiatrie comme dans l’ensemble des dis-
ciplines médicales, confirment que les
taux d’observance sont faibles. Cette
mauvaise observance est une source
considérable de rechutes à l’origine d’une
altération de la qualité de vie du sujet. Il
s’agit également d’un problème médico-
économique majeur, puisqu’il entraîne de
façon indirecte un surcoût. En dépit de
l’importance du phénomène, peu
d’études sont conduites. Une explication
peut être l’absence quasi totale d’instru-
ments, de méthodes et d’outils d’évalua-
tion standardisés et fiables. Une prise de
conscience est nécessaire, car des
mesures existent pour améliorer l’obser-
vance. L’alliance thérapeutique est l’élé-
ment fondamental. Une bonne informa-
tion adaptée sur la maladie et son
traitement est indispensable. La disponi-
bilité de médicaments mieux tolérés
représente un progrès considérable, mais
ceux-ci sont encore insuffisamment pres-
crits, notamment dans la psychose. Une
réévaluation régulière des coprescrip-
tions et du nombre de prises est la garan-
tie d’une meilleure observance à long
terme. L’information des praticiens sur ce
problème méconnu est impérative. Le
développement d’outils de mesure qui
soient simples et standardisés permettrait
une meilleure évaluation en pratique quo-
tidienne.
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Résumé… Résumé… Résumé…
La mauvaise observance demeure l’un des problèmes majeurs de la prescription
des psychotropes et de la pratique médicale en général. Depuis quelques années,
une attention croissante est portée sur ce problème, comme en témoigne la dernière
version du Diagnostic and statistical manual of mental disorders (DSM IV). Dans
celui-ci, une catégorie additionnelle concerne la non-observance thérapeutique qui
est considérée comme “un facteur clinique devant retenir l’attention” (9). Dans les
causes possibles de résistance au traitement, la question de la coopération du patient
et de la fiabilité de la prise doit systématiquement être posée.
Les progrès considérables de la psychopharmacologie s’apprécient par le gain d’ef-
ficacité sur les symptômes psychiatriques et la réduction des effets secondaires. Tou-
tefois, ces avancées sont susceptibles d’être contrariées par une mauvaise obser-
vance entraînant une augmentation du nombre des hospitalisations, un
accroissement de la morbidité et une diminution de la qualité de vie des patients.
Les problèmes d’observance perturbent la relation du médecin et de son malade et
rendent difficile l’évaluation de la qualité des soins. La quantification du phéno-
mène demeure compliquée en partie par le défaut d’instrument d’évaluation spé-
cifique. Différents facteurs sont impliqués dans l’observance thérapeutique, et des
mesures susceptibles de l’améliorer existent. Selon le type de psychotrope consi-
déré, des aspects spécifiques de l’observance ont été décrits.
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