Les Français manquent de fibres
Nous ne consommons pas assez de fibres. Notre alimentation courante nous en
apporte en moyenne 17,5 g par jour, ce qui est insuffisant pour assurer la couverture
des besoins : les apports nutritionnels conseillés (ANC) sont de 25g/j minimum. Réuni
sous l’égide de la Société française de nutrition, un groupe de travail vient de formuler
des recommandations visant à nous mettre un peu plus à la fibre.
Autorités scientifiques, administrations, professionnels de l’agroalimentaire, de la
restauration collective, de la distribution… Tous sont invités à agir face au constat des
nutritionnistes : il faut augmenter la part des fibres dans notre alimentation, avec l’objectif
d’atteindre les ANC. Pourquoi ? Tout simplement parce que les bénéfices santé des fibres,
qui continuent à faire l’objet de recherches actives, sont déjà largement reconnus : pour le
transit, la digestion, la protection contre les toxines, la prévention de diverses maladies…
Les experts sont unanimes pour encourager la consommation diversifiée des aliments riches
en fibres : céréales, fruits, légumes, légumes secs… Mais certains produits « sources de
fibres » ou « riches en fibres », manquent d’attractivité pour le consommateur. Leur goût,
leur apparence, leur prix peuvent être un frein. Présentée abruptement, la notion de fibres
elle-même renvoie à un univers médicalisé, quasi exclusivement centré sur le transit
intestinal… A cela s’ajoute un autre obstacle : les professionnels de santé qui connaissent
les effets des fibres semblent encore trop peu nombreux.
Sensibiliser les professionnels et le grand public
C’est pourquoi il est besoin de les sensibiliser, en même temps que le grand public, aux
bénéfices santé des fibres et aux recherches en cours. Dans le cadre du Programme
national nutrition santé (PNNS), des précisions pourraient être apportées sur les types de
fibres, leurs effets bénéfiques, les aliments vecteurs, les quantités souhaitables, les effets
gênants en cas d’excès, etc. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail (ANSES) pourrait être invitée à actualiser les repères
nutritionnels. Le groupe de travail de la SFN suggère aussi d’utiliser les allégations
nutritionnelles et les allégations santé concernant les fibres. Voire d’encourager l’étiquetage
volontaire des quantités de fibres sur les produits.
La restauration collective est concernée
Il est aussi prévu d’engager la restauration collective à augmenter l’offre de fibres : avec, par
exemple, du pain fabriqué à partir de farines spécifiques, avec des produits céréaliers semi-
complets… Surtout, il s’agit de diversifier l’offre à travers des recettes attirantes qui
valorisent fruits, légumes et gumineuses. Les associations légumes + aliments céréaliers
font partie des recettes traditionnelles très utiles et très appréciées : pâtes + sauces ou
gumes, couscous + sauces, légumes et légumineuses, pains + légumes…
Autant de trucs que le consommateur peut aussi adopter à la maison. L’information sur
« fibres et santé » est appelée à se velopper. Et à mettre l’accent sur les fruits et légumes
locaux et de saison. Quitte à faire accepter aux familles une diversité de denrées plus limitée
en hiver.
Innovations techniques et recherches scientifiques
On mise aussi sur des innovations, pour développer des produits vecteurs de fibres ou
reformuler des aliments existants. A l’INRA de Nantes, un programme de recherche se
consacre à des aliments céréaliers, enrichis avec des fibres sélectionnées pour leurs
propriétés nutritionnelles. La filière céréalière s’intéresse à l’optimisation des qualités
nutritionnelles du pain. Au 9e congrès Vitagora « Goût-nutrition-santé »,en avril dernier à
Dijon, on a évoqué la recherche de produits spécifiques induisant la satiété…
Dans le même temps, les études scientifiques se poursuivent sur l’impact des fibres dans
l’alimentation humaine et sur leur intérêt pour la santé. On les étudie de près pour
l’amélioration du confort digestif bien sûr : Mais aussi pour la régulation ou la diminution de la
glycémie. La modulation de la réponse immunitaire. La prévention de la résistance à
l’insuline. L’amélioration des troubles fonctionnels intestinaux… On n’a pas fini d’essayer de
mettre les fibres au service de notre bien-être. Et de nous convaincre d’en manger plus !
(Nutrinews hebdo)
Société française de nutrition. Recommandations du « Groupe de travail fibres ».
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