N’importe quel soir, chacun peut – s’il ou elle en a le courage – emprunter le chemin boueux
qui mène à la colonie de lépreux de Naya Bazaar et y trouver Shanti en train de décorer
l’idole de Sri Rama avec des fleurs de champa (Michelia Champaca) dans le temple local
pour les bhajans du soir. Vous pouvez ensuite la voir mettre une magnifique guirlande de
fleurs de jasmin et de soucis autour d’une photographie de Bhagavan Baba, ses yeux
maintenant embués de larmes. Sous la photo, les paroles ‘’Pourquoi avoir peur, quand Je suis
ici ?’’ sont gravées.
Après les bhajans, elle pourra vous dire comment Swami a transformé sa vie de malédiction
en bénédiction. Avec des larmes qui coulent le long de ses joues, elle raconte comment dans
son adolescence, on a découvert qu’elle avait la lèpre. Les membres de sa famille avaient peur
d’attraper aussi la maladie et ainsi, ils la gardèrent confinée dans une pièce à l’extrémité du
village. ‘’Durant les premières semaines, je ne cessai pas de pleurer et de me demander,
pourquoi moi ?’’, dit Shanti. Après six mois d’isolement, elle fut conduite dans une clinique
et elle n’a plus revu sa famille depuis lors. ‘’Je me suis sentie abandonnée par ma propre
famille, mais c’était mon destin et je n’avais personne à blâmer.’’ La maladie la priva de
sensation dans son pied droit qui s’abîma tellement que finalement, il fallut l’amputer. En
cours de traitement, elle rencontra son mari – également marqué à vie par la lèpre.
L’histoire de Shanti est seulement
représentative des centaines de membres de
la colonie. En fait, son récit trouve un écho
auprès de l’ensemble des 250 et quelque
résidents. Ce sont tous des exclus sociaux,
traités avec mépris par tout un chacun. Même
s’ils sont guéris par les médicaments, ils
restent au ban de la société. Une fois infecté
par la lèpre, le malade est vite abandonné par
tous les membres de sa famille et par tous ses
amis. La lèpre est contagieuse et tandis que
la lèpre ronge lentement leurs mains et leurs
pieds, les Narayanas sont forcés de quitter la
société. Vivre une vie non reconnue par la société
Ils ne peuvent pas trouver de travail et ils
finissent souvent par mendier pour survivre
et par vivre dans des colonies sordides. Le
rejet social est en fait tellement important que,
même quand beaucoup sont guéris de leur
terrible maladie, ils se retrouvent dans des
colonies isolées. Ceux qui sont infectés sont
forcés de vivre une vie oubliée et humiliante.
Bien que les parties infectées du corps des
gens ne les fassent pas physiquement souffrir,
leurs vies sont marquées par une profonde
souffrance émotionnelle. Les stigmates qui
s’attachent à eux sont pires que de voir des
Une vie de chien parties de leurs corps, comme les extrémités
des doigts, du nez et des orteils simplement
disparaître.