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mener une étude rétrospective à ce
propos. Ainsi, parmi 106 patients
injectés, 102 (dont 13 avaient reçu un
traitement antimigraineux) ont été
suivis pour étudier l’effet préventif de
la TB sur leur migraine (figure 2).
Bien qu’il s’agît d’une étude rétros-
pective dont la crédibilité méthodolo-
gique reste limitée, ces résultats
n’étaient pas inintéressants. Elle a
ouvert un nouvel horizon dans le
traitement des céphalées et suscité
d’autres essais en double aveugle
(tableau II). En conclusion, selon cette
étude, les injections de TB peuvent
avoir un rôle préventif – et non curatif –
dans certaines formes de migraine.
TB et migraine : prévenir sans
guérir
Reposant sur plusieurs travaux récents
comme les essais de Binder et al.
(1998), et Thomas (2000), l’usage de
la TB peut avoir un effet préventif sur
les crises migraineuses. Le plus
souvent, il s’agit de crises épiso-
diques, avec ou sans aura, de
fréquence moyenne (2 à 5 par mois) et
d’intensité souvent sévère. Les sites et
la dose optimale des injections sont
variables selon la topographie de la
migraine. Dans la plupart des cas, ce
sont les muscles frontaux, temporaux,
occipitaux et même périorbitaux qui
sont sollicités. Selon les résultats de
ces essais, les injections de TB
peuvent améliorer le schéma évolutif
de la migraine en quantité et en
qualité. Ainsi, après injection de TB
dans le bon endroit, certaines crises
peuvent être décapitées et celles qui
surviennent seront moins sévères.
Cette amélioration est transitoire, sur
2 à 3 mois, ce qui nécessite une prise
en charge séquentielle à long terme.
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle
méthode thérapeutique, peu contrai-
gnante et sans danger, ouvre un
horizon prometteur devant la prise en
charge de la migraine. Il va sans dire
que cette méthode a besoin d’une
validation scientifique pour l’avenir.
Cela va libérer les migraineux des
prises quotidiennes de médicaments.
TB et céphalée de tension : effet
presque garanti quand c’est
nouveau
Sans être pour autant de diagnostic
facile à confirmer, la céphalée de
tension est parfois diagnostiquée, à
tort, en tant que crise de migraine. Or,
ce type de céphalée est peu sensible
aux antalgiques habituels et l’usage
abusif des antimigraineux peut avoir
des conséquences fâcheuses. Les
myorelaxants habituels semblent
répondre, par principe de mécanisme,
à ce genre de céphalée, mais leurs
effets secondaires généraux en
limitent largement la prescription.
Que faire, alors ? Prendre son mal en
patience et gâcher son week-end ?
Surtout pas ! En effet, le recours aux
injections de TB peut apporter une
bonne solution. Sans être contrai-
gnantes ni dangereuses, ces injections
soulagent le patient pour une période
de 2 à 4 mois environ, ce qui constitue
déjà un bon compromis.
On suppose que, par son action
myorelaxante, la TB entraîne un
relâchement musculaire local qui
empêche toute contraction néfaste à
l’origine de maux de tête par projec-
tion.
La technique d’injection employée, la
dose optimale injectée et la fréquence
des injections sont proches de celles
pratiquées dans la migraine, et à
préciser au cas par cas (figure 3).
Malheureusement, lorsqu’il s’agit de
céphalée chronique prolongée
(évoluant depuis plus de 5 ans), cette
technique peut échouer en raison de
l’existence d’une origine multifacto-
rielle de cette céphalée (voir “Les
échecs thérapeutiques”).
TB et céphalée projetée
On définit comme céphalée projetée
celle qui résulte d’une origine extra-
crânienne. Dans l’immense majorité
des cas, il s’agit de céphalée secon-
daire à des contractions des muscles
cervicaux ou faciaux, cette contraction
pouvant être pathologique, liée à une
affection précise : post-traumatique,
dystonie ou, tout simplement, une
contraction bénigne essentielle (torti-
colis). Ainsi, certains auteurs n’hési-
tent pas à employer des termes ésoté-
riques, comme céphalée cervicogénique
ou algie orofaciale, pour déterminer ce
type de céphalée.
Les injections de TB dans les muscles
contractés améliorent sensiblement ce
type de céphalée. Le recours à des
moyens électrophysiologiques (EMG)
est parfois nécessaire afin de préciser
les muscles hyperactifs.
Toxine botulique et mal du
siècle (lumbago) : c’est
délicat
L’application des injections de TB
semble être rentable dans certains cas
de lumbago chronique lié à une
contraction excessive non souhaitée
des muscles paravertébraux. Cette
hyperactivité musculaire peut être
associée à d’autres pathologies du
rachis vertébral. Quoi qu’il en soit, un
bilan étiologique exhaustif s’impose.
Plusieurs essais thérapeutiques ont
tenté délicatement de prouver l’effica-
cité de la TB dans la prise en charge de
la lombalgie chronique d’origine
musculaire. Le dernier était le travail de
Figure 3. Sites à injecter en cas de
migraine ou céphalée de tension.
8
6
7
9
13
11
12 5
Splénium+
Muscles temporaux
Migraine++
Céphalée
de tension
Muscles
frontaux+++
4
1
23
10