l’issue d’une poussée de diverticulite sigmoï-
dienne, traitée médicalement, va se poser la ques-
tion du traitement chirurgical prophylactique. Aucun traitement
médical ou régime alimentaire n’a fait la preuve d’une quelconque
efficacité pour prévenir la survenue de poussées ultérieures de
diverticulite. L’impossibilité de prévoir la gravité d’une poussée
ultérieure justifie aussi cette chirurgie prophylactique.
Un débat existe quant au moment optimal pour proposer la sig-
moïdectomie prophylactique: dès la guérison d’une première
crise de diverticulite, ou, à l’inverse, de manière plus classique,
après deux poussées inflammatoires?
Plusieurs études prospectives ont recherché l’existence de cri-
tères permettant de sélectionner les patients à haut risque de réci-
dive et donc à qui doit être proposée, dès la première poussée,
cette chirurgie prophylactique. Dans une étude portant sur des
patients suivis en moyenne 2 ans après le traitement médical de
la première poussée, 16% des patients avec signes modérés au
scanner (épaississement de la paroi du sigmoïde, inflammation
de la graisse péricolique) avaient une évolution défavorable (réci-
dive, douleurs persistantes, fistule vésicale) contre 48% de ceux
montrant des lésions sévères au scanner initial (abcès, fuite d’air
et/ou de produit de contraste en extra-luminal) (p=0,004). Dans
cette même étude, était démontré le caractère péjoratif de l’âge,
moins de 50 ans, pour lequel l’évolution ultérieure était défavo-
rable dans 44 % des cas contre seulement 18% pour les patients
plus âgés (p = 0,032). La même équipe a analysé l’évolution de
118 patients traités médicalement avec succès. Avec un suivi
médian de 9,5 ans, le taux de récidive de la diverticulite était de
32% et les deux mêmes facteurs de risque de récidive étaient
notés : l’âge, moins de 50 ans (p = 0, 007) et l’existence de signe
de gravité au scanner (p = 0,003). L’association de ces deux fac-
teurs de risque entraînait un taux de récidive de 54 % à 5 ans
contre seulement 19% en l’absence de ces deux critères.
Enfin, quelques études, portant sur peu de patients, et rétrospec-
tives ont rapporté d’autres facteurs de risque de mauvaise évolu-
tion à l’issue d’une poussée de diverticulite, et qui plaident pour
la réalisation d’une sigmoïdectomie prophylactique dès la pre-
mière poussée. Il s’agit du sujet obèse, ou immunodéprimé,
notamment sous immunosuppresseurs, ou sous traitement corti-
coïde au long cours.
En conclusion, après une seule poussée de diverticulite docu-
mentée, il semble licite de proposer une sigmoïdectomie prophy-
lactique chez les patients de moins de 50 ans, en cas de poussée
sévère au scanner, chez les sujets immunodéprimés, corticothéra-
Þ
Chirurgie digestive
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. V - novembre-décembre 2002
Traitement chirurgical électif de la diverticulite
sigmoïdienne: faut-il attendre une ou deux poussées?
319
●Après une première poussée de diverticu!
lite" environ un tiers des patients va présen!
ter dans les #$ ans une nouvelle poussée%
●Ce risque de récidive est plus élevé chez le
sujet jeune" et en cas de signes de gravité
scannographique (abcès" fuite d’air ou de
produit de contraste)%
●Une sigmoïdectomie prophylactique doit
être proposée dès l’issue de la première
poussée chez ces sujets à risque élevé de
récidive%
●La colectomie élective peut être proposée
plus tardivement" après seulement deux
poussées" chez tous les autres patients" et
particulièrement ceux à haut risque chirur!
gical%
Ce qu’il f
Ce qu’il fa
aut retenir
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Niveau de preuve
HGE-EBM maq. 13/01/03 13:38 Page 319