50 | La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue • Vol. XVII - n° 1 - janvier-février 2014
EVIDENCE-BASED MEDICINE Chirurgie
Le risque de récidive concerne un tiers des patients dans les 10 ans suivant
une première crise de diverticulite aiguë. Ce risque est très élevé en cas
de signes scanographiques de gravité (abcès, air extradigestif) et chez
le sujet jeune (âge < 50 ans).
Les recommandations françaises ont été éditées en dépit de l’absence de
consensus dans la littérature : une colectomie sigmoïdienne prophylactique
est indiquée, quel que soit le nombre de poussées et quel que soit l’âge,
chez les patients présentant des signes de gravité scanographiques. La
chirurgie préventive peut également être proposée chez les patients de
moins de 50 ans, en cas de première crise non compliquée. Enfi n, pour les
patients de plus de 50 ans avec poussées non compliquées au scanner,
la place de la chirurgie prophylactique n’est pas clairement démontrée,
du fait du risque très faible (< 5 %) de complications ultérieures.
Il faut probablement moduler en 2014 ces recommandations en prenant
en compte un certain nombre de facteurs principaux telles la comorbidité
et la persistance ou non de douleurs abdominales chroniques, pour des
indications quasi au cas par cas.
Ce qu’il faut retenir
I
l n’existe pas de consensus dans la littérature
concernant l’indication de sigmoïdectomie
préventive après une première crise de diver-
ticulite, du fait d’un manque persistant d’études
randomisées. Les recommandations françaises de
2007 (recommandations pour la pratique clinique
[RPC]) restent donc d’actualité (1).
Le risque de récidive de la diverticulite après une
première poussée varie de 17 à 35 % avec un recul
moyen de 10 ans (2, 3).
Plusieurs études aussi bien rétrospectives que pros-
pectives ont identifi é 2 facteurs principaux de risque
de récidive, permettant de sélectionner des patients
candidats à une chirurgie préventive : le caractère
compliqué de la crise, défi ni par le scanner (pneu-
mopéritoine, abcès, fi stule, sténose), et, dans une
moindre mesure, l’âge jeune du patient (≤ 50 ans).
Dans une étude prospective de plus de 110 patients
admis pour une première crise de diverticulite
aiguë (4), le risque de récidive était, avec un recul
de 9,5 ans, de 32 %, dont la moitié la première année.
En analyse univariée, l’âge (p = 0,007) et les critères
de gravité scanographiques (p = 0,003) étaient des
facteurs de mauvaise évolution (risque d’échec du
traitement médical). En analyse multivariée, seul le
caractère compliqué de la crise persistait. Le risque
de récidive était de 54 % lorsque ces 2 critères
étaient présents, et de 19 % lorsque aucun n’était
présent.
Il n’existe pas non plus de consensus concernant
le risque de récidive chirurgicale (nécessitant une
chirurgie en urgence), qui est, en moyenne, de
l’ordre de 17 % après une première crise. Pour-
tant, une étude rétrospective américaine de plus
de 25 000 patients ayant présenté une première
crise traitée médicalement a montré que le risque
de récidive chirurgicale était de 12 % et qu’il était
corrélé, en analyse multivariée, au jeune âge du
patient (≤ 50 ans) et au nombre de crises. En effet,
ce risque était de 29 % après la première récidive
et augmentait pour les suivantes.
Les bénéfi ces de la sigmoïdectomie laparoscopique,
par rapport à la chirurgie ouverte, sont clairement
démontrés (étude randomisée, méta-analyse) en
termes de morbidité globale et de durée d’hospi-
talisation (5, 6).
Les recommandations françaises concluent donc
que la chirurgie prophylactique élective est recom-
mandée quel que soit l’âge du patient après une
première crise de diverticulite compliquée au scanner
(grade B). Il est licite de proposer cette chirurgie
aux patients âgés de moins de 50 ans ayant eu une
première crise non compliquée ainsi qu’aux patients
immunodéprimés, ceux ayant subi une corticothé-
rapie au long cours (risque de récidive plus élevé).
Enfi n, le bénéfi ce réel de la chirurgie prophylactique
n’est pas démontré chez les patients âgés de plus de
50 ans ayant subi une première crise non compli-
quée, même après 2 ou 3 crises.
Place de la sigmoïdectomie
prophylactique dans la diverticulite
sigmoïdienne
Frédéric Bretagnol, Suresnes.
niveau
de preuve
2