vocabulaire
La Lettre du Cardiologue Risque Cardiovasculaire • n° 419 - novembre 2008 | 31
dans quel groupe irait le patient qu’ils souhaitaient
inclure ;
le suivi en double aveugle quand il était
➤
possible ;
l’absence ou le faible taux de patients rando-
➤
misés et exclus de l’analyse.
Troisième principe : la quantification de
l’effet
Une fois les essais recherchés et inclus, comment
résumer l’information ? La méta-analyse est tout
sauf un avis d’expert fondé sur une analyse indivi-
duelle des essais. En effet, elle permet de prendre
en compte la possibilité d’un manque de puissance
des essais négatifs (risque d’erreur bêta) et d’un
risque d’erreur alpha pour les essais positifs, afin de
quantifier le bénéfice global du traitement. Cette
quantification se fait par combinaison des effets des
traitements (risque relatif, par exemple) observés
dans chacune des études et pondérés par la taille
de ces dernières études. Un test statistique (test
d’association) permet de conclure à l’efficacité
globale du traitement ; il n’est pas dissociable du
test d’hétérogénéité autorisant ou non l’inter-
prétation du résultat global.
L’hétérogénéité en méta-analyse exprime l’im-
possibilité de considérer que l’efficacité du trai-
tement est constante dans tous les essais. Une
hétérogénéité peut provenir d’une forte variabi-
lité des résultats d’un essai à l’autre, sans raison
apparente, notamment clinique. Cette nuisance,
considérée comme aléatoire, peut être prise en
compte par une méthode adaptée, le modèle à
effets aléatoires.
À l’inverse, une hétérogénéité entre des essais peut
résulter de différences évidentes entre les essais
(doses différentes, profils différents des patients
inclus, etc.) et être analysée par une méthode
adaptée, la méta-régression.
MÉTA-RÉGRESSION
La méta-régression est une analyse en sous-groupes
d’études (et non pas en sous-groupes de patients) qui
peut être utilisée en cas d’hétérogénéité entre les essais,
mais également prévue de manière systématique
lorsque l’on a décidé de combiner des essais dotés de
caractéristiques évidemment différentes : prévention
primaire et prévention secondaire, double aveugle et
ouvert, etc. La méta-régression permet d’étudier la
relation entre une ou plusieurs caractéristiques d’études
et l’importance de l’effet du traitement.
Les caractéristiques des études peuvent être aussi fines
que celles décrites ci-dessous :
la qualité méthodologique : l’effet du traitement n’est-
➤
il pas majoré par les essais de médiocre qualité méthodo-
logique par rapport aux essais de bonne qualité ?
la technique diagnostique ; ➤
la dose du traitement évalué : l’effet des statines
➤
est-il dépendant de la dose ?
la gravité des cas des patients inclus : études
➤
incluant des stades NYHA II-III et études incluant des
stades III- IV.
Ce type d’analyse est principalement limité par : ➤
la nécessité de disposer d’un nombre suffi-
➤
sant d’études (on ne fait pas 4 sous-groupes avec
4 études) ;
des problèmes de puissance statistique des analyses
➤
de sous-groupes ;
le risque de faux positifs du fait de la multiplicité des
➤
tests (risque de détecter une interaction uniquement
par “chance”) ;
le risque d’interprétation erronée du fait des facteurs
➤
de confusion (les essais où sont données les doses fortes
ont-ils inclus le même type de patients que ceux menés
avec des doses faibles ?).
Les essais cliniques étant de plus en plus nombreux,
voire complexes, les méta-analyses et les méta-régres-
sions sont donc aujourd’hui des outils essentiels à
connaître pour interpréter l’information thérapeutique
disponible. ■
Pour en savoir plus...
Cucherat M. Méta-analyse des
essais thérapeutiques. Paris :
Masson, 1997.
The Cochrane Collaboration
open learning material. Diver-
sity and heterogeneity. http://
www.cochrane-net.org/open-
learning/html/mod13-5.htm