E N U N E R É F É R E N C E . . . Antihypertenseurs à partir de 80 ans RÉFÉRENCES Antihypertensive drugs in very old people : a subgroup meta-analysis of randomised controlled trials. Gueyffier F., Bulpitt C., Boissel J.P. et coll., for the INDANA group. ❏ Lancet 1999 ; 353 : 793-6. LE FOND En attendant HYVET (une étude spécifique concernant le traitement antihypertenseur chez les sujets les plus âgés), les auteurs proposent une méta-analyse à partir des sous-groupes de patients 80 ans appartenant à des essais randomisés sur le traitement médical de l’hypertension artérielle. Les complications analysées en première intention sont les accidents vasculaires cérébraux fatals ou non, et, en deuxième intention, les décès de toutes causes, les décès cardiovasculaires, les événements majeurs coronariens et cardiovasculaires, ainsi que l’insuffisance cardiaque. Cette publication inclut 1 670 patients, dont 1 132 (68 %) appartiennent aux essais de la méta-analyse INDANA. Pour les patients de 80 ans et plus, traités efficacement par antihypertenseurs, on observe une diminution du risque relatif d’accident vasculaire cérébral (RR = 0,67 et p = 0,01) ; en ce qui concerne les événements secondaires, on note une tendance à la majoration des décès (de toutes causes et cardiovasculaires, risques relatifs de 1,01 à 1,14), et une diminution des autres complications répertoriées (surtout événements cardiovasculaires et insuffisance cardiaque, avec des risques relatifs de 0,58 à 0,78, p = 0,01). En l’attente d’études spécifiquement dévolues aux sujets les plus âgés, ces résultats suggèrent qu’il n’existe pas actuellement un âge limite pour le traitement antihypertenseur. COMMENTAIRES Face à une population de plus en plus avancée en âge, le problème se pose actuellement du bien-fondé d’indications thérapeutiques validées pour des sujets plus jeunes ; leur extension à des sujets non intégrés, sous-représentés ou exclus lors des grandes études jusqu’à présent publiées est-elle licite ? Faut-il traiter les facteurs de risque cardiovasculaires après 80 ans ? Parmi ceux-ci, faut-il traiter l’hypertension artérielle et, si oui, pour quel bénéfice ? Cette méta-analyse (avec tous les aléas soulignés par ses auteurs) semble favorable au traitement de l’hypertension artérielle du sujet âgé, avec une réduction du risque d’accidents vasculaires cérébraux (essentiellement non fatals : un accident vasculaire cérébral non fatal prévenu pour environ 100 patients traités chaque année), des événements cardiovasculaires et de l’insuffisance cardiaque, au prix d’une tendance (non significative) à davantage de mortalité de toutes causes ou cardiovasculaire... Deux figures récapitulent visuellement les risques relatifs de complications entre sujets traités et sujets contrôles selon les travaux pris en compte... ... En attendant HYVET (the HYpertension in the Very Elderly Trial), une étude spécifiquement consacrée au traitement antihypertenseur des sujets les plus âgés. BIBLIOGRAPHIE Trente-deux références comportant les essais pris en compte lors de la méta-analyse, les principales publications sur l’hypertension du sujet âgé, et deux références sur les buts et méthodologies de l’étude HYVET. Où l’on peut voir que les limites d’âge reculent : EWPHE s’intéressait, en 1986, au traitement antihypertenseur après 60 ans ! MOTS-CLÉS Hypertension artérielle du sujet âgé - Traitement médical antihypertenseur - Méta-analyse. TIRÉ À PART Dr F. Gueyffier, EA 643, service de pharmacologie clinique, BP 3041, 69394 Lyon Cedex 03. Dr C. Adams, PH, service cardiologie, CH Argenteuil La Lettre du Cardiologue - n° 315 - juin 1999 19