En Europe de l’ouest, la population âgée augmente
rapidement et atteindra un pic maximal vraisemblablement
en 2040. Cette augmentation représente une pression
constante sur le budget des dépenses de santé. Le coût des
soins des patients atteints de démence et placés en institution
constitue l’un des postes majeurs de ces dépenses. Les
politiques de santé envisagent donc des stratégies qui visent
à retarder le placement de ces patients. Plusieurs
programmes d’accompagnement à domicile ont été
développés afin de minimiser les risques de maladie tant
pour les patients que pour les soignants informels dans leur
entourage immédiat, qui souvent manifestent un « burn-out »
ou une dépression. Une méta-analyse de ces programmes de
soins qui excluent tout support pharmacologique, en relation
avec la mise en institution, a été réalisée. La question était de
faire l’éventail des programmes existants et d’évaluer leur
pertinence.
L’analyse s’est appuyée sur treize programmes de soins,
pour un total de 9 043 patients, sélectionnés dans la
littérature selon les critères suivants :
- une population de patients déments et leurs soignants ;
- des patients déments vivants en communautés et leurs
soignants ;
- le délai avant la mise en institution ;
- chaque cas de patient et de soignant était analysé
individuellement et donnait lieu à un rapport clinique ;
- l’analyse ne tenait pas compte des aspects
pharmacologiques.
Selon les études, le suivi s’étendait de 3 à 102 mois. Six
études ont été faites en Europe et quatre aux Etats-Unis. Une
des études concernait 8 095 paires patients/soignants. Dans
les autres études le nombre de paires était en moyenne de
120,9 + 49,1. La proportion de patientes variait de 41 à
67,2% et la proportion de soignantes de 50,5 à 89%. Entre le
diagnostic de démence et le début de l’étude, le temps
oscillait entre 32 et 72,4 mois.
La méta-analyse a été réalisée selon le Cochrane
Collaboration Group’s Review Manager 4.2 pour établir les
odds ratio (OR), évaluer les risques des deux situations et la
différence moyenne (SMD) et pour mesurer le délai avant la
mise en institution.
De façon globale, l’analyse des données a montré que la
mise en place d’un programme d’accompagnement diminuait
le risque de placement en institution des patients déments
(OR = 0,66 ; IC à 95% = 0,43-0,99, p =0,05) et augmentait le
délai avant l’institutionnalisation (SMD = 1,44 ; IC à 95 % =
0,07-2,81, p = 0,04) d’environ 5 mois.
Les facteurs positifs relevés dans la plupart des programmes
étaient :
- l’existence d’un accompagnement à plusieurs niveaux,
médical et psychologique ;
- une intervention personnalisée visant à rencontrer les
besoins du patient et du soignant ;
- la coordination du programme par un professionnel de la
santé.
La mise en institution des patients déments peut-être retardée par
un programme d’accompagnement.
Philippe van den Bosch de Aguilar,
Université Catholique de Louvain, Louvain la Neuve.
Af 554-2008 ©2008 Successful Aging SA
Spijker A, Vernooij-Dassen M, Vasse E, Adang E, Wollersheim H, Grol R, Verhey F. Effectiveness of nonpharmalogical
interventions in delaying the institutionalization of patients with dementia : a meta-analysis. J Am Geriatr Soc.
2008;56:1116-1128.