chimiothérapie au traitement symptomatique seul. Lorsqu’elle
contient du platine, la chimiothérapie permet d’augmenter le taux
de survie à un an de 10 % (4) par rapport au traitement sympto-
matique seul. Par ailleurs, elle permet d’améliorer significative-
ment la qualité de vie des patients répondeurs, notamment du fait
de la disparition de certains symptômes liés à la maladie (5, 6).
Toutefois, le choix des drogues et la meilleure façon de les admi-
nistrer doivent prendre en compte différents paramètres. D’une part,
parce que, très souvent, en pratique clinique courante, les patients
ayant un stade IV présentent par ailleurs des comorbidités impor-
tantes ou un index de performance altéré, qui peuvent contre-
indiquer certaines drogues, voire orienter les objectifs thérapeu-
tiques uniquement dans le sens d’une meilleure qualité de vie. D’autre
part, parce que, à l’inverse, certains patients, en dépit de l’exten-
sion de la maladie, gardent un excellent état général (sans perte de
poids majeure ou autre facteur de mauvais pronostic) et peuvent
très certainement tirer un bénéfice de traitements plus agressifs.
Enfin, certaines situations plus rares requièrent une réflexion pluri-
disciplinaire. C’est le cas, par exemple, des métastases uniques,
cérébrales ou surrénaliennes, d’un CBNPC résécable par ailleurs.
Le développement récent des thérapeutiques ciblées ou modulatrices
de la réponse cellulaire permettra peut-être d’améliorer notre prise
en charge de ces patients, dont le pronostic reste très péjoratif.
LES AGENTS ACTIFS
Parmi ce qu’il est convenu d’appeler les “anciennes drogues”, peu
ont permis d’obtenir des taux de réponses supérieurs ou égaux à
15 % en monothérapie, taux retenu comme étant le témoin d’une
efficacité dans le CBNPC. Il s’agit du cisplatine, de la vindésine,
de la vinblastine, de l’étoposide, de l’ifosfamide et de la mitomy-
cine (7). Dans les études de phase II concernant les “nouvelles
drogues”, en revanche, les taux de réponses semblent plus inté-
ressants, puisqu’ils avoisinent les 30 % pour la vinorelbine, la
gemcitabine et les taxanes. Ces drogues permettent également
d’obtenir un bénéfice en termes de survie (parfois également en
termes de qualité de vie) dans des études de phase III comparant
une monothérapie aux soins palliatifs, cela pour le paclitaxel, le
docétaxel (6), et la vinorelbine (8) chez les sujets âgés. En
revanche, la gemcitabine (9) n’a pas démontré l’obtention d’un
bénéfice de survie dans le seul essai où elle a été comparée aux
soins palliatifs (probablement en raison d’un cross over significa-
tif entre les deux bras), mais elle a amélioré la qualité de vie des
patients traités.
LES ASSOCIATIONS À BASE DE CISPLATINE
Le cisplatine (CDDP) reste à ce jour la drogue de référence dans
le CBNPC. Dans la plupart des études qui ont comparé une mono-
thérapie à une association à base de platine, les taux de réponses
se révélaient supérieurs dans le bras contenant le platine (10-19)
(tableau I), sans toutefois que cela soit forcément associé à une
meilleure survie (10, 17, 19).
D’autres études se sont attachées à tester l’adjonction d’un agent au
cisplatine. Là encore, les taux de réponses obtenus avec la bithé-
rapie sont constamment supérieurs à ceux obtenus avec une mono-
thérapie par platine (20-26) (tableau II), mais la survie n’est pas
forcément améliorée (23-25).
Il paraît clair actuellement que ces associations doivent être réser-
vées aux patients en bon état général, car les patients de PS ≥2
ne semblent pas tirer de bénéfice de l’administration du cispla-
tine (27, 28).
La dose de CDDP à utiliser chez les patients en PS 0-1 reste égale-
ment sujette à caution. Il n’y a pas d’argument à l’heure actuelle
pour préconiser l’administration de fortes doses dans les stades IV
(29), mais, à l’inverse, des doses trop faibles, de l’ordre de 50-
60 mg/m2/cycle, sont certainement insuffisantes (30). Aujourd’hui,
il est recommandé, dans les Standards, Options, Recommanda-
tions (31), d’utiliser des posologies supérieures ou égales à
70 mg/m2/cycle.
Enfin, la drogue à associer au platine pour obtenir les meilleurs résul-
tats reste à déterminer. Les études de phase III publiées récemment
ont du mal à démontrer une supériorité nette d’une association par
rapport à une autre. Une étude a comparé trois schémas, CDDP-
docétaxel, CDDP-vinorelbine et carboplatine-docétaxel (32), avec
plus de 400 patients par bras. L’efficacité paraît meilleure dans le bras
CDDP-docétaxel que dans le bras CDDP-vinorelbine, avec des
taux de réponses respectivement à 31,6 % et 24,5 % (p = 0,029)
et une survie à 2 ans à 21 % et 14 % (p = 0,044). Un gain signi-
ficatif sur certains items des échelles de qualité de vie ou de symp-
tomatologie est également obtenu dans le bras CDDP-docétaxel.
Il faut noter qu’il s’agit de l’étude conduite sur le plus grand effec-
tif, donc la plus susceptible de mettre en évidence une faible diffé-
rence de survie, et qu’un tiers des patients étaient atteints de CBNPC
de stade IIIB, population pour laquelle il est probablement plus
facile de démontrer un écart de taux de réponses ou de survie que
pour les stades métastatiques. Néanmoins, dans cette étude, le
bras de référence était l’association cisplatine-vinorelbine et, du
fait de ce schéma statistique, la différence en termes de survie
n’est pas significative.
Une autre étude de phase III, elle aussi publiée très récemment,
a comparé trois schémas de traitement (CDDP-gemcitabine,
CDDP-paclitaxel et carboplatine-paclitaxel) à CDDP-docétaxel
(bras de référence), chez 1 207 patients de stades IIIB/IV (28).
Aucune de ces associations n’a démontré de supériorité par rap-
port aux autres, tant en ce qui concerne les taux de réponses qu’en
ce qui concerne la survie globale. La seule différence concernait
le temps jusqu’à progression, qui paraissait meilleur dans le bras
CDDP-gemcitabine (4,2 mois ; p = 0,001). L’absence de prise en
compte des traitements de seconde ligne a pu contribuer à mas-
quer un éventuel bénéfice en termes de survie. Enfin, deux autres
études de phase III ont récemment comparé CDDP-vinorelbine
versus carboplatine-paclitaxel (33) et CDDP-vinorelbine versus
CDDP-gemcitabine versus carboplatine-paclitaxel (34). Là encore,
aucun doublet n’a démontré de supériorité. L’absence de modi-
fication sensible quant à la survie impose de disposer d’autres
critères de jugement, comme la survie sans progression ou l’étude
de la qualité de vie des patients sous traitement.
Globalement, ces études montrent, avec les cytostatiques de “nou-
velle génération”, un progrès de faible amplitude pour la survie
des patients atteints de CBNPC au stade métastatique conservant
un bon état général, avec une médiane de survie de l’ordre de 8 mois
MISE AU POINT
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La Lettre du Pneumologue - Volume VII - no1 - janvier-février 2004