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Actualités Thérapeutiques
O. Heinzlef*
Étude Evidence
ce jour, trois interférons sont comÀ
mercialisés en France dans les
formes rémittentes de sclérose en
plaques : un interféron β-1b (Betaferon®,
laboratoires Schering) et deux interférons β-1a (Rebif®, laboratoires Serono et
Avonex®, Laboratoires Biogen).
Aux États-Unis, Rebif® ne peut entrer sur
le marché car Avonex® bénéficie jusqu’en 2003 de l’Orphan Drug Act. Cette
loi protège les firmes pharmaceutiques
qui commercialisent un médicament
innovant dans une pathologie grave
orpheline de traitement. Pour être commercialisé avant cette date, Rebif® devait
démontrer qu’il était supérieur à
Avonex®. Les Laboratoires Serono ont
donc réalisé l’étude Evidence, comparant
Rebif® 44 mg x 3 par semaine en souscutané versus Avonex® 30 µg par semaine en intramusculaire chez 677 patients
souffrant d’une sclérose en plaques
rémittente. Les patients ont été randomisés en deux groupes parallèles mais ils
n’étaient pas en aveugle pour le traitement. Le suivi neurologique était assuré
par deux neurologues (un neurologue
traitant et un neurologue examinateur, ce
dernier étant en aveugle par rapport à
l’allocation du traitement).
Le critère principal d’évaluation était la
proportion de patients n’ayant pas eu de
poussées à 6 mois. Les poussées
n’étaient retenues comme telles que si le
neurologue examinateur constatait une
modification de l’examen clinique.
Afin d’éviter que certains patients
n’omettent de signaler des poussées, les
participants étaient systématiquement
contactés par téléphone tous les mois et
interrogés sur leur état clinique.
Le critère secondaire d’évaluation était
l’activité IRM mesurée par IRM mensuelles. Les radiologues étaient en
Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 1, janvier 2002
aveugle par rapport au traitement. À
6 mois, la proportion de patients sans
poussées dans le groupe Rebif® était
significativement plus élevée que dans le
groupe Avonex® : 74,9 % versus 63,3 %
avec un odds-radio à 1,9 (IC 95 % : 1,32,6 ; p : 0,0005). Le temps médian avant
la première poussée était de 3,9 mois
sous Rebif® versus 2,9 mois sous
Avonex® (Hazard Ratio : 0,63). Les
résultats étaient aussi significativement
en faveur de Rebif® pour la fréquence des
poussées à 6 mois (réduction de 27 %)
ou le nombre de cures de corticoïdes réalisées (réduction de 47 %). L’activité
mesurée sur l’IRM était réduite de 50 %
sous Rebif®.
Comme on pouvait s’y attendre, les deux
traitements furent bien tolérés puisque
97 % des patients ont terminé l’étude :
11 patients sous Rebif® ont interrompu
l’étude en raison de d’effets indésirables
contre 3 sous Avonex®. Les effets indésirables
cutanés étaient significativement plus
fréquents sous Rebif® (80,5 %) que sous
Avonex® (24,3 %), de même que la fréquence
des anomalies biologiques hépatiques ou
des leucopénies et lymphopénies. En
revanche, les patients sous Avonex®
étaient plus fréquemment sujets aux frissons.
Afin de consolider ces résultats, il est
prévu de poursuivre l’étude jusqu’à
48 semaines (mi-juillet 2001).
Commentaires
Les résultats montrent que l’administration
de 132 µg en sous-cutané d’interféron β-1a en
trois prises est supérieure à l’administration
de 30 µg IM en une prise sur le risque de
développer une poussée dans les 6 premiers
mois du traitement. Cette étude présente
plusieurs limites inhérentes à son principal
objectif qui est l’entrée de Rebif® avant
2003 sur le marché américain.
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Service de neurologie,
hôpital Tenon, Paris
Choix du critère d’évaluation
Il est habituellement admis que le critère
d’évaluation le plus pertinent est la progression du handicap mesurée sur
l’EDSS, en raison de la faible corrélation
existant entre la fréquence des poussées
et le risque de développer un handicap
permanent. Un tel choix aurait nécessité
une étude plus longue.
Étude en ouvert
Cette étude est en partie en ouvert
puisque les patients et le neurologue traitant connaissaient le traitement administré ; cela peut introduire un biais dans
l’évaluation des poussées. Néanmoins, le
fait que les patients soient régulièrement
interrogés quel que soit leur état clinique
et qu’une poussée ne soit définie qu’en
présence d’une modification de l’examen clinique par un évaluateur en
aveugle, réduit le risque d’erreur sur le
nombre des poussées. De plus, les résultats IRM obtenus en aveugle confirment
les données cliniques.
Durée de l’étude (6 mois)
Elle est courte par rapport à la durée de
la maladie et la durée des autres études
dans la SEP. Les résultats à un an seront
importants pour confirmer cette différence d’efficacité. En particulier dans la
mesure où il essentiel de savoir s’il s’agit
d’un véritable effet-dose sur l’activité et
non pas seulement d’un effet-temps (l’effet d’une dose plus forte se faisant sentir
seulement plus précocément).
Malgré ces réserves, cette étude apporte
des arguments forts en faveur d’un effetdose sur l’activité clinique (poussées) et
sur l’activité IRM à court terme.
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