REVUE DE PRESSE
La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 5 - mai 2010 | 171
Commentaire
Les auteurs de cette étude proposent l’utilisa-
tion d’un protocole simple et non invasif pour
diagnostiquer les possibilités de récupération
de patients ayant des troubles de la conscience.
Il semblerait cependant que le conditionnement
mis en place chez les patients en état végétatif
soit moins spécifique que celui observé chez des
sujets sains laissant tout de même supposer une
différence de processus de traitement. Malgré ces
quelques réserves, cette étude reste tout à fait
pertinente et conduit à s’interroger sur la notion
d’état végétatif.
Référence bibliographique
Bekinschtein TA, Shalom DE, Forcato C et al. Classical
conditioning in the vegetative and minimally conscious
state. Nat Neurosci 2009;12(10):1343-9.
Des processus conscients chez des patients végétatifs
Le conditionnement de Trace est une forme particulière de conditionnement pavlovien durant
lequel un sujet va apprendre qu’un stimulus prédit la survenue d’un événement alors même
que les deux informations sont séparées dans le temps. Du fait de l’éloignement temporel
entre les deux informations, ce type de conditionnement ne peut être réalisé que lorsque
le sujet a “pris conscience” du lien entre les deux stimuli. T.A. Bekinschtein et al. suggèrent
que cette spécificité pourrait faire du conditionnement de Trace un test objectif du niveau
d’éveil de patients souffrant de troubles de la conscience. Afin de valider cette hypothèse,
les auteurs soumettent des patients en état végétatif ou en état de conscience minimal (La
Lettre du Neurologue 2008;12(4):104) à un conditionnement de Trace durant lequel un son
est suivi, après 500 ms, de la présentation d’un stimulus aversif (un souffle d’air au niveau
de la cornée). Le niveau de réponse conditionnée de ces patients (évalué par la mesure de
la contraction des muscles oculaires) est comparé à celui de 2 autres groupes : un groupe
de sujets éveillés et un groupe de sujets préalablement anesthésiés au propofol. Les auteurs
constatent que certains des sujets en état végétatif se révèlent capables d’établir un condi-
tionnement de Trace alors même que les sujets sains sous anesthésie en sont incapables.
De plus, le niveau de conditionnement des patients végétatifs est corrélé à l’amélioration
ultérieure de leur état. Les résultats de cette étude suggèrent donc que le conditionnement
de Trace permettrait de mettre en évidence la préservation de certains processus conscients
chez des sujets en état végétatif. Il permettrait également de mieux prédire les possibilités
de récupération des patients présentant ce type de troubles.
F. Esclassan, laboratoire de neurosciences
sensorielles comportement et cognition, Lyon
Commentaire
Si l’efficacité de la cladribine, quelle que soit la
dose, est incontestable en termes de réduction
du taux annualisé de poussées, de progression
du handicap et du nombre de lésions T2 ou se
rehaussant après gadolinium, l’induction d’une
lymphopénie prolongée paraît potentiellement
dangereuse chez des femmes jeunes en âge de
procréer. Compte tenu des effets indésirables
sévères (infections, cancers), la place de la cladri-
bine reste à déterminer au sein de l’arsenal théra-
peutique actuellement à notre disposition.
Référence bibliographique
Giovannoni G, Comi G, Cook S et al. A placebo-controlled
trial of oral cladribine for relapsing multiple sclerosis.
N Engl J Med 2010;362:416-26.
Cladribine dans la sclérose en plaques
CLARITY est une étude randomisée en double aveugle contre placebo (PCB) testant 2 doses
d’un immunosuppresseur per os, la cladribine, administré pendant 8 à 20 jours par an pendant
2 ans. Mille trois cent vingt-six patients atteints d’une forme rémittente de sclérose en plaques
remplissant les critères de Mc Donald avec un EDSS inférieur à 5,5 et ayant présenté une
poussée dans les 12 derniers mois ont été randomisés dans un des 3 bras : cladribine 3,5
ou 5,25 mg/kg ou PCB. L’objectif principal était de mesurer le taux annualisé de poussées.
Ce taux était réduit de 57,6 % dans le bras cladribine 3,5 mg/kg et de 54,5 % dans le bras à
5,25 mg/kg par rapport au taux rencontré dans le groupe PCB (p < 0,001). Le pourcentage
de patients libres de poussées était de 79,7 % dans le bras cladribine 3,5 et de 78,9 % dans
le bras 5,25 par rapport à celui du groupe PCB. La réduction du risque de progression du
handicap par comparaison avec celle du groupe PCB était de 33 % et 31 % respectivement
pour les bras cladribine 3,5 et 5,25 mg/kg. En termes d’imagerie, une réduction significative
du nombre de lésions rehaussées par le gadolinium a été mise en évidence (0,12 dans le
bras 3,5 mg/kg ; 0,11 dans le bras 5,25 mg/kg ; 0,91 dans le bras PCB) ainsi que du nombre
de lésions T2 (0,38 ; 0,33 et 1,43 respectivement). Concernant les effets indésirables, une
lymphopénie était le plus souvent rapportée (21,6 % dans le bras 3,5 mg/kg ; 31,5 % dans
le bras 5,25 mg/kg et 1,8 % dans le bras PCB). Des infections, dont la survenue était inver-
sement corrélée à l’importance de la lymphopénie, ont été rapportées chez 47,7 % des
patients du bras 3,5 mg/kg, 48,9 % du bras 5,25 mg/kg et 42,5 % du bras PCB. Il s’agissait
d’herpès cutané pour 8 patients du bras 3,5 mg/kg et 3 du bras 5,25 mg/ kg. Des cancers
ont été rapportés uniquement sous cladribine durant l’étude (1,4 % dans le bras 3,5 mg ;
0,9 % dans le bras 5,25). Il s’agissait de 5 léiomyomes utérins bénins, d’un mélanome, d’un
carcinome du pancréas et d’un carcinome de l’ovaire. Des effets indésirables graves ayant
entraîné le décès ont été rapportés : un infarctus du myocarde et un carcinome métastatique
du pancréas dans le bras 3,5 mg/kg, une noyade et un arrêt cardio-respiratoire dans le bras
5,25 mg, un suicide et un accident vasculaire hémorragique dans le bras PCB.
A. Fromont, hôpital Général, Dijon