La Lettre du Cardiologue - n° 390 - décembre 2005
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THÉRAPEUTIQUE
À la consultation, les cardiologues ont instauré et renouvelé des
mesures hygiéno-diététiques chez 77 % des patients. Aucune dif-
férence significative n’est observée entre les groupes de patients
à risque de récidive bas, intermédiaire ou élevé dans l’instaura-
tion ou le renouvellement des mesures hygiéno-diététiques. La
dispensation des règles d’hygiène de vie a essentiellement été
faite de façon orale (84 %), le recours à un support écrit n’ayant
concerné que 13 % d’entre eux (3 % de non-réponse) ; 93 % des
patients qui avaient une dyslipidémie lors de l’IDM ont reçu des
recommandations sur la nécessité d’un régime hypocholestéro-
lémiant.
Objectifs de prévention secondaire d’événements
coronariens fixés par les cardiologues
Les objectifs principaux fixés par les cardiologues à leurs patients
concernent la surveillance du taux de cholestérol (69 % des
patients) ; viennent ensuite la surveillance de la pression arté-
rielle (51 %) et celle du poids (50 %).
L’orientation vers un autre spécialiste est envisagée uniquement
pour 14 % des patients : un endocrinologue ou un diabétologue
dans 63 % des cas ; 34 % des patients à risque de récidive élevé
sont diabétiques et 22 % d’entre eux sont orientés vers un endo-
crinologue ou un diabétologue.
DISCUSSION
L’étude PRISM confirme que la prise en charge du risque de réci-
dive après IDM est maintenant bien connue en cardiologie de
ville et respecte rigoureusement les recommandations (2, 3). On
retrouve ainsi les quatre classes thérapeutiques constituant l’or-
donnance princeps de la prise en charge du post-IDM et
conseillées pour contrôler les facteurs de risque, à savoir l’asso-
ciation antiagrégant plaquettaire + bêtabloquant + IEC + statine.
Au sein de notre cohorte, les fréquences de prescription de ces
classes thérapeutiques sont comparables à celles des études
EUROASPIRE I, II ainsi que GISSI (4, 7).
On constate également que le profil de risque des patients influe
de manière significative sur le traitement médical, mais dans un
sens inattendu. On observe, en effet, une diminution de la pres-
cription du traitement princeps, exception faite des IEC chez les
patients considérés comme étant à risque de récidive “intermé-
diaire” ou “élevé”. En parallèle, chez ces mêmes patients, le
recours aux antiangoreux, diurétiques et inhibiteurs calciques,
indiqués dans l’insuffisance cardiaque et l’angor résiduel, devient
plus fréquent. Par ailleurs, l’âge élevé des patients du sous-groupe
à risque “élevé” peut également expliquer cette tendance à être
moins agressif au niveau du traitement princeps, les problèmes
de tolérance médicamenteuse, de polymédication et d’observance
étant plus aigus à partir de 70 ans (8).
On a également observé que, sur des points comme l’éducation
hygiéno-diététique du patient ou encore le délai pour juger de
l’efficacité du traitement instauré, la pratique du cardiologue pré-
vaut sur le profil cardiovasculaire des patients. En effet, il s’agit
davantage ici d’une décision au cas par cas, relevant plutôt de la
“personnalité” du patient que le cardiologue doit cerner. On
constate ainsi que la prise en charge des facteurs de risque chez
des patients à haut risque par intervention médicamenteuse
s’avère plus facile que toute tentative d’infléchir le comporte-
ment des patients.
CONCLUSION
PRISM a permis de décrire le statut des patients coronariens en
termes de facteurs de risque cardiovasculaire et de traitement
médicamenteux à distance de l’IDM, et leur prise en charge hos-
pitalière. L’étude a porté sur une cohorte de patients coronariens
ayant survécu à un IDM survenu dans les 6 mois précédents, et
a constitué en ce sens une photographie de la prise en charge de
l’IDM en 2002-2003 en cardiologie de ville.
PRISM corrobore la conclusion selon laquelle l’intervention sur
les facteurs de risque pouvant être pris en charge de façon médi-
camenteuse chez le patient en postinfarctus est plus facile et à
court terme plus efficace que les tentatives d’infléchissement du
comportement des patients.
On peut ainsi comprendre que le cardiologue tende à privilégier
le traitement médicamenteux plutôt que la modification du com-
portement du patient, pour lequel il est plus pessimiste. ■
Bibliographie
1. Fender P, Païta M, Salanave B et al. Dépenses du régime général de l’assu-
rance maladie en 1994 pour les trente affections longue durée. Santé publique
2000;12:5-19.
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3. Delahaye F, Bory M, Cohen A et al. Recommandations de la Société française
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phase aiguë. Arch Mal Cœur Vaiss 2001;94:697-738.
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a comparison of EUROASPIRE I and II in nine countries. Lancet 2001;
357(9261):995-1001.
5. Classification fonctionnelle de l’insuffisance coronaire. Société canadienne de
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Gruppo Italiano per lo Studio della Sopravvivenza nell'Infarto miocardico.
Lancet 1999;354(9177):447-55. Erratum in: Lancet 2001;357(9256):642.
8. Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale.
Prescription plurimédicamenteuse chez la personne âgée de plus de 70 ans.
Polyprescription : risques et règles qui en découlent. In : Recommandations et
références médicales 1995;2:125-48.