L
es neuroleptiques aty-
piques séduisent par la
diminution des effets
secondaires neuroloqiques et sont
désormais largement utilisés en
ville comme à l’hôpital dans le trai-
tement de l’agitation et des
troubles du comportement chez
les patients schizophrènes ou
chez les patients présentant des
épisodes maniaques. L’olanzapine
est prescrite même pour la pré-
vention des récidives chez les
patients ayant répondu à cet anti-
psychotique lors d’un épisode
maniaque. Il reste à évaluer les
effets secondaires de ces médica-
ments sur le long terme et leur
impact sur la qualité de vie des
patients.
Agir sur une large gamme
de récepteurs
L’efficacité de tous les neuro-
leptiques, classiques ou de la
nouvelle génération, sur les
symptômes productifs de la schi-
zophrénie (hallucination, délire)
s’explique par la propriété qu’ils
ont de bloquer des récepteurs
dopaminergiques hyperstimulés
des aires sous-corticales. Mis à
part l’amisulpride, les neurolep-
tiques atypiques comme l’olanza-
pine, la rispéridone et la clozapine
agissent en fait sur une large
gamme de récepteurs incluant les
récepteurs sérotoninergiques,
cholinergiques, adrénergiques et
histaminergiques. Quant à l’effica-
cité avancée de ces antipsycho-
tiques de la nouvelle génération
sur les symptômes négatifs (apa-
thie, inaffectivité, rupture de
contact avec autrui), elle s’expli-
querait par la capacité qui est la
leur de stimuler une augmenta-
tion de la libération de dopamine
au niveau préfrontal (une action
opposée au niveau des récepteurs
sérotoninergiques dans cette ré-
gion du cerveau). Ce qui n’a pas
été retrouvé avec les neurolep-
tiques classiques dans les études
chez l’animal.
Des effets indésirables
Comme le reflètent les communi-
cations à l’occasion du 3eCongrès
de l’Encéphale (Paris),
la pres-
cription de neuroleptiques aty-
piques doit s’entourer de précau-
tions en raison de leur possible
impact métabolique et cardiaque.
On sait que les patients atteints
de troubles psychiatriques ont un
taux de mortalité cardiovasculaire
supérieur à celui de la population
générale et que cette surmorta-
lité peut être en partie expliquée
par les effets indésirables car-
diaques des neuroleptiques,
c’est-à-dire par un allongement
de l’espace QT à l’origine de
troubles du rythme ventriculaire
(d’où la mise en garde à propos
de coprescriptions des neurolep-
tiques).
Résultats d’études
La prise de poids induite par les
neuroleptiques est connue de-
puis longtemps, mais il semble
qu’elle soit plus importante pour
les neuroleptiques atypiques que
pour les neuroleptiques clas-
siques. Selon une étude de
l’équipe du Pr. D. Fabre (Lille), les
prises de poids les plus impor-
tantes (supérieures à 20 kg) sont
plus fréquentes sous olanzapine
qu’avec d’autres molécules.
LLeess nneeuurroolleeppttiiqquueess aattyyppiiqquueess ssoonntt vveennuuss aauu--ddeevvaanntt ddee llaa ssccèènnee dduu
ffaaiitt ddee lleeuurr mmooiinnddrree pprrooppeennssiioonn àà i
inndduuiirree ddeess eeffffeettss sseeccoonnddaaiirreess nneeuu--
rroollooqqiiqquueess tteellss qquuee llaa ssééddaattiioonn,, lleess ssyymmppttôômmeess eexxttrraa--ppyyrraammiiddaauuxx e
ett
lleess mmoouuvveemmeennttss aannoorrmmaauuxx.. IIllss ssoonntt ddééssoorrmmaaiiss llaarrggeemmeenntt uuttiilliissééss eenn
vviillllee ccoommmmee àà llhhôôppiittaall..
Antipsychotiques
La nouvelle génération en progression
PPrrooffeessssiioonnss SSaannttéé IInnffiirrmmiieerr IInnffiirrmmiièèrree NN°°6633 mai 2005
À côté du danger de l’excès pon-
déral qui est le facteur de la forte
morbidité et mortalité, il y a aussi
le constat que la prise de poids
peut être un des motifs de mau-
vaise compliance du patient au
traitement antipsychotique au
long cours. Pour le Pr. D. Fabre,
dès la première prescription il est
indispensable de donner des
conseils hygiéno-diététiques, voire
de recommander un suivi par un
nutritionniste. En outre, un bilan
comprenant glycémie, cholesté-
rol et triglycérides devrait être
renouvelé tous les 3 mois, en
sachant que les troubles métabo-
liques (hyperlipidémie, diabète)
peuvent apparaître chez les
patients sous neuroleptiques aty-
piques.
Autres données à prendre en
considération qui ont été rappor-
tées par l’équipe de l’hôpital
Sainte-Anne (Paris) : les nou-
veaux antipsychotiques peuvent
être également responsables du
syndrome malin des neurolep-
tiques qui a été décrit en 1960 et
dont la fréquence est estimée de
0,07 % à 2,2 % : un syndrome
akinétique hypertonique enga-
geant parfois le pronostic vital,
avec une hyperthermie, des
troubles du tonus musculaire
avec rigidité extrapyramidale, une
dysrégulation du système nerveux
autonome et des troubles de la
conscience.
Enfin, d’après une étude portant
sur la tolérance à court terme des
neuroleptiques atypiques, menée
par une équipe du CHS à Dijon,
les psychiatres ont arrêté le traite-
ment à trois semaines chez 11 %
des patients hospitalisés, en rai-
son de la survenue d’au moins un
effet indésirable (sédation
majeure, tremblements, émous-
sement affectif avec ralentisse-
ment psychique, prise de poids,
convulsions).
Ludmila Couturier
IInnffooss ......
Manque de
preuves
Pour certains
psychiatres, il n’y a
pas de preuves
claires que les
antipsychotiques
atypiques soient plus
efficaces ou mieux
tolérés que les
antipsychotiques
classiques. Ces
derniers devraient
être utilisés en
première intention
dans le traitement
d’un épisode de
schizophrénie, à
moins que le patient
n’ait pas répondu à
cette médication ou
qu’il ne souffre
d’effets
extrapyramidaux
intolérables.
AAccttuuaalliittéé SSaannttéé
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