6 Actualité S anté Antipsychotiques La nouvelle génération en progression Les neurolep tiques atypiques sont venus au -devant de la scène du fait de leur moindre propension à induire des e ff ets sec ondaires neuroloqiques tels que la sédation, les symp tômes ex tra-pyramidau x et les mou vements anormau x. Ils sont désormais largement utilisés en ville c omme à l ’hôpital. L es neuroleptiques atypiques séduisent par la diminution des effets secondaires neuroloqiques et sont désormais largement utilisés en ville comme à l’hôpital dans le traitement de l’agitation et des troubles du comportement chez les patients schizophrènes ou chez les patients présentant des épisodes maniaques. L’olanzapine est prescrite même pour la prévention des récidives chez les patients ayant répondu à cet antipsychotique lors d’un épisode maniaque. Il reste à évaluer les effets secondaires de ces médicaments sur le long terme et leur impact sur la qualité de vie des patients. Infos ... Manque de preuves Pour certains psychiatres, il n’y a pas de preuves claires que les antipsychotiques atypiques soient plus efficaces ou mieux tolérés que les antipsychotiques classiques. Ces derniers devraient être utilisés en première intention dans le traitement d’un épisode de schizophrénie, à moins que le patient n’ait pas répondu à cette médication ou qu’il ne souffre d’effets extrapyramidaux intolérables. Agir sur une large gamme de récepteurs L’efficacité de tous les neuroleptiques, classiques ou de la nouvelle génération, sur les symptômes productifs de la schizophrénie (hallucination, délire) s’explique par la propriété qu’ils ont de bloquer des récepteurs dopaminergiques hyperstimulés des aires sous-corticales. Mis à part l’amisulpride, les neuroleptiques atypiques comme l’olanzapine, la rispéridone et la clozapine agissent en fait sur une large gamme de récepteurs incluant les récepteurs sérotoninergiques, cholinergiques, adrénergiques et histaminergiques. Quant à l’efficacité avancée de ces antipsychotiques de la nouvelle génération sur les symptômes négatifs (apathie, inaffectivité, rupture de contact avec autrui), elle s’expliquerait par la capacité qui est la Professions S anté Infirmier Infirmière N ° 63 • mai 2005 leur de stimuler une augmentation de la libération de dopamine au niveau préfrontal (une action opposée au niveau des récepteurs sérotoninergiques dans cette région du cerveau). Ce qui n’a pas été retrouvé avec les neuroleptiques classiques dans les études chez l’animal. Des effets indésirables Comme le reflètent les communications à l’occasion du 3e Congrès de l’Encéphale (Paris), la prescription de neuroleptiques atypiques doit s’entourer de précautions en raison de leur possible impact métabolique et cardiaque. On sait que les patients atteints de troubles psychiatriques ont un taux de mortalité cardiovasculaire supérieur à celui de la population générale et que cette surmortalité peut être en partie expliquée par les effets indésirables cardiaques des neuroleptiques, c’est-à-dire par un allongement de l’espace QT à l’origine de troubles du rythme ventriculaire (d’où la mise en garde à propos de coprescriptions des neuroleptiques). Résultats d’études La prise de poids induite par les neuroleptiques est connue depuis longtemps, mais il semble qu’elle soit plus importante pour les neuroleptiques atypiques que pour les neuroleptiques classiques. Selon une étude de l’équipe du Pr. D. Fabre (Lille), les prises de poids les plus importantes (supérieures à 20 kg) sont plus fréquentes sous olanzapine qu’avec d’autres molécules. À côté du danger de l’excès pondéral qui est le facteur de la forte morbidité et mortalité, il y a aussi le constat que la prise de poids peut être un des motifs de mauvaise compliance du patient au traitement antipsychotique au long cours. Pour le Pr. D. Fabre, dès la première prescription il est indispensable de donner des conseils hygiéno-diététiques, voire de recommander un suivi par un nutritionniste. En outre, un bilan comprenant glycémie, cholestérol et triglycérides devrait être renouvelé tous les 3 mois, en sachant que les troubles métaboliques (hyperlipidémie, diabète) peuvent apparaître chez les patients sous neuroleptiques atypiques. Autres données à prendre en considération qui ont été rapportées par l’équipe de l’hôpital Sainte-Anne (Paris) : les nouveaux antipsychotiques peuvent être également responsables du syndrome malin des neuroleptiques qui a été décrit en 1960 et dont la fréquence est estimée de 0,07 % à 2,2 % : un syndrome akinétique hypertonique engageant parfois le pronostic vital, avec une hyperthermie, des troubles du tonus musculaire avec rigidité extrapyramidale, une dysrégulation du système nerveux autonome et des troubles de la conscience. Enfin, d’après une étude portant sur la tolérance à court terme des neuroleptiques atypiques, menée par une équipe du CHS à Dijon, les psychiatres ont arrêté le traitement à trois semaines chez 11 % des patients hospitalisés, en raison de la survenue d’au moins un effet indésirable (sédation majeure, tremblements, émoussement affectif avec ralentissement psychique, prise de poids, convulsions). Ludmila Couturier