La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. V - mars-avril 2002 69
Estomac
Les tumeurs mésenchymateuses de l’estomac étaient auparavant
considérées le plus souvent comme des léiomyomes, alors que
les tumeurs stromales sont en fait les plus fréquentes. Leur déve-
loppement peut être sous-muqueux, sous-séreux ou intramural.
Environ la moitié des tumeurs se développent dans le fundus,
25% dans l’antre et 20% dans la région pylorique. Les princi-
paux facteurs de mauvais pronostic sont une taille importante
(supérieure à 8 cm), cinq mitoses ou plus pour 50 champs à fort
grossissement, des marges de résection macroscopiquement enva-
hies, a fortiori une résection impossible.
Intestin grêle
Le diagnostic est souvent plus tardif, avec des métastases plus
fréquentes au moment du diagnostic. Les tumeurs stromales
malignes du grêle prédominent au niveau de l’iléon. Une taille
supérieure à 5 cm est généralement considérée comme associée
à la malignité. L’index mitotique est en revanche discuté au niveau
de l’intestin grêle, certains auteurs proposant le nombre de deux
mitoses pour 50 grands champs comme critère de malignité.
Côlon et rectum
Les tumeurs stromales du rectum sont rares. Dans le côlon, une taille
inférieure à 2 cm et un index mitotique inférieur à une mitose pour
50 grands champs sont considérés comme des facteurs prédictifs de
tumeurs à faible risque de malignité, alors qu’une taille supérieure
à 5 cm et un index mitotique supérieur à 5 pour 50 grands champs
sont généralement considérés comme prédictifs de malignité.
QUEL RÔLE PEUT AVOIR L’ENDOSCOPIE
EN DEHORS DU DIAGNOSTIC ?
L’exérèse endoscopique de lésions sous-muqueuses est de plus
en plus rapportée dans la littérature, mais elle concerne surtout
d’autres types histologiques de tumeurs se développant moins
dans la profondeur de la paroi (en particulier les tumeurs carci-
noïdes). Cette technique n’est pas à recommander pour les
tumeurs stromales, même si des équipes asiatiques l’ont réalisée
dans certains cas (18).
L’échoendoscopie a, en revanche, un intérêt dans la surveillance
de patients non opérés, du fait du terrain ou du souhait du patient.
Cette attitude est parfois retenue même en l’absence d’essais
contrôlés l’ayant validée. Il n’est alors licite de la proposer que
dans des cas précis: patient asymptomatique, tumeur non ulcé-
rée de moins de 3 cm de diamètre, sans caractéristique échoen-
doscopique suspecte de malignité, et dont la taille et l’aspect se
modifient peu au cours du temps (8, 9).
CONCLUSION
Les tumeurs stromales digestives sont des tumeurs rares locali-
sées le plus souvent dans l’estomac ou l’intestin grêle. Elles peu-
vent être de découverte fortuite lors d’une endoscopie digestive.
L’échoendoscopie est le meilleur examen pour caractériser ces
tumeurs sous-muqueuses. Leur diagnostic histologique a été amé-
lioré par la mise en évidence de l’expression de c-kit par la tumeur.
Leur potentiel de malignité est au mieux estimé par plusieurs
paramètres, en particulier leur taille, leur localisation dans le tube
digestif et leur index mitotique. ■
Mots clés. Tumeur stromale gastro-intestinale – C-kit.
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