ÉdIToRIAL Cancer du sujet jeune : quelles particularités ? Cancer in young people: which particularities? P. Bey* P ourquoi s’intéresser au cancer du sujet jeune alors que l’augmentation rapide du nombre de cancers en France a touché essentiellement les plus de 65 ans, et que l’augmentation attendue dans les vingt prochaines années (plus de 50 %) touchera aussi les plus de 65 ans ? Plusieurs raisons à cela : ce sont des cancers certes rares, mais qui concernent tout de même quelques milliers de personnes chaque année en France dans la tranche d’âge 15-25 ans, qui ont un impact très fort et qui nécessitent une prise en charge globale spécifique. Les tumeurs que l’on observe dans cette tranche d’âge sont très diverses. Certaines sont proches des tumeurs observées chez l’enfant, d’autres sont proches de celles observées chez l’adulte et quelques-unes sont spécifiques de l’adolescent et de l’adulte jeune. Le résultat thérapeutique est directement dépendant de la qualité du diagnostic, des traitements et des compétences dont on dispose. Dans tous les cas, ces tumeurs demandent des compétences qui ne peuvent être acquises et entretenues qu’avec une certaine masse critique, ce qui suppose que des équipes se spécialisent. Il apparaît de ce fait évident que les lieux de prise en charge de ces * Direction de l’Institut Curie, Paris. patients doivent être ceux où l’on a l’habitude de s’occuper des enfants atteints de cancer et de traiter les tumeurs de l’adulte jeune. D’autre part, l’avenir est à l’implication de plus en plus forte de la biologie dans cette prise en charge, à la fois pour le diagnostic, le pronostic et aussi pour la prédiction de la sensibilité aux différents traitements. L’un des enjeux futurs pour ces tumeurs très diverses est d’améliorer les possibilités de guérison, mais aussi de limiter les séquelles à long terme, car les patients guéris auront par définition une espérance de vie qui se compte en dizaines d’années. De plus, pour avoir la meilleure efficacité, il faut que des équipes pluridisciplinaires mais aussi transdisciplinaires existent sur le même site. Enfin, il faut développer la recherche clinique et la recherche translationnelle avec les autres équipes sur les plans national et international. À l’évidence, l’Institut Curie répond à beaucoup de ces conditions pour une prise en charge efficace des cancers chez les sujets jeunes ; nous en avons fait un élément fort de notre projet d’établissement pour les cinq prochaines années, et nous nous en donnons les moyens. ■ Nouveau ! La Lettre du Cancérologue indexée dans la base Pascal vient d’être de l’Institut de l’information scientifique et technique du CNRS (INIST-CNRS). 132 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 3 - mars 2009