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Mot du mois
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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (17), n° 4, mai 2003
Les tumeurs stromales gastro-intes-
tinales (GIST pour les Anglo-Saxons)
sont des tumeurs conjonctivales d'in-
dividualisation récente grâce au pro-
grès de l’immuno-histochimie. Ces
tumeurs sont rares car leur incidence
est estimée à 1 000 cas par an en
France (1). Auparavant, elles étaient
classées en deux types : les léio-
myomes (dérivés des cellules muscu-
laires) et les schwannomes (dérivés
des cellules nerveuses). La distinction
entre ces deux types était essentiel-
lement pronostique puisque les
schwannomes étaient considérés
comme des tumeurs de bon pronos-
tic, à la différence des léiomyomes,
à potentiel évolutif incertain. Les
études immuno-histochimiques ont
montré que cette classification était
imprécise et parfois erronée. Un mar-
queur commun à ces tumeurs a été
identifié, il s’agit du CD34. Plus
récemment, un nouveau marqueur
des tumeurs stromales digestives a
été découvert, il s’agit d’un récep-
teur transmembranaire KIT (CD117)
possédant une activité tyrosine-
kinase, dont le ligand est un facteur
de croissance (stem cell factor). Ces
tumeurs sont issues dans la plupart
des cas des cellules de Cajal des
plexus myentériques, cellules qui
expriment à l’état normal la protéine
c-KIT. Ces cellules sont les cellules
pacemaker de la paroi intestinale et
ont un rôle dans la régulation péri-
staltique de la musculature lisse du
tube digestif. Ces cellules expriment
à la fois c-KIT et le CD34. Les tumeurs
stromales digestives expriment CD34
dans plus de 75 % des cas, et c-KIT
dans plus de 90 % des cas. c-KIT est
le siège de mutations activatrices
dans ce type de tumeur, et ces muta-
tions sont probablement respon-
sables de la transformation tumorale
de la majorité des tumeurs stromales
digestives.
Outre une meilleure classification
des tumeurs stromales digestives, la
découverte de c-KIT a eu un intérêt
majeur dans la prise en charge thé-
rapeutique. En effet, ces tumeurs
ont un pronostic souvent redou-
table, notamment en l’absence de
traitement chirurgical. Le STI571
(imatinib, Glivec®) est un inhibiteur
sélectif de certaines tyrosines-
kinases, dont la kinase abl intracel-
lulaire (oncoprotéine de fusion
chimérique bcr-abl de la leucémie
myéloïde chronique) et du récepteur
transmembranaire KIT.
L’efficacité de ce traitement a été
montrée pour la première fois chez
une patiente ayant une tumeur stro-
male gastrique métastatique résis-
tante à plusieurs lignes de chimio-
thérapie (2). Une étude de phase I
a étudié l’efficacité de l’imatinib
chez 36 patients répartis en quatre
bras (400 mg x 1, 300 mg x 2,
400 mg x 2, 500 mg x 2) (3). Une
réponse partielle a été observée
dans 25 cas sur 36 (70 %) cas, une
stabilisation dans 7 cas sur 36
(19 %), et une progression dans 4
cas sur 36 (13 %) après un suivi
médian d’environ 9 mois (3). La
dose toxique limitante était de
500 mg x 2. Une étude randomisée
plus récente de phase II a comparé
deux doses d’imatinib 400 mg et
600 mg par jour chez 147 patients
ayant une tumeur stromale diges-
tive (4). Parmi ceux-ci, 79 (53,7%)
avaient une réponse partielle et 41
(27,9 %) une stabilisation. Aucune
réponse complète n’a été observée.
La durée médiane de réponse n’a
pas été atteinte après un suivi
médian de 24 semaines succédant
à l’apparition de la réponse. Une
hémorragie digestive, complication
c-Kit
S. Nahon*
* Centre hospitalier intercommunal
Le Raincy-Montfermeil.