D O S S I E R T H É M A T I Q U E Avant-propos ● B. Landi, C. Cellier* es tumeurs stromales digestives sont des tumeurs conjonctives pouvant se développer tout le long du tube digestif (le plus souvent dans l’estomac et l’intestin grêle) et parfois à partir de l’épiploon et du mésentère. Leur caractérisation précise est récente, et leur potentiel de malignité reste souvent difficile à évaluer. La classification morphologique des tumeurs mésenchymateuses digestives a en effet longtemps prévalu. Les tumeurs étaient principalement classées en léiomyomes et schwannomes (beaucoup plus rares). Cette classification avait une valeur pronostique, les schwannomes étant généralement bénins, alors que les léiomyomes étaient à potentiel incertain de malignité, les formes malignes (léiomyosarcomes) n’étant pas rares. L’essor des techniques immuno-histochimiques a permis de montrer l’absence de corrélation entre l’aspect morphologique et le profil immuno-histochimique. Certaines tumeurs classées schwannomes exprimaient des marqueurs des tumeurs musculaires lisses et inversement. Certaines tumeurs exprimaient les deux types de marqueurs, alors que de nombreuses tumeurs d’aspect proche n’en exprimaient aucun. En fait, les études de microscopie électronique ont très tôt montré l’absence de différenciation musculaire des “léiomyomes gastriques”. Ces constatations ont conduit Mazur et Clark à introduire, en 1983, le terme de tumeur stromale pour définir ces tumeurs indifférenciées. Les tumeurs stromales digestives s’intègrent depuis dans un cadre nosologique précis depuis la découverte de l’expression, par les cellules tumorales, de la protéine c-kit. Cette caractéristique rend particulièrement passionnante l’étude de ces tumeurs, puisqu’elle a founi des clés dans la pathogenèse et la prise en charge de ces tumeurs. En effet, c-kit est un rare exemple de proto-oncogène utile comme marqueur histologique et comme cible thérapeutique (Glivec STI 571 : un inhibiteur de la tyrosine-kinase). Ce type de médicament est probablement d’un grand avenir de manière plus large dans le traitement des tumeurs solides. Ces données récentes sont détaillées dans ce dossier thématique qui, nous l’espérons, vous intéressera autant que nous avons eu de plaisir à le faire. ■ L * Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. 60 La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. V - mars-avril 2002