Homologie cyclique relative, d`après Feigin et Tsygan

HOMOLOGIE CYCLIQUE RELATIVE, D’APR `
ES FEIGIN ET TSYGAN
GEOFFREY POWELL
1. RAPPELS
On fixe un anneau commutatif R31;ChRd´
enote la cat´
egorie des complexes
de chaˆ
ınes de R-modules Z-gradu´
es.
Notation 1.1.Pour nZ, soit R[n]le complexe de chaˆ
ınes tel que R[n]t= 0 si t6=n
et R[n]n=Ret soit CR[n]le complexe acyclique CR[n]t= 0 si t6∈ {n, n + 1}et
CR[n]n=CR[n]n+1 =R, de sorte qu’il existe un morphisme R[n]CR[n]qui
est un isomorphisme en degr´
en.
La cat´
egorie ChRest munie d’une structure de cat´
egorie de mod`
eles projective,
point´
ee (par 0), et la structure est cofibremment engendr´
ee par les ensembles I(les
cofibrations ´el´ementaires) et J(les cofibrations acycliques ´el´ementaires) suivants :
I={R[n]CR[n]|nZ}
J={0CR[n]|nZ}.
Remarque 1.2.Les ´
equivalences faibles de la structure projective sont les quasi-
isomorphismes et les fibrations les surjections. En particulier, la structure projec-
tive sur ChRest fibrante : tout objet est fibrant.
La cat´
egorie homotopique associ´
ee Ho(ChR)est la cat´
egorie d´
eriv´
ee (non-
born´
ee) DRdes complexes de R-modules.
La cat´
egorie des complexes de chaˆ
ınes Z-gradu´
es ChRest munie d’une struc-
ture mono¨
ıdale sym´
etrique ferm´
ee, fournit par le produit tensoriel habituel de
complexes R, l’objet neutre R(concentr´
e en degr´
e z´
ero) et HomR(,), le hom
interne.
Remarque 1.3.Le produit tensoriel Rinduit une structure mono¨
ıdale sym´
etrique
sur la cat´
egorie d´
eriv´
ee :
L
R:DR×DRDR.
D´efinition 1.4. La cat´
egorie DGARdes alg`
ebres diff´
erentielles gradu´
ees est la
cat´
egorie des mono¨
ıdes de ChR: une alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee Aest un com-
plexe de chaˆ
ınes muni de morphismes de structure ηA:RAet µA:AAA
qui v´
erifient les axiomes habituels.
Noter que l’objet initial de DGARest Ret l’objet final 0.
Notation 1.5.Soit T: ChRDGARl’adjoint `
a gauche du foncteur oubli DGAR
ChR(Test le foncteur alg`ebre tensorielle).
L’approche g´
en´
erale de Schwede et Shipley [SS00] fournit le r´
esultat suivant
(qu’on peut d´
emontrer directement) :
Th´eor`eme 1.6. La cat´egorie DGARest munie d’une structure de mod`eles cofibremment
engendr´ee telle que
T: ChRDGAR
soit une adjonction de Quillen ; T(I)(respectivement T(J)) est l’ensemble des cofibrations
´el´ementaires (resp. cofibrations acycliques ´el´ementaires) pour cette structure.
1
2 GEOFFREY POWELL
Remarque 1.7.
(1) Les ´
equivalences faibles de cette structure de mod`
eles sur DGARsont les
quasi-isomorphismes et les fibrations les surjections ; les cofibrations sont
les r´
etractes d’extensions presque libres (cf. [FHT95]).
(2) Cette structure de mod`
eles sur DGARest fibrante.
(3) Le fait que DGARsoit cofibremment engendr´
ee entraˆ
ıne l’existence de fac-
torisations fonctorielles.
Remarque 1.8.Pour toute alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee A, le coproduit Aq0est
l’objet final 0.
D´efinition 1.9. Soit Rhxil’alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee donn´
ee par l’alg`
ebre ten-
sorielle T(x)sur un g´
en´
erateur de degr´
e1, munie de la diff´
erentielle dx = 1. Pour
AObDGAR, soit Ahxi:= AqRhxi.
Lemme 1.10. Soit AObDGAR. L’inclusion canonique AAhxiest une cofibration
et fournit une factorisation du morphisme A0:
AAhxi'
0.
D´emonstration. Exercice !
Notation 1.11.Soit ass l’alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee T(CR[1]).
Lemme 1.12. L’inclusion Rass est une cofibration acyclique. Pour BObDGAR,
Bqass est un objet chemin pour B:
B'
Bqass BYB.
Rappeler qu’une alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee CObDGARest commutative
si µCτ=µC, o `
uτ:CC´
echange les facteurs de C(il s’agit d’une partie de la
structure de cat´
egorie mono¨
ıdale sym´etrique de ChR).
Notation 1.13.Soit l’alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee commutative engendr´
ee par
CR[1], munie de la surjection canonique ass .
Lemme 1.14. Si QR, alors Rest une ´equivalence faible et, pour BObDGAR,
il existe un diagramme commutatif naturel :
B//'//
'
##
G
G
G
G
G
G
G
G
G
GBqass
%%%%
L
L
L
L
L
L
L
L
L
L
'
B////BQB.
En particulier, si AObDGARest cofibrant, deux morphismes f, g :ABsont
homotopes si et seulement s’il existe une homotopie h:ABentre fet g.
Remarque 1.15.Le morphisme BBn’est pas une cofibration, donc B
n’est pas un tr`es bon objet chemin pour B(en suivant la terminologie de [DS95]).
2. LE FONCTEUR ()\
D´efinition 2.1. Pour AObDGAR, soient :
(1) [A, A]le complexe de chaˆ
ınes des commutateurs de A: explicitement le
sous-complexe de chaˆ
ınes engendr´
e (en tant que R-module) par les ´
el´
ements
de la forme [a1, a2],aides ´
el´
ements homog`
enes de A, muni de l’inclusion
canonique dans ChR:[A, A]A;
(2) ()\: DGARChRle foncteur A7→ A\:= A/[A, A].
HOMOLOGIE CYCLIQUE RELATIVE, D’APR `
ES FEIGIN ET TSYGAN 3
Remarque 2.2.
(1) Malheureusement, le foncteur ()\n’est pas un foncteur de Quillen.
(2) Attention : il ne s’agit pas du quotient par l’id´
eal (sur A) engendr´
e par les
commutateurs !
Lemme 2.3. Soient A, C DGAR, telles que Cest commutative. Alors il existe un
isomorphisme naturel dans DGAR
(AC)\
=A\C.
D´emonstration. Exercice.
Th´eor`eme 2.4. Si QR, le foncteur ()\: DGARChRadmet un foncteur d´eriv´e `a
gauche :
L()\:Ho(DGAR)DR.
D´emonstration. Dans [BKR11], ce r´
esultat est d´
emontr´
e en passant par le lemme de
Brown : il suffit de montrer que ()\envoie est cofibrations acycliques entre objets
cofibrants sur des isomorphismes de DR. Cependant, on se r´
eduit aussitˆ
ot `
a un
lemme sur la pr´
eservation d’homotopies.
Ainsi, l’ingr´
edient principal de la d´
emonstration est l’´
etape suivante. Soient
f, g :ABdeux morphismes homotopes, o `
uAest cofibrant ; par le Lemme
1.14, il existe une homotopie de la forme h:AB. En appliquant le foncteur
()\, par le Lemme 2.3, h\fournit une homotopie A\B\entre f\et g\.
Remarque 2.5.Le foncteur d´
eriv´
eL()\envoie BObDGAR`
a la classe d’homo-
topie de (QB)\, o `
uQB est une r´
esolution cofibrante de B.
3. HOMOLOGIE CYCLIQUE EN CARACT´
ERISTIQUE 0
Notation 3.1.Soit AlgRla cat´
egorie des R-alg`
ebres associatives, consid´
er´
ee comme
sous-cat´
egorie AlgRDGARdes objets concentr´
es en degr´
e0.
D´efinition 3.2. Soient AObAlgRet Mun A-bimodule. Le complexe de Hoch-
schild C(A;M)est le complexe de chaˆ
ınes (N-gradu´
e) dont Cn(A;M) := M
An, muni de la diff´
erentielle bdonn´
ee par
b(ma1. . . an) = ma1a2. . . an+
X(1)ima1. . . aiai+1 . . . an
+(1)nanma1. . . an1.
L’homologie de Hochshild de A`
a coefficients dans Mest
HH(A;M) := H(C(A;M)).
Lorsque M=A, muni de la structure de bimodule canonique, Cn(A;A) =
An+1 et on ´
ecrit HH(A)au lieu de HH(A;A).
Rappeler que, pour Vun R-module, le groupe sym´
etrique Snagit par permu-
tations de changement de place sur Vn. On peut tordre cette action par le caract`
ere
signature ; ainsi, le groupe Z/(n+ 1) = htiagit sur An+1 par
t(a0. . . an)=(1)n(ana1. . . an1).
Connes a observ´
e que cette action est compatible avec le bord du complexe de
Hochschild.
D´efinition 3.3. Soit Cλ
(A)le complexe de chaˆ
ınes de Connes, donn´
e par
Cλ
n(A) := An+1/Z/(n+1)
muni de la diff´
erentielle bλinduite par b. On ´
ecrit Hλ
(A)pour H(Cλ
(A)).
4 GEOFFREY POWELL
Exemple 3.4. On a Hλ
0(A)
=A/[A, A] = A\. (Exercice !)
Voir [Lod98, Chapitre 2] pour la d´
efinition g´
en´
erale de l’homologie cyclique
HC().
Proposition 3.5. ([Lod98], par exemple.) Si QR, il existe un isomorphisme naturel
HC(A)
=Hλ
(A).
L’observation fondamentale de Feigin et Tysgan [FT85, FT87] est que, lorsque
QR, en raison de la proposition 3.5 et de l’exemple 3.4, on peut consid´
erer
l’homologie cyclique comme foncteur d´
eriv´
e de ()\.
Rappeler que Ahxid´
enote la factorisation canonique de A0.
Proposition 3.6. [FT85] Soit AObAlgR; si QR, alors, pour nN, il existe un
isomorphisme naturel
HCn(A)
=Hn+1(Ahxi/(A+ [Ahxi, Ahxi])).
D´emonstration. (Indications.) Il existe un morphisme R-lin´
eaire
An+1 Ahxin
qui envoie a0. . . an`
aa0xa1x . . . xan. On v´
erifie (exercice !) que, pour n > 0,
le morphisme An+1 An,a0. . . an7→ ana0a1. . . an1induit un
isomorphisme de complexes
Ahxi/(A+ [Ahxi, Ahxi])
=
Cλ
•−1(A).
(Exercice : v´
erifier les d´
etails, en particulier que le morphisme est bien d´
efini !)
Remarque 3.7.Le morphisme canonique AAhxiinduit un monomorphisme
A\(Ahxi)\et on dispose d’un isomorphisme naturel :
Ahxi/(A+ [Ahxi, Ahxi])
=(Ahxi)\/A\.
Ainsi, on peut voir l’homologie cyclique comme cas particulier d’un foncteur d´
eriv´
e
`
a gauche du foncteur qui envoie le morphisme SBde DGARau mapping cˆone
de S\B\. (Il faut faire bien attention `
a cette notion de foncteur d´eriv´e.)
4. INTERLUDE FORMEL
Soient Cune cat´
egorie de mod`
eles et AObC. La cat´
egorie coslice ACest
munie d’une structure naturelle de cat´
egorie de mod`
eles telle qu’un morphisme
AXf
Yde ACest une ´
equivalence faible (respectivement cofibration, resp.
fibration) ssi fl’est dans C. Autrement dit, la structure est cr´ee par le foncteur
oubli :
ACC.
D´efinition 4.1. La cat´
egorie MorCest la cat´
egorie des foncteurs CM, o `
uMest la
cat´
egorie repr´
esent´
ee par
•→•.
Le foncteur d’inclusion de la sous-cat´
egorie discr`
ete de Minduit le foncteur
(s, t) : MorCC×C.
D´efinition 4.2. La structure de mod`
eles projective (`
a la Bousfield-Kan) sur MorC
est la structure telle que gest une fibration (respectivement ´
equivalence faible) de
MorCsi et seulement si (s, t)gl’est dans C×C. Un morphisme (X1Y1)
HOMOLOGIE CYCLIQUE RELATIVE, D’APR `
ES FEIGIN ET TSYGAN 5
(X2Y2)est une cofibration dans cette structure si et seulement si les mor-
phismes indiqu´
es sont des cofibrations :
X1//
Y1%%
%%
J
J
J
J
J
J
J
J
J
J
J
X2//Y1qX1X2////Y2.
On a le plongement ´
evident : ACMorCcomme sous-cat´
egorie.
Remarque 4.3.Supposons A6
=.
(1) ACMorCn’est pas un foncteur de Quillen.
(2) Le plongement ACMorCne respecte pas l’objet initial ; l’objet initial
de ACest A=
A, tandis que celui de Mor(C)est ∅→∅.
(3) Un objet f:AXde ACest cofibrant si et seulement si fest une cofi-
bration ; fest cofibrant dans MorCsi et seulement si fest une cofibration
et Aest cofibrant.
(4) Le foncteur t: MorCCadmet un adjoint `
a droite CMorC, qui
envoie XObC`
aX=
X.
On note la propri´
et´
e de compatibilit´
e suivante :
Lemme 4.4. Le plongement ACMorCpr´eserve les classes de morphismes (cofi-
brations, ´equivalences faibles, fibrations).
D´emonstration. ´
Evident.
Un foncteur F:CDentre cat´
egorie de mod`
eles induit un diagramme com-
mutatif (`
a naturelle ´
equivalence pr`
es)
AC//
_
F A D
_
MorC//MorD.
Remarque 4.5.En raison de la diff´
erence entre la condition cofibrante pour un ob-
jet AC, selon la cat´
egorie ambiente, il faut faire attention en consid´
erant les
foncteurs d´
eriv´
es.
5. MAPPING C ˆ
ONE
Soit (C,)une cat´
egorie de mod`
eles point´
ee. Alors, le foncteur
CMorC
X7→ (∗ → X)
est adjoint `
a droite du foncteur ’cˆ
one’
MorCC
(XY)7→ ∗ qXY.
Ceci est une adjonction de Quillen ; donc le foncteur (XY)7→ ∗ qXYadmet
un foncteur d´
eriv´
e`
a gauche ; il s’agit du mapping cˆone.
Exemple 5.1. On applique cette construction lorsque C= ChR, point´
ee par 0.
La construction du mapping cˆone fournit une partie de la structure de cat´
egorie
triangul´
ee de la cat´
egorie d´
eriv´
ee DR. En particulier, tout morphisme f:XY
de ChRfigure en un triangle distingu´e dans DR:
Xf
YCf.
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