Sur les algèbres différentielles graduées commutatives

SUR LES ALG `
EBRES DIFF ´
ERENTIELLES GRADU ´
EES COMMUTATIVES
GEOFFREY POWELL
TABLE DES MATI `
ERES
1. Objectifs 1
2. Complexes de chaˆ
ıne 2
3. Alg`
ebres diff´
erentielles gradu´
ees commutatives 3
4. Enrichissement simplicial 6
Annexe A. Alg`
ebres simpliciales 8
R´
ef´
erences 9
On fixe Run anneau commutatif, unitaire. Pour les applications `
a la th´
eorie
homotopique des alg`
ebres diff´
erentielles gradu´
ees commutatives, on supposera
de plus que QR.
Dans ces notes, on utilise la notation homologique, tandis que [PTVV13] utilise la
notation cohomologique.
1. OBJECTIFS
L’objectif est d’introduire la cat´
egorie des sch´emas affines d´eriv´es (`
a la To¨
en-Vezzosi
[TV08]), telle qu’elle est utilis´
ee dans [PTVV13].
L’avantage principal du cadre d´eriv´e est qu’il nous permet de former des r´
esolutions
par des objets construits `
a partir d’alg`
ebres lisses. Ceci est important :
(1) en th´
eorie des d´
eformations (introduction du complexe cotangent) ;
(2) pour la th´
eorie (co)homologique des anneaux commutatifs, la cohomologie
d’Andr´e-Quillen ;
(3) en ´
etudiant les intersections (les limites homotopiques se comportent mieux).
(Voir [To¨
e14, Section 1] ou [Cal14] pour un survol de cette motivation.)
Rappelons que, en g´
eom´
etrie alg´
ebrique classique, la cat´
egorie des sch´
emas
affines est ´
equivalente `
a l’oppos´ee de la cat´
egorie des anneaux commutatifs. La
cat´
egorie des sch´
emas affines d´
eriv´
es est en fait une -cat´
egorie, plus pr´
ecis´
ement
la (,1)-cat´
egorie associ´
ee `
a une cat´
egorie de mod`
ele.
Si QR, la cat´
egorie sous-jacente est
dAffR(cdga+
R)op
o`
ucdga+
Rest la cat´
egorie des alg`
ebres diff´
erentielles gradu´
ees commutatives concentr´
ees
en degr´
es (homologiques) non-n´
egatifs. Pour rendre ceci plus pr´
ecis, il faut intro-
duire la structure homotopique de cdga+
R.
Date: Version pr´
eliminaire (l´
eg`
erement retouch´
ee) : 19 janvier 2016.
1
2 GEOFFREY POWELL
2. COMPLEXES DE CHAˆ
INE
Soit ChRla cat´
egorie des complexes de chaˆ
ıne de R-modules (Z-gradu´
es, no-
tation homologique, diff´
erentiel de degr´
e1, morphismes de degr´
e0) ; (ChR,,)
est une cat´
egorie sym´
etrique mono¨
ıdale, o `
u est le module R, consid´
er´
e comme
complexe concentr´
e en degr´
e0et est le produit tensoriel habituel :
(XY)n:= M
i
XiRYni
d(xy)=(dx)y+ (1)|x|xdy.
La sym´
etrie τ:XYτ
YXintroduit les signes de Koszul :
τ(xy)=(1)|x||y|yx.
Notation 2.1.Soit Ch+
RChRla sous-cat´
egorie pleine des complexes N-gradu´
es
(Xn= 0 si n < 0).
Remarque 2.2.La structure sym´
etrique mono¨
ıdale se restreint `
a une structure sym´
etrique
mono¨
ıdale (Ch+
R,,).
L’inclusion i:Ch+
RChRadmet un adjoint `
a droite t+:
i:Ch+
RChR:t+,
o`
ut+est la troncature intelligente :
(t+X)n=
0n < 0
ker d0n= 0
Xnn > 0.
Th´eor`eme 2.3. [Hov99] Les cat´egories Ch+
Ret ChRadmettent les structures de mod`ele
suivantes :
(1) ChR:W= quasi-isomorphismes ; Fib = surjections ;
(2) Ch+
R:W= quasi-isomorphismes ; Fib = surjections en degr´es strictement posi-
tifs.
Par rapport `a ces structures, l’adjonction iat+est une adjonction de Quillen 1.
Remarque 2.4.Il s’agit de la structure de mod`
ele projective sur ChR. La cat´
egorie
homotopique Ho(ChR)associ´
ee est un mod`
ele pour la cat´
egorie d´
eriv´
ee D(R)non-
born´
ee de la cat´
egorie des R-modules.
Notation 2.5.Pour nZ, soient R[n]ChRle complexe Rconcentr´
e en degr´
enet
D[n]le complexe concentr´
e en degr´
es n,n1:
. . . 0Rid
R0. . .
de sorte qu’il existe une suite exacte courte de complexes :
0R[n1] D[n]R[n]0.
Exercice 2.6. Montrer que, pour XChRet nZ:
HomChR(D[n], X)
=Xn
HomChR(R[n], X)
=ker dn
et que la surjection D[n]R[n]induit l’inclusion ker dnXn.
Exercice 2.7. Soit f:CC0un morphisme de ChR. Montrer que :
1. t+envoie une surjection sur un morphisme surjectif en degr´
es strictement positifs et pr´
eserve les
quasi-isomorphismes
SUR LES ALG `
EBRES DIFF ´
ERENTIELLES GRADU ´
EES COMMUTATIVES 3
(1) tout carr´
e commutatif de la forme suivante admet un rel`
evement (en poin-
till´
es) :
0//
C
f
D[n]//
==
C0
si et seulement si CnC0
nest surjectif ;
(2) tout carr´
e commutatif de la forme suivante admet un rel`
evement (en poin-
till´
es) :
R[n1]
//C
f
D[n]//
;;
C0
si et seulement si, (xC0
n, z Cn1)tels que dz = 0 et f(z) = dx, il existe
˜xC0
ntel que f(˜x) = xet d˜x=z.
Notation 2.8.Soient I, J les ensembles de morphismes de ChRsuivants :
I:= {R[n1] D[n]|nZ}
J:= {0D[n]|nZ}
et I+, J+les ensembles de morphismes de Ch+
R:
I+:= {R[n1] D[n]|0< n Z}∪{0R[0]}
J+:= {0D[n]|0< n Z}
Remarque 2.9.Les morphismes de I,I+sont des cofibrations et les morphismes de
J,J+sont des cofibrations triviales (en particulier des quasi-isomorphismes).
Th´eor`eme 2.10. [Hov99] La structure de mod`ele sur ChRest cofibremment engendr´ee
par (I, J):
(1) Fib =Jt;
(2) Fib W=It.
Idem pour Ch+
Rpar rapport `a (I+, J+).
D´emonstration. Exercice (en admettant l’existence des structures de mod`
ele).
3. ALG `
EBRES DIFF ´
ERENTIELLES GRADU´
EES COMMUTATIVES
D´efinition 3.1. Soient cdgaR(respectivement cdga+
R) la cat´
egorie des mono¨
ıdes
unitaires, commutatifs de ChR(resp. Ch+
R) et cdgaRChR(resp. cdga+
RCh+
R) le
foncteur oubli de structure.
Remarque 3.2.Un objet de cdgaRest une alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee commuta-
tive (unitaire) A, donc une alg`
ebre unitaire Z-gradu´
ee dont le produit est commu-
tatif :
ab = (1)|a||b|ba,
munie d’une diff´
erentielle dqui est une d´
erivation :
d(ab) = (da)b+ (1)|a|a(db).
Cette structure est encod´
ee par les morphismes de structure dans ChR
η:A
µ:AAA
qui munissent Ad’une structure de mono¨
ıde commutatif.
4 GEOFFREY POWELL
Remarque 3.3.La cat´
egorie cdga+
Rest la sous-cat´
egorie pleine de cdgaRdes objets
dont le complexe sous-jacent appartient `
aCh+
R.
Exercice 3.4. Montrer que l’adjonction iat+induit une adjonction
i:cdga+
RcdgaR:t+.
Notation 3.5.Soit S:ChRcdgaRle foncteur mono¨ıde commutatif libre, qui se
restreint `
a un foncteur :
S:Ch+
Rcdga+
R.
Remarque 3.6.Par d´
efinition, S:ChRcdgaRest l’adjoint `
a gauche du foncteur
oubli cdgaRChR(idem pour cdga+
R).
Exercice 3.7. D´
ecrire le foncteur Sexplicitement.
Proposition 3.8. La cat´egorie cdgaR(respectivement cdga+
R) est complet et co-complet.
En particulier
(1) son objet initial est et son objet final 0;
(2) le coproduit de A, B cdgaRest ABet le produit AB.
Th´eor`eme 3.9. Supposons que QR. Alors cdgaR(respectivement cdga+
R) est munie
d’une structure de mod`eles dont les ´equivalences faibles sont les quasi-isomorphismes et
les fibrations sont les surjections (resp. les morphismes surjectifs en degr´es strictement
positifs).
De plus, les adjonctions :
S:ChRcdgaR
S:Ch+
RcdgaR
sont des adjonctions de Quillen et l’adjonction de troncation :
cdga+
RcdgaR:t+
est ´egalement une adjonction de Quillen.
D´emonstration. Pour la d´
emonstration pour des alg`
ebres diff´
erentielles gradu´
ees
commutatives concentr´
ees en degr´
es non-positifs, voir [BG76], [GM03, Section
V.3].
Voir [Lur14, Proposition 7.4.1.10] pour le cas Z-gradu´
e.
Remarque 3.10.Tout objet de cdgaR(respectivement cdga+
R) est fibrant.
Exemple 3.11. Supposons QR. Soit 0< n N; l’inclusion R[n1] D[n]de
I+induit une cofibration g´en´eratrice
S(R[n1]) S(D[n]).
Soient Acdga+
R; un morphisme α:S(R[n1]) Aest ´
equivalente `
a la donn´
ee
d’un cycle dans An1(qu’on notera α, par abus de notation). La somme amal-
gam´
ee
S(R[n1]) α//
R
A
S(D[n]) //AS(R[n1]) S(D[n])
fournit l’alg`
ebre diff´
erentielle gradu´
ee :
AS(R[n1]) S(D[n])
=(AS(yn), d),
o`
uAest un sous-objet, |yn|=net dyn=α(par abus de notation).
SUR LES ALG `
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ERENTIELLES GRADU ´
EES COMMUTATIVES 5
La cofibration
A(AS(yn), d)
est l’exemple type d’une cofibration de cdga+
R.
Dans le cas n= 0, on consid`
ere le morphisme 0R[0], ce qui fournit la cofi-
bration : 0S(y0)ainsi que
A(AS(y0), dy0= 0).
D´efinition 3.12. Une extension semi-libre dans cdga+
Rest un monomorphisme de
cdga+
R:
A (AS(V), d)
o`
uVest un R-module N-gradu´
e tel que chaque Vnest un R-module libre.
Remarque 3.13.Lorsqu’on travaille dans cdgaR, il faut imposer une condition sur
la diff´
erentielle, `
a savoir V
=LnNV(n), o `
uV(n)sont des R-modules Z-gradu´
es
tel que chaque V(n)iest un R-module libre, et la diff´
erentielle envoie :
d:V(n)AS(
n1
M
i=0
V(i)).
(Il s’agit d’une condition de type cellulaire.)
La d´
emonstration du Th´
eor`
eme 3.9 utilise le r´
esultat suivant, qui donne ´
egalement
une caract´
erisation des cofibrations.
Proposition 3.14. Supposons QR. Alors
(1) tout morphisme f:ABde cdga+
Rse factorise en
A(AS(V), d)'
B;
en particulier, tout Bcdga+
Radmet une r´esolution semi-libre
(S(V), d)'
B;
(2) un morphisme est une cofibration si et seulement s’il est r´etracte d’une extension
semi-libre.
D´emonstration. Version alg´
ebrique d’approximation cellulaire.
Notation 3.15.D´
enotons par dAffRla cat´
egorie homotopique des sch´emas affines
d´eriv´es :
(dAffR)op := Ho(cdga+
R)
=cdga+
R[W1].
(Pour ˆ
etre plus pr´
ecis, on travaillera avec la -cat´
egorie associ´
ee ; voir la remarque
4.8.)
Exercice 3.16. Montrer que la structure de mod`
ele sur cdgaR(respectivement cdga+
R)
est cofibremment engendr´
ee
(1) cofibrations g´
en´
eratrices : S(I)(respectivement S(I+)) ;
(2) cofibrations triviales g´
en´
eratrices : S(J)(resp. S(J+)).
Remarque 3.17.Les r´
esolutions semi-libres jouent le rˆ
ole de r´esolutions lisses. Com-
parer la d´
efinition d’un morphisme formellement lisse, qui est ´
egalement donn´
ee
par une propri´
et´
e de rel`
evement.
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