Entre innovations thérapeutiques et grisaille ÉDITORIAL

ÉDITORIAL
Entre innovations thérapeutiques
et grisaille
Between therapeutic innovations and dullness
A
vant de prendre son élan pour 12 mois intenses de
cancérologie, il reste classique de se retourner et de
regarder le chemin parcouru au fil de l’année qui vient
de s’écouler.
Cette année 2011 aura balancé entre innovations théra­
peutiques et grisaille. Les innovations ont été, cette année
encore, brillantes. Citons :
➤ ➤la confirmation de progrès significatifs sur la survie dans
des cancers jusqu’alors orphelins tels que le mélanome*
méta­statique, grâce à l’efficacité du vémurafénib dans les
mélanomes ayant une mutation V600 du gène Braf ou à
l’immunothérapie par ipilimumab ;
➤ ➤la confirmation de l’intérêt de l’acétate d’abiratérone
comme nouvelle hormonothérapie pour les cancers de la
­prostate métastatiques échappant aux traitements p­ récédents ;
➤ ➤le développement de médicaments dans les soins de
support, tels que le dénosumab, qui cible la protéine Rank-L et
retarde l’apparition des métastases osseuses chez les patients
atteints d’un cancer de la prostate hormonorésistant ;
➤ ➤la mise au point de nouvelles combinaisons thérapeutiques
plus efficaces, telles que exémestane + évérolimus dans le
cancer du sein.
Cette dynamique a cependant été altérée par plusieurs
nouvelles décevantes :
➤ ➤l’impossibilité d’appliquer dans la pratique quotidienne
un dépistage du cancer du poumon malgré la démonstration
statistique de son efficacité ;
➤ ➤l’inquiétude suscitée auprès de nos patients par les
informations concernant le retrait d’indication de certains
­traitements antiangiogéniques dans le cancer du sein ou les
effets secondaires imprévus de nouvelles thérapies ciblées.
* Découvrez également le dossier thématique consacré à l’oncodermatologie,
coordonné par Céleste Lebbé, paru dans le numéro de novembre 2011 de La Lettre
du Cancérologue.
Ce sentiment confus d’inquiétude aura pu être amplifié par
2 événements venant jeter un voile de grisaille sur le panorama jusqu’alors sans tache de l’innovation théra­peutique :
“l’affaire Mediator®” et, plus récemment, l’affaire des
prothèses mammaires PIP.
Même si ces affaires ne concernent pas directement la cancérologie, elles pourraient peser sur les relations entre les ­différents
partenaires impliqués dans l’innovation thérapeutique.
Souhaitons que 2012 permette de tirer le plus rapidement
possible les leçons de ces événements, et permette également la poursuite de progrès inattaquables pour le bénéfice
de nos patients.
Avec ces souhaits, la rédaction de La Lettre du Cancérologue
se mobilise pour vous offrir une synthèse* des éléments
­essentiels de l’année juste écoulée.
■
J.F. Morère
Service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, Bobigny ;
rédacteur en chef de La Lettre du Cancérologue.
Écrivons ensemble
une très belle
année 2012 !
Claudie Damour-Terrasson
et toute l’équipe Éditoriale
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 5