RÉTROSPECTIVE 2004
243
La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - n° 6 - novembre-décembre 2004
Chimiothérapie
Une étude randomisée du MD Anderson avait pour but principal
d’évaluer si l’adjonction de trastuzumab (Herceptin
®
) hebdoma-
daire pouvait augmenter le taux de réponse histologique complète
après une chimiothérapie néoadjuvante comportant des anthra-
cyclines dans des cancers du sein opérables (A.U. Buzdar, ASCO
2004). Le taux de réponse histologique complète était de 65 %
dans le bras avec trastuzumab, contre 26 % dans le bras chimio-
thérapie seule.
Dans un essai de phase II, 30 patientes présentant un cancer du
sein de stade II ou III ont été traitées par l’association taxotère-
capécitabine (42). Après quatre cycles de chimiothérapie, le taux
de réponse clinique est de 90 %, dont 31 % de réponses complètes.
Le taux de réponse complète histologique est de 10 %.
TRAITEMENT ADJUVANT
L’essai MINDACT, lancé en 2004 par le groupe européen TransBIG
dirigé par M. Piccart-Gehbart (43), doit comparer chez 5 000 patientes
l’indication d’un traitement adjuvant reposant sur les critères
clinicobiologiques “classiques” ou sur les critères du profil géné-
tique défini par puces à ADN selon la technique publiée par
L. Van’t Veer (44).
Hormonothérapie adjuvante
Les données, fin 2003, étaient en faveur du traitement par anas-
trozole en première intention, ou d’un changement par antiaro-
matase après deux à trois ans de tamoxifène, ou de l’utilisation
de létrozole après cinq ans de tamoxifène dans le traitement de
première intention des cancers de sein hormonodépendants de la
femme ménopausée (45). Un schéma adjuvant séquentiel a été
testé avec l’exémestane. Dans cette étude, 4 742 patientes ont été
randomisées, après un traitement initial de deux à trois ans de
tamoxifène, entre exémestane ou la poursuite du tamoxifène
jusqu’à un total de cinq ans de traitement adjuvant (46). Après
un suivi médian de 36 mois, 449 événements (récidive locale ou
métastatique, cancer du sein controlatéral, décès) ont été obser-
vés, 183 dans le groupe exémestane, et 266 dans le groupe tamoxi-
fène, ce qui correspond à un hazard-ratio non ajusté de 0,68 pour
l’exémestane contre le tamoxifène (p < 0,001), soit une réduc-
tion du risque de 32 %, et un bénéfice absolu en termes de sur-
vie sans maladie de 4,7 %. Trois ans après la randomisation, la
survie sans maladie est ainsi de 91,5 % dans le groupe exémes-
tane, et de 86,8 % dans le groupe tamoxifène. Il n’y a pas de dif-
férence significative entre les deux groupes concernant la survie
globale (p = 0,41). Le nombre de cancers du sein controlatéraux
était également diminué dans le groupe exémestane (p = 0,04).
La toxicité thromboembolique était diminuée dans le bras avec
exémestane, associée cependant à une augmentation significative
des arthralgies, de l’ostéoporose, des troubles visuels et des diar-
rhées. Ainsi, la survie sans maladie de patientes ménopausées
ayant présenté un cancer du sein après un traitement de deux
à trois ans par tamoxifène est significativement augmentée
lorsqu’elles sont traitées ensuite par l’exémestane à la place du
tamoxifène pour une durée totale de cinq ans.
Un essai randomisé à trois bras de l’International Breast Cancer
Study Group (IBCSG) a comparé en traitement adjuvant chez
1 063 femmes non ménopausées et sans atteinte ganglionnaire
soit 6 cures de CMF seules, soit 24 mois de l’agoniste de la LH-
RH goséréline seule, soit 6 CMF suivis de 18 mois de goséréline
(47). Chez les patientes hormonosensibles (RE+), les trois bras
étaient équivalents en termes de survie sans récidive. En revanche,
le traitement séquentiel par CMF puis goséréline était supérieur
aux deux autres dans le sous-groupe des patientes âgées de moins
de 40 ans.
Les méta-analyses de l’EBCTCG concernant le tamoxifène n’ont
pas retrouvé d’augmentation de risque d’accident vasculaire céré-
bral. Cependant, dans deux essais du NSABP (B24 et P1), il y
avait plus d’accidents vasculaires cérébraux dans le bras tamoxi-
fène que dans le bras contrôle. Une étude cas-contrôle n’a pas
retrouvé cette augmentation (48). En revanche, il semblerait que
la chimiothérapie augmente ce risque, ce qui nécessiterait des éva-
luations supplémentaires. D’autre part, il y aurait moins d’infarc-
tus chez les femmes recevant du tamoxifène durant 5 ans que chez
celles n’en recevant que durant 2 ans (49).
Les résultats préliminaires de l’étude GEICAM 9401, comparant,
chez des patientes recevant une chimiothérapie adjuvante par
épirubicine-cyclophosphamide, l’administration concomitante
ou séquentielle de tamoxifène, suggèrent un bénéfice pour
l’administration séquentielle, confortant les résultats de l’étude
INT-0100 (50) (Albain, ASCO 2002). Les résultats à long terme
des essais B14 et B20 chez des patientes sans atteinte ganglion-
naire RE+ du groupe NSABP ont été publiés dans le Lancet.
Ils confirment, après 15 ans de suivi médian pour le B14, le
bénéfice du tamoxifène par rapport au placebo et, après 12 ans
pour le B20, la supériorité de l’association tamoxifène plus CMF
par rapport au tamoxifène seul (51).
Une équipe a montré une interférence entre le Prozac
®
et le
tamoxifène (52). Cependant, l’impact du Prozac
®
portait essen-
tiellement sur un seul des métabolites du tamoxifène, l’endoxi-
fène, rendant peu probable une réelle incidence clinique de ce
phénomène.
Chimiothérapie adjuvante
L’actualisation des essais adjuvants dans les cancers du sein N+
de Bonadonna (53) confirme bien l’apport des anthracyclines, qui
diminuent le risque de rechutes. Mais ce sont surtout les premiers
essais à démontrer l’intérêt d’une approche séquentielle utilisant
des agents sans résistance croisée, avec nécessité d’utiliser l’agent
le plus actif en premier (l’adriamycine). Ces essais ont été à la
base de tous les essais adjuvants séquentiels intégrant, notam-
ment, les taxanes.
L’intensification de la chimiothérapie a encore montré ses limites
dans le traitement adjuvant du cancer du sein. Ainsi, un essai ran-
domisé comparant, chez 307 patientes ayant plus de 10 ganglions
envahis, 4 EC suivis, soit d’une intensification, soit de 3 CMF,
n’a pas montré de différence en termes de survie sans récidive
ou de survie globale après un suivi de 3,8 ans (54). De même,
l’essai anglo-celtique a randomisé 605 patientes atteintes de can-
cer du sein, avec au moins 4N+, entre une chimiothérapie conven-
tionnelle (4 cures d’adriamycine 75 mg/m
2
suivies de 8 cures de
CMF IV tous les 21 jours) et 4 cures d’adriamycine suivies d’une
.../...