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Second European Breast Cancer Conference
Bruxelles, 26-30 septembre 2000
lB. Cutuli*
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ette manifestation fait suite à la First Breast Cancer
Conference de Florence, qui s’était déroulée en
1998 à l’instigation de trois grandes organisations
européennes très impliquées dans la cancérologie mammaire :
l’EORTC (European Organisation for Research and Treatment
of Cancer), l’EUSOMA (European Society of Mastology) et
Europa Donna.
Nous avons volontairement limité ce compte-rendu à deux
points :
– les résultats de la méta-analyse du groupe d’Oxford sur les
traitements adjuvants ;
– le final statement du panel d’experts, synthèse des recommandations proposées aux instances européennes en matière
de cancer du sein.
MÉTA-ANALYSE DU GROUPE D’OXFORD (EARLY BREAST
CANCER TRIALIST GROUP [EBCTG])
R. Peto a présenté les derniers résultats concernant la plus
importante étude mondiale sur le cancer du sein, qui inclut
environ 250 essais randomisés à travers le monde (plus de
70 000 femmes traitées).
Les principaux points rapportés sont les suivants :
– le cancer du sein a une longue histoire naturelle et seuls les
taux de survie à 10 et 20 ans permettent une évaluation fiable
des résultats ;
– le contrôle local augmente la survie globale ;
– le bénéfice des traitements systémiques (chimiothérapie
et/ou hormonothérapie) se poursuit au-delà de 10 et même
15 ans ;
– les bénéfices de chaque modalité thérapeutique se surajoutent de façon exponentielle.
Pour la première fois, il est constaté que l’amélioration du
contrôle local par la radiothérapie permet un gain sur la survie
globale. En effet, une réduction des récidives locales de 20 %
entraîne un bénéfice de 4 à 5 % sur la survie globale à 15 ans.
Ces résultats devraient encore s’améliorer du fait de l’utilisation de techniques modernes d’irradiation, avec diminution de
* Polyclinique de Courlancy, 38, rue de Courlancy, 51100 Reims.
La Lettre du Sénologue - n° 11 - décembre 2000/janvier/février 2001
la toxicité, en particulier cardiaque, source d’une mortalité
iatrogène dans les essais les plus anciens.
L’amélioration de la survie due à la chimiothérapie est confirmée ; cependant, ces résultats restent très modestes chez les
patientes de plus de 70 ans. Pour les femmes de moins de
50 ans, la polychimiothérapie augmente les taux de survie à
10 ans de 64 % à 71 % (bénéfice absolu de 7 %) alors que, pour
les femmes entre 50 et 69 ans, le bénéfice absolu est de 4 %.
Les polychimiothérapies avec anthracycline obtiennent un
résultat légèrement supérieur à celui du classique CMF. Il est
possible que les chimiothérapies avec anthracycline soient plus
efficaces chez les patientes Her2-positives.
Le tamoxifène améliore la survie globale et la survie sans récidive chez les patientes dont la tumeur présente des récepteurs
aux estrogènes.
Le traitement par tamoxifène, donné pendant 5 ans aux
patientes dont les tumeurs expriment les récepteurs aux estrogènes, réduit de 13,4 % le taux de récidive à 10 et 15 ans.
Parallèlement, les taux de survie globale passent de 73 % à
81 % à 10 ans et de 64 % à 73 % à 15 ans en faveur du bras
tamoxifène.
Les bénéfices du tamoxifène sont prouvés, mais ils doivent
être mis en balance pour chaque patiente avec le risque de
complications (néoplasies utérines et surtout accidents
thrombo-emboliques).
Ces dernières années, on a constaté une amélioration de la survie après cancer du sein. R. Peto avance une explication multifactorielle qui tient compte du dépistage, des meilleures techniques chirurgicales et de l’élargissement des indications de
radiothérapie et de traitement systémique.
RÉSULTATS DE LA CONFÉRENCE DE CONSENSUS
Un panel d’experts des trois sociétés organisatrices, coordonné
par A. Costa de l’Institut européen d’oncologie de Milan, a,
avec la participation des congressistes présents, élaboré une
charte sur le traitement du cancer du sein, destinée aux gouvernements européens et aux médias.
Six points ont été dégagés :
l Nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire des
patientes porteuses d’un cancer du sein, dans des unités spécialisées (breast units) composées des différents spécialistes qui
interviennent au cours de la prise en charge, avec un environnement psychologique et social adapté. Les experts demandent
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que les gouvernements établissent une liste de telles unités,
qu’elles soient accréditées et que tous les cancers du sein y
soient traités.
Toutes les unités doivent développer un programme d’assurance qualité et tous les résultats des traitements doivent être
enregistrés dans une banque de données européennes.
l Dépistage mammographique : les experts reconnaissent
l’intérêt du dépistage dans la réduction de la mortalité et
l’amélioration des résultats des traitements des cancers du sein.
Toutes les femmes européennes doivent être informées des avantages et des risques d’un programme de dépistage et pouvoir en
bénéficier entre 50 et 75 ans, avec évaluation des résultats.
l Contrôles de qualité : les experts confirment l’importance
des procédures d’assurance de qualité dans les études et les
protocoles et demandent aux gouvernements de prévoir les
moyens financiers correspondants.
l Évaluation du risque génétique : les femmes présentant
une histoire familiale de cancer du sein n’ont pas toutes un
risque génétiquement augmenté et doivent bénéficier d’une
consultation spécialisée avant la réalisation éventuelle d’un
Journées thématiques annuelles de la Société française de
mastologie et d’imagerie du sein
“Stratégie diagnostique
en pathologie mammaire”
Nantes, 28-29 juin 2001
Renseignements :
Centre René-Gauducheau,
centre de formation - FMC, bd J.-Monod,
44805 Nantes-Saint-Herblain.
Tél. : 02 40 67 99 26. Fax : 02 40 67 97 09.
Mail : [email protected]
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test génétique. Les tests et les conseils génétiques ne devraient
pas être encouragés en l’absence d’une législation protégeant
les personnes d’une éventuelle discrimination socio-économique et en l’absence d’une démarche de prévention reconnue
efficace (modification du style de vie, chirurgie prophylactique, dépistage mammographique, chimioprévention).
l Modulation des traitements : les experts préconisent dans
les années à venir un développement de la recherche “transitionnelle” basée sur des projets d’étude de prélèvements tumoraux avec consentement des patientes, protection des données
et libre circulation des prélèvements entre les États.
l Participation aux essais cliniques : la validation des nouveaux protocoles thérapeutiques doit être faite par des études
randomisées. Les responsables des médias sont invités à faire
prendre conscience à la population que la participation aux
essais cliniques est la plus grande contribution aux progrès de
la médecine et la meilleure démarche pour une qualité de soins
optimale. Les autorités de santé et les agences de recherche
doivent fournir un soutien approprié aux structures conduisant
des essais cliniques dans le cancer du sein.
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XXIIIes Journées de la Société française de sénologie
et de pathologie mammaire
“Les bonnes pratiques en sénologie :
du diagnostic au traitement”
Strasbourg, 10-13 octobre 2001
Renseignements :
Monique Weigel, service de gynécologie et obstétrique,
Hôpital civil, 67091 Strasbourg Cedex.
Tél. : 03 88 11 61 93/64 59 - Fax : 03 88 11 62 99
E-mail : [email protected]
La Lettre du Sénologue - n° 11 - décembre 2000/janvier/février 2001
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