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Cancers de l’ovaire
Ovarian cancer
● P. Beuzeboc*
EN PREMIERE LIGNE
À partir de l’étude SCOTROC-1 ayant comparé docétaxel + carboplatine à paclitaxel + carboplatine (1 077 patientes), S.C. Crawford et al. (abstract 5003) ont montré qu’une augmentation de la
survie sans progression était associée à une chirurgie d’exérèse
maximale, principalement chez des patientes à maladie minimale. Un curage ganglionnaire pourrait également être bénéfique
en cas de chirurgie complète.
L’importance des masses résiduelles postopératoires reste le critère le plus significatif pour prédire la survie sans progression et
la survie globale, comme le prouve l’analyse réalisée à partir des
études EORTC 55931/NCIC OV10 (680 patientes). Aucun des
facteurs biologiques (p53, BCL2, p21, Mib-1, c-ErbB2, ploïdie,
phase S et index mitotique) ne s’est avéré être un facteur indépendant (abstract 5005).
On a assisté à une nouvelle démonstration de l’échec d’un protocole d’induction intensifié dans les études randomisées EBMT
et AGO/AIO (abstract 5006) ayant comparé chez 149 patientes
6 cycles d’un schéma standard paclitaxel + platine à un schéma
avec cyclophosphamide, Taxol® (225 mg/m2) carboplatine
(AUC 20) et melphalan (140 mg/m2) à fortes doses. Les médianes
de survie sans progression étaient respectivement de 21,7 mois
et 24,5 mois, et les survies à 4 ans de 57 % dans les deux groupes.
Les données matures de l’essai intergroupe AGO OVAR et
GINECO (1 308 patientes) comparant paclitaxel + carboplatine
plus ou moins suivis de 4 cycles de topotécan ne montrent aucune
différence en termes de survie globale (abstract 5007).
L’analyse finale d’une étude multicentrique allemande (abstract 5057) portant sur l’association hebdomadaire en première
ligne de paclitaxel (100 mg/m2) et de carboplatine (AUC = 2) dans
une population de 130 patientes présentant une tumeur avancée
(8 stades II, 94 stades III, 28 stades IV) a montré un taux de normalisation du CA 125 de 74 %, et de baisse ≥ 75 % de 83 %.
EN DEUXIÈME LIGNE
P. Chinet-Charrot et al. (abstract 5043) ont rapporté les résultats
de l’étude de phase II multicentrique CAELIF portant sur les
rechutes précoces (dans les 12 mois) après une première ligne
taxane + platine, avec une association de doxorubicine liposomale (40 mg/m2 J1) et d’ifosfamide (1 700 mg/m2 J1 à J3) toutes
* Institut Curie, Paris.
La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 3 - mai-juin 2005
les 4 semaines qui permet d’obtenir, chez 98 patientes éligibles,
un taux de réponse de 19 %, avec 26 % de stabilisations, résultats comparables à ceux d’autres associations dans cette situation. Chez les patients sensibles au platine, un taux de réponse
de 41 % était obtenu.
Dans une étude de phase II utilisant un schéma hebdomadaire de
topotécan à la dose de 4 mg/m2/semaine en bolus après rechute
de 36 tumeurs évaluables sensibles au platine, R.T. Morris et al.
(abstract 5058) ont rapporté un taux de réponse de 28 %, une
médiane de survie sans progression de 4,1 mois et une survie globale de 17,8 mois, au prix d’une toxicité hématologique minimale, comparable à celle observée au schéma classique sur 5 jours
tous les 28 jours.
L’ET-723 (trabectedin), dérivé marin se fixant sur le petit sillon
de l’ADN, utilisé selon un schéma hebdomadaire (0,58 mg/m2/
semaine pendant 3 semaines, suivi de 15 jours d’arrêt) a donné,
dans une étude de phase II (abstract 5011) portant sur 52 patientes
évaluables platino-sensibles, un taux de réponse de 28,8 % (IC95 :
17,1-43,1 %). En revanche, dans la population des 62 patientes platino-résistantes, l’activité est très faible, avec un taux de réponse
de 4,8 %.
Les nouvelles drogues en développement
W.M. Smit et al. (abstract 5056) ont permis, dans un essai de
phase I/II, de fixer la dose recommandée de patulone, épothilone
ciblant les microtubules, à 10 mg/m2/3 semaines. Les principales
toxicités de grade 3 ont été la diarrhée (19 %) et la fatigue (9 %)
et 34 % des patientes ont présenté des paresthésies de grade 1 ou
2. Sur les 32 patientes évaluables, 8 (1 réponse complète, 7 réponses partielles) ont présenté une réponse objective.
Développement des traitements ciblés
Le Gynecologic Oncology Group (GOG) a conduit un essai avec
le bevacizumab à la dose de 15 mg/kg/3 semaines jusqu’à progression ou toxicité sur une série de 64 patientes présentant un cancer ovarien ou une carcinose péritonéale primitive persistante ou en
récidive après une ou deux lignes de chimiothérapie, avec, pour critère de jugement principal, la survie sans progression à 6 mois.
La combinaison de C225 (cetuximab), paclitaxel et carboplatine
fait l’objet d’une étude de phase II (abstract 5047) dont les données sont encore trop préliminaires (portant sur 17 patientes seulement) pour être analysées, en dehors d’une tolérance correcte.
Le pertuzumab (rhuMab 2C4), anticorps humanisé anti-HER2
qui inhibe la dimérisation d’HER2 avec EGFR, HER3 et HER4
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ainsi que la signalisation par les MAP et PI3 kinases, a fait l’objet
d’une étude de phase II (dose de charge de 840 mg suivie d’une
dose d’entretien de 420 mg/3 semaines) ayant inclus 65 patientes
en récidive (abstract 5051). Sur les 60 patientes analysables, seules
2 ont présenté une réponse objective Recist (3 %), et 23 une stabilisation (4 durant plus de 6 mois). Ces résultats décevants sont
sans doute à rapprocher du faible taux d’amplification d’HER2,
comme l’a montré le screening du statut HER2 par immunohistochimie (IHC) de 257 tumeurs ovariennes par le groupe GINECO
(abstract 5059). Il n’a révélé qu’un très faible pourcentage (3,9 %)
de forte positivité (IHC 3+) corrélée à la FISH. Une surexpression
2+ a été retrouvée chez 8,1 % des patientes, dont 24 % avaient une
amplification d’HER2. Malgré au total un faible taux d’amplification (5,9 %), il est nécessaire de poursuivre les investigations
concernant l’intérêt potentiel d’un traitement par trastuzumab dans
ces formes. Les données disponibles de l’association d’erlotinib
(OSI 774 ou Tarceva®) et de paclitaxel + carboplatine en première ligne ne concernent que la faisabilité et la tolérance, qui
sont identiques à celles de la chimiothérapie, à l’exception de rashes
cutanés (abstract 5052). Les résultats également très préliminaires
de phase IB de la combinaison de PTK/ZK, un inhibiteur oral de
tous les VEGFR connus, et de paclitaxel + carboplatine ont montré un profil de tolérance acceptable sur les 17 premières patientes
jusqu’à une dose de 1 250 mg/j (abstract 5042).
CANCER DE L’ENDOMÈTRE
Le raloxifène est un SERM (Selective Estrogen Receptor Modulator) utilisé dans l’ostéoporose, dont on connaît le rôle dans la
diminution du risque de cancer du sein. Il est comparé au tamoxifène dans l’étude de chimioprévention STAR. A. Demichele (abstract 5001) a également pu montrer, dans une étude cas-témoin
(547 cas, 1 412 contrôles), que le raloxifène diminuait de 50 % le
risque de cancer de l’endomètre (IC95 : 0,29-0,73), apportant
encore un élément positif à son utilisation chimiopréventive.
La présentation des résultats de l’étude japonaise de phase III
(abstract 5002) comparant radiothérapie et chimiothérapie adjuvante à base de platine dans les cancers de l’endomètre à risque
intermédiaire n’a pas été très convaincante. Sur les 425 patientes
initiales, 385 ont été randomisées. Le protocole CAP suivi utilisait de faibles doses (cyclophosphamide : 333 mg/m2, adriamycine : 40 mg/m2, cisplatine : 50 mg/m2 tous les 28 jours) pour
3-4 cycles. Cette étude n’a pas montré de différences significatives en termes de survie sans progression et de survie globale.
Avec les limites de données rétrospectives sur 68 patientes traitées par une association paclitaxel + carboplatine, M.A. Sovak
et al. (abstract 5020) ont rapporté dans des stades avancés ou
métastatiques un taux de réponse objective de 47 %, une médiane
de survie sans progression de 4,2 mois (0,7-14,5 mois) et une
médiane de survie de 11 mois (1,4-14,5 mois).
Le docétaxel hebdomadaire à la dose de 35 mg/m2 6 semaines
sur 8 a donné dans l’étude AGO Uterus-4 (abstract 5083) un taux
de réponse objective de 20,6 % (3 RP et 4 RC sur 34 patientes
évaluables). Les médianes de survie sans progression et de
survie globale étaient respectivement de 30,7 semaines et de
51,8 semaines.
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C. Humber et al. (abstract 5085) ont conclu, à partir d’une revue
systématique et d’une méta-analyse des chimiothérapies cytotoxiques (11 essais, 1 635 patientes), que le traitement optimal
des cancers de l’endomètre restait à définir.
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Ovaire
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