“ L Paradoxe Paradox

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ÉDITORIAL
Paradoxe
Paradox
“
L
es Français ont confiance dans le dépistage. Ils ont même, pour certains,
un excès de confiance dans le dépistage…
C’est ce qui ressort de la dernière édition de l’observatoire EDIFICE.
Cet observatoire consiste en une enquête téléphonique sur un échantillon représentatif de la population française. Au total, 1 603 sujets âgés de 40 à 75 ans ont ainsi été
interviewés selon un questionnaire préétabli et validé par un comité scientifique.
Dans sa dernière édition, les liens entre précarité et exposition aux risques de
cancer, croyances, comportement face au dépistage et accès aux soins courants
ont été particulièrement étudiés.
J.F. Morère
Service d’oncologie médicale,
hôpital Avicenne, Bobigny ;
service d’oncologie médicale,
hôpital Paul-Brousse, Villejuif ;
rédacteur en chef
de La Lettre du Cancérologue.
Pour en savoir plus…
• Morere JF, Viguier J, Pivot XB et al.
Cancer risks, beliefs, and health care
access among the underpriviliged.
ASCO® 2013: abstr. 6563.
• Morere J, Viguier J, Touboul C et al.
Lung cancer risks, beliefs,and healthcare access among the underprivileged.
WCLC 2013: abstr. O06.01.
• Eisinger F, Morere JF, Touboul C
et al. Vulnerable populations and
overconfidence in cancer screening.
ASCO® 2014: abstr. 1574.
Le statut de précarité, lui, a été exploré par le questionnaire, validé par le score
EPICES. Il comportait une dizaine de questions simples, telles que : vivez-vous seul ?
Partez-vous en vacances ? Rencontrez-vous parfois avec un travailleur social ?
Un score a alors été attribué, ce qui a permis de différencier les personnes
vulnérables de celles qui ne le sont pas.
La population vulnérable est ainsi estimée à un tiers de la population française
(score supérieur à 30).
Dans cette population, les sujets se perçoivent à plus grand risque de cancer.
Ils considèrent plus souvent que le cancer est lié à des causes extérieures. En revanche,
ils s’appuient moins que les autres sur les informations de la presse grand public
et sur les médecins praticiens.
Ils ont aussi moins confiance dans le système de santé.
Ils sont pourtant significativement plus exposés aux facteurs de risque, tels que
le surpoids, le tabagisme actif ou le défaut d’activité physique sportive. Ils souffrent plus
souvent de comorbidités et semblent avoir un taux de cancer du poumon plus élevé.
De façon extrêmement paradoxale, s’ils ont donc des comportements plus à risque,
ces sujets ont une grande confiance dans l’efficacité du dépistage, que ce dernier soit
validé ou non recommandé, ou inexistant aujourd’hui.
L’accès aux soins courants ne paraît en revanche pas être un point de blocage
puisqu’ils déclarent un nombre de consultations auprès du praticien supérieur
à celui déclaré dans la population non vulnérable.
Alors, au vu de ces résultats, une question peut se poser : sont-ils adeptes
du “wishfull thinking” ou de la théorie du “moral hazard” ?
Cette étude ne permet malheureusement pas d’y répondre.
”
En revanche, ces observations nous suggèrent de réfléchir à des actions
de prévention ciblant particulièrement les plus vulnérables.
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192 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 6 - juin 2014
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