4|LaLettreduSénologue •No65 -juillet-août-septembre2014
ÉDITORIAL
ASCO® 2014 :50ans de réflexion
D. Khayat
Membre du boarddel’ASCO®.
Lacinquantième édition du congrèsannueldelaSociété américaine
de cancérologie, àChicago, aété,comme chaque année, l’occasion de découvrir
lesdernières avancées, cettefois-ci, pour certainesd’entre elles, spectaculaires
de la cancérologie mondiale.
C’estaussiunmomentunique de rencontres,departages, où desprojetslocaux,
régionaux,nationaux,internationaux se mettentenplacepar le partage de concepts,
d’idées et d’expériences.
Jamais la participation au 50econgrèsannueldel’ASCO® n’aété aussi importante,
dépassantlargementles 30 000 participants,dontunpeu plus de la moitié venaient
de l’extérieurdes États-Unis.
Bien sûr,cette annéeencore, comme je l’ai indiqué, de grandesavancéesont été
décrites,qu’il s’agissedelaconfirmation de la possibilitédepréserver la fertilitédes
femmespréménopauséesdevantsubir une chimiothérapie, même si cesdonnées avaient
déjà étépubliées il yaune dizaine d’années par l’équipedeGenovaenItalie, mais aussi
l’importancedes associations de thérapeutiquesciblées dans lescancers de l’ovaire.
Aété rapportéepour la premièrefois,une augmentation significative de la survie
grâceàl’adjonction d’une thérapeutique cibléeàlachimiothérapie en deuxième ligne
dans lescancers du poumon. Desprogrès égalementspectaculaires ontété rapportés
dans la leucémie lymphoïde chronique ou lescancers différenciésdelathyroïde
radio-résistants…Comme cela,onpourrait citer encoreune bonne dizaine d’autres
communications extrêmementintéressantesqui correspondentàceque l’on appelle
traditionnellementdes “practiceschanging studies”.
La maturité qu’apportentces 50 années d’expérienceetlacrise qui secoue
aujourd’hui leséconomiesdetous nos pays et qui amène nos institutions àseposer
la questiondel’intérêt de prescrireetdefinancer destraitements chaque annéeplus
lourds dans despathologiessouventencoreincurablesaufinal ontconduitlasociété
américaine àsepencher sur la notion de “value”.Ils’agitlàd’une notion extrêmement
intéressante carelleest àchevalentre la politique et l’économie d’une part, et la science
et la médecine d’autrepart. Elle consisteàétudier quelest l’impact pour l’individu en
comparaison de l’impact pour la société,pour la collectivité, de l’utilisation de telle
ou telle thérapeutique. Elle estfondamentale pour ceux qui, comme ce futmon cas
lors de l’élaboration du premier Plan cancer en 2002, ontàdéfendrecette nécessité
première, indiscutable, qui correspond ànotredevoir de traiter tous lespatients qui
en ontbesoin, indépendammentdeleurs conditions de ressourcesetdeleurs moyens,
ou même du coût quecelareprésente, si l’intérêtpour le patientest là.Ceneserajamais
auxmédecinsdedécliner la propositiond’untraitementefficacesous la seule raison
que ce traitementserait trop cher.Celatientd’une décision collective, donc forcément
politique, et sort donc automatiquement du champdelamédecine.
Défendrel’intérêt d’un traitement, loin despolémiquesqui peuventamener certains
àpenser,commeàchaque fois,que si nous,cancérologues, défendons l’usagedetel ou
telmédicament, c’estparce que nous sommes“achetés” par l’industrie pharmaceutique,
loin de cettepolémique, notredevoir estdepréparer notrepensée afindemieux
exprimer face auxpolitiques, face auxadministrations,faceaux institutions,lavaleur
réelle de ce que nous allons pouvoir,lecaséchéant,apporter ànos patients:delavie
en plus,des souffrances en moins…