La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011 | 471
SOINS DE SUPPORT
EN ONCOLOGIE
L’utilisation de sédatifs (r
1
= 0,16 ; p = 0,002), la
douleur (r = 0,31 ; p < 0,001), la fatigue (r = 0,31 ;
p < 0,001), la dépression (r = 0,25 ; p < 0,001),
l’anxiété (r = 0,28 ; p < 0,001) et la somnolence
(r = 0,30 ; p < 0,001) étaient associées à la présence
de troubles du sommeil lors de la visite initiale. La
médiane de temps entre les 2 visites était de 15 jours.
Une amélioration significative a pu être relevée chez
143 patients (43 %). L’utilisation de thérapeutiques
hypnotiques, de stéroïdes, la dose d’opioïdes, la
douleur, la dépression, la fatigue, l’anxiété et la
confusion n’étaient pas des facteurs prédictifs de
la réponse au traitement. Le seul facteur prédictif
d’une amélioration retrouvé était un score d’éva-
luation numérique des troubles du sommeil élevé
à la visite initiale (OR = 1,14 ; p = 0,01).
Sexualité et cancer
Une première étude a évalué l’efficacité d’une
thérapie multimodale sur les troubles de la sexua-
lité chez les patientes atteintes d’un cancer du
sein (7). Ce traitement associait une rééducation
des muscles du plancher pelvien (exercice biquo-
tidien), l’application bihebdomadaire d’une lotion
hydratante pour réduire la sécheresse vaginale et,
enfin, l’application d’huile d’olive comme lubrifiant
lors des rapports sexuels. Cette étude prospective a
été conduite auprès de 37 patientes : 26 ont pu être
évaluées après 12 semaines, 18 après 26 semaines.
Les résultats permettent de conclure à une amélio-
ration de la fonction sexuelle à 12 (p < 0,001) et à 26
(p = 0,01) semaines, de la satisfaction des patientes
à 12 (p = 0,005) et à 26 (p = 0,01) semaines et de la
dyspareunie (p < 0,001). La majorité des patientes
considérait que le traitement était acceptable (94 %
pour la rééducation, 88 % pour la lotion hydratante
et 78 % pour le lubrifiant).
Une seconde étude s’est intéressée aux interventions
thérapeutiques pour troubles de la sexualité chez les
patientes en rémission après un cancer (8). L’équipe
de K. Greven a étudié, lors d’un essai randomisé
contre placebo, l’efficacité d’un traitement par un
supplément nutritionnel à base de L-arginine et de
ginseng coréen durant 12 semaines. Cent quatre-
vingt-six patientes ont été incluses sur une période
de 3 ans, dont 58 % souffraient de troubles de la
fonction sexuelle ; 67 % des patientes rapportaient
un mécontentement modéré à important, 64 %
un désintérêt modéré à important. Le supplément
nutritionnel n’a pas été meilleur que le placebo pour
la fonction sexuelle.
Enfin, la troisième étude, prospective, explorait
la prévalence des troubles de la sexualité chez les
femmes atteintes d’un cancer du sein récemment
diagnostiqué et leurs liens avec la fatigue liée à
un cancer, les troubles de l’humeur et la qualité
de vie (9). Les patientes ont été recrutées après
les traitements chirurgicaux mais avant l’admi-
nistration de traitements adjuvants ; elles ont été
évaluées lors de l’inclusion puis à 6 et 12 mois. Sur
les 218 patientes approchées, 92 ont participé à
l’étude. Les résultats rapportent une fréquence de
40 % des troubles de la libido, et 60 % de troubles
physiques de la fonction sexuelle. De plus, on
retrouve une association significative des troubles
de la sexualité avec la qualité de vie et les troubles
de l’humeur (p = 0,005 lors de l’évaluation initiale ;
p < 0,001 à 6 mois ; p = 0,036 à 12 mois). On ne
retrouve pas d’association significative, notam-
ment avec la fatigue ou d’autres caractéristiques
démographiques. Cette recherche a donc permis
d’observer une fréquence importante des troubles
de la sexualité avec un impact réel sur la qualité de
vie. Il semble donc nécessaire de disposer d’inter-
ventions efficaces avec, si nécessaire, une prise en
charge associée des troubles de l’humeur.
Troubles de l’humeur
et cancer
J.S. Smith et al. ont évalué la fréquence des troubles
psychosociaux dans une population rurale des
États-Unis (10). Ils ont conduit une étude prospec-
tive auprès de 268 patients en utilisant le Distress
Thermometer du National Comprehensive Cancer
Network (NCCN) et une liste de problèmes associés.
Une intervention dite psychosociale était proposée
aux patients dont le score était supérieur à 5, en
fonction des problèmes rapportés (psychothérapie
de soutien individuelle, yoga, etc.). Cent vingt-trois
patients (46 %) présentaient un score supérieur
à 5, mais seuls 10 % ont accepté la proposition de
soutien. Les principaux motifs de refus étaient un
problème de transport, l’idée qu’une intervention
n’était pas nécessaire et le manque de temps. On
retrouve donc une fréquence importante de troubles
psychosociaux au sein de cette population rurale,
avec des difficultés importantes de prise en charge
en raison de limitations logistiques. La situation
est probablement très similaire en France, et il
est important de développer des réseaux de soins
permettant de faciliter l’accès aux soins pour tous
nos patients.
1 r : facteur de corrélation.