130 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XII - n° 4 - juillet-août 2009
Quoi de neuf dans le cancer gastrique?
DOSSIER THÉMATIQUE
Journée FFCD-PRODIGE
contenant du platine, mais elle a montré son effi -
cacité au moins similaire et sa meilleure tolérance.
➤
L’étude REAL 2, publiée par D. Cunningham et
al. (5), s’intéressait à la fois à l’oxaliplatine et à la
capécitabine dans les schémas de chimiothérapie
de première ligne des cancers œso-gastriques
avancés. Dans le cadre de cette étude à large effectif,
1 002 patients étaient randomisés, suivant un plan
factoriel, entre juin 2000 et mai 2005, entre, d’une
part, l’oxaliplatine et le cisplatine et, d’autre part, la
capécitabine et le 5-FU. Le schéma de référence était
l’ECF. Au total, quatre bras de traitement étaient
proposés : ECF, ECX, EOF et EOX (l’ECF compre-
nait de l’épiribucine à 50 mg/m
2
, du cisplatine à
60 mg/m
2
, du 5-FU continu à 200 mg/m
2
/j ; pour les
autres schémas, le XELODA était à 1 000 mg/m
2
/j et
l’oxaliplatine à 130 mg/m2, toutes les 3 semaines).
Les bras étaient comparés deux à deux : d’une part,
ECF et EOF versus ECX et EOX (capécitabine versus
5-FU) et, d’autre part, ECF et ECX versus EOF et EOX
(oxaliplatine versus cisplatine). L’objectif principal de
cette étude de non-infériorité était la survie globale.
Outre la comparaison des bras deux à deux, une
comparaison bras par bras était programmée (sans
que les objectifs chiffrés de cette analyse soient
clairement exposés).
La comparaison des bras deux à deux a montré l’équi-
valence de la capécitabine et du 5-FU, et l’équiva-
lence de l’oxaliplatine et du cisplatine. Par ailleurs,
l’analyse bras par bras a permis de montrer une
meilleure survie globale dans le bras EOX que dans
le bras standard ECF (HR = 0,80 ; IC
95
: 0,66-0,97 ;
p = 0,2). Cette étude confi rme l’équivalence de la
capécitabine et du 5-FU et démontre l’équivalence
de l’oxaliplatine et du cisplatine.
L’ensemble de ces deux études valide la place de
l’oxaliplatine dans les schémas de chimiothérapie
de première ligne des cancers gastriques avancés,
le problème de l’AMM restant entier en France. Le
Thésaurus national indique que “le schéma FOLFOX
peut être proposé hors essai dans des cas particu-
liers après validation de l’indication en réunion de
concertation pluridisciplinaire (RCP) [recomman-
dation de niveau C]”.
Irinotécan
L’année 2008 a été (enfin !) l’année de la publi-
cation de l’étude de phase III évaluant l’intérêt
de l’irinotécan dans le traitement du cancer
gastrique avancé. Cette étude randomisée de
phase III, publiée par N. Dank et al. (6), avait déjà
été présentée par ces mêmes auteurs au congrès
de l’ASCO en 2005. Trois cent trente-trois patients
porteurs de cancers œso-gastriques avancés ont
été randomisés entre un bras témoin 5-FU-platine
(platine 100 mg/ m
2
à J1 et 5-FU 1 000 mg/m
2
de
J1 à J5, toutes les 4 semaines) et un bras expé-
rimental associant irinotécan et 5-FU selon un
schéma hebdomadaire (irinotécan 80 mg/ m2, acide
folinique 500 mg/m2 et 5-FU 200 mg/m2 pendant
22 heures). Il s’agissait à la fois d’une étude de supé-
riorité et de non-infériorité, dont l’objectif principal
était le temps jusqu’à progression. Les résultats
n’ont pas permis de mettre en évidence de diffé-
rence significative entre les deux bras, malgré une
tendance en faveur du bras irinotécan-5-FU, avec
une médiane de survie de 5 mois, versus 4,2 mois
dans le bras standard (HR : 1,23 ; IC
95
: 0,97-1,57 ;
p = 0,088). L’analyse de non-infériorité montrait
l’équivalence des deux traitements. En revanche,
en termes de profil de tolérance, la toxicité était
plus faible dans le bras expérimental que dans le
bras témoin. Cette étude ne permet donc pas de
démontrer la supériorité de l’irinotécan, qui n’a
d’ailleurs pas reçu l’AMM dans cette indication. En
revanche, elle valide son équivalence thérapeutique
et sa tolérance. Actuellement, le Thésaurus national,
en France, indique que “le schéma FOLFIRI peut être
proposé hors essai dans des cas particuliers après
validation de l’indication en RCP (recommandation
de niveau C)”. Les inclusions de l’étude française
intergroupe FFCD-GERCOR-FNCLCC-ARO compa-
rant l’ECC (suivi du FOLFIRI en deuxième ligne) au
FOLFIRI (suivi de l’ECC en deuxième ligne) sont
closes, et les résultats finaux, qui ne seront pas
disponibles avant 1 an, permettront d’apporter des
données supplémentaires quant à l’utilisation du
FOLFIRI dans cette indication. ■
1. Sasako M, Sano T, Yamamoto S
et al. D2 lymphadenectomy alone
or with para-aortic nodal dissec-
tion for gastric cancer. N Engl J
Med 2008;359:453-62.
2. Yonemura Y, Wu CC,
Fukushima N et al. Randomized
clinical trial of D2 and extended
paraaortic lymphadenectomy in
patients with gastric cancer. Int J
Clin Oncol 2008;13:132-7.
3. Di Costanzo F, Gasperoni S,
Manzione L et al. Adjuvant chemo-
therapy in completely resected
gastric cancer: a randomi zed
phase III trial conducted by
GOIRC. J Natl Cancer Inst 2008;
100:388-98.
4. Al-Batran SE, Hartmann JT,
Probst S et al. Phase III trial in
metastatic gastroesophageal
adenocarcinoma with fluoro-
uracil, leucovorin plus either
oxaliplatin or cisplatin: a study
of the Arbeitsgemeinschaft Inter-
nistische Onkologie. J Clin Oncol
2008;26:1435-42.
5. Cunningham D, Starling N,
Rao S et al. Capecitabine and
oxaliplatin for advanced esopha-
gogastric cancer. N Engl J Med
2008;358:36-46.
6. Dank N, Zaluski J, Barone C et
al. Randomized phase III study
comparing irinotecan combined
with 5-fluorouracil and folinic
acid to cisplatin combined with
5-fl uorouracil in chemotherapy
naive patients with advanced
adenocarcinoma of the stomach
or esophagogastric junction. Ann
Oncol 2008;19:1450-7.
Références
bibliographiques