448 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 9 - novembre 2012
Les cancers du sein àl’ESMO2012
DOSSIER THÉMATIQUE
Compte-rendu et analyse
de l’ESMO 2012
parmi les patientes traitées exclusivement par radio-
thérapie partielle intraopératoire est bas, de l’ordre
de 1,2 %. À noter que les résultats obtenus dans
le bras contrôle n’ont pas été rapportés, et que le
suivi médian de TARGIT-A (5 ans) est actuellement
insuffi sant pour en tirer des conclusions défi nitives.
Pour en fi nir avec la situation adjuvante, 2 posters-
discussions ont porté sur les changements induits
par l’utilisation des signatures génomiques Mamma-
Print® et OncoType® DX dans les indications de
chimiothérapie adjuvante de centres européens.
Ces taux de changements observés sont de l’ordre
de 30 %, ce qui n’est fi nalement pas négligeable
(Stork-Sloots L et al., abstr. 251PD ; Albanell J et al.,
abstr. 252PD).
Thérapies anti-HER2,
phase métastatique
Les données de survie globale de l’essai EMILIA
(T-DM1 versus capécitabine + lapatinib en deuxième
ligne) ont été présentées, et montrent ce qui était
largement attendu : la différence déjà visible dès les
premières analyses est maintenant statistiquement
signifi cative, avec un HR de 0,68 (p = 0,0006). Les
médianes étaient à 25 mois dans le bras capécita-
bine + lapatinib versus 30 mois pour le bras T-DM1.
Ces résultats indiscutables ouvrent la voie au cross-
over à progression des patientes sous capécitabine +
lapatinib vers le T-DM1 (Verma S et al., LBA12).
Autre essai rapporté, CEREBEL, avait pour objectif
de démontrer que les patientes métastatiques, sans
métastase cérébrale à l’inclusion et traitées par capé-
citabine + lapatinib, développaient moins de méta-
stases cérébrales à progression que celles traitées
par capécitabine + trastuzumab. Cet essai avait pour
hypothèse une incidence de 20 % de métastases à
progression sous traitement dans le bras avec trastu-
zumab, versus 12 % dans le bras avec lapatinib. Chez
540 patientes, la réalité observée s’est révélée loin de
cette hypothèse, avec 5 et 3 %, respectivement, de
métastases cérébrales à progression, sans que cette
différence soit signifi cative. La survie sans progres-
sion, qui n’était pas l’objectif principal de l’essai, s’est
en revanche révélée signifi cativement plus courte
dans le bras avec lapatinib (6,6 versus 8,0 mois),
menant à l’arrêt prématuré de l’essai par un comité
de suivi indépendant. Il s’agit donc là encore d’un
essai négatif du fait, d’une part, du faible taux de
métastases se développant au cours du traitement
chez des patientes initialement indemnes et, d’autre
part, de la moindre effi cacité notée du lapatinib
dans le sous-groupe de patientes qui recevaient ce
traitement en première ligne métastatique (Pivot X
et al., LBA11).
Dans une étude de phase II randomisée compa-
rant T-DM1 et docétaxel + trastuzumab (présentée
l’année dernière à l’ESMO), il a été rapporté en poster
une interaction entre le bénéfi ce (en survie sans
progression) apporté par le T-DM1 et le niveau d’ex-
pression de HER2 en ARNm, chez 137 patientes ayant
toutes une tumeur HER2 amplifi ée. L’explication,
du point de vue biologique, serait que ces tumeurs
expriment plus de protéines HER2 qui seraient asso-
ciées à une endocytose plus importante, menant
donc à une meilleure effi cacité du T-DM1. L’hypo-
thèse d’une absence de bénéfi ce chez les patientes
avec tumeurs HER2 amplifi ées à niveau plus faible
d’ARNm observée dans cette étude va être étudiée
dans l’ensemble des autres grands essais actuels
utilisant le T-DM1 (MARIANNE, etc.), ce qui devrait
permettre de confi rmer ou non ces résultats surpre-
nants mais compréhensibles sur le plan biologique
(Perez E et al., abstr. 226P).
Autres thérapies ciblées,
phase métastatique
Dans la catégorie des inhibiteurs de la voie PI3K
(PhosphoInositide 3-Kinase), il semble que les résul-
tats de l’analyse des mutations du gène PIK3CA
des tumeurs primitives de l’étude BOLERO-2 (qui
avaient montré l’effi cacité majeure de l’ajout de
l’évérolimus à une antiaromatase dans les cancers
du sein métastatiques RH+ HER2−) seront bientôt
disponibles, ce qui permettra de savoir si la prescrip-
tion de cette classe de médicaments doit se limiter
ou non aux tumeurs présentant une mutation de
PIK3CA. À noter néanmoins que l’activation de la
voie PI3K/AKT/mTOR est déjà un critère d’inclusion,
ou à défaut de stratifi cation, pour les nombreuses
études cliniques en cours avec les inhibiteurs de
la voie PI3K (Baselga J, symposium sur le cancer du
sein luminal). À souligner également, avec ce même
BKM120, inhibiteur pan-PI3K, une étude de phase II
dans les cancers du sein HER2+, dont les résultats
rapportent 10 % de réponses tumorales en associa-
tion avec le trastuzumab chez 50 patientes ayant
déjà été exposées au trastuzumab, et semble-t-il
plus particulièrement en présence de mutations
de PI3KCA ou de délétions de PTEN (Pistilli B et al.,
abstr. 318O).
Une étude de phase II randomisée sur 156 patientes
RH+ conclut, cependant, à l’absence d’intérêt de