La Lettre du Sénologue • n° 43 - janvier-février-mars 2009 | 39
CONGRÈS
RÉUNION
satisfaisante avec l’option possible de débuter par 2 ans
d’IA relayés par 3 ans de tamoxifène.
Les modèles néoadjuvants permettent de tester la
sensibilité au traitement : valeur prédictive et pronos-
tique de la réponse clinique et pathologique.
L’hormonothérapie adjuvante est recommandée si le
gain en survie globale dépasse 2 % à 10 ans. Elle n’est
donc pas recommandée pour les tumeurs T1a et T1b,
N- de grade 1, RH+, HER2-, sans embols ni pour les
tumeurs T1a, N-, de grade 2, RH+, HER2-, sans embols
ainsi que pour les carcinomes intracanalaires pour l’ins-
tant. Dans l’essai IBIS 2, l’effet recherché par l’adjonction
d’une hormonothérapie dans le traitement du CIC est la
diminution de récidive mais aussi du risque de cancer
controlatéral. Cuzick et al. (1) mettent en exergue le lien
entre toxicité et efficacité lié à l’hormonothérapie dans
l’étude ATAC : entre bouffées de chaleur et efficacité
du tamoxifène d’une part et arthralgies et efficacité de
l’antiaromatase d’autre part. Cinq études montrent une
association entre génotype CYP2D6 et la réponse au
tamoxifène et un lien avec la survie sans rechute. Ce
test simple, réalisé par prise de sang pour déterminer
le génotype CYP2D6 dont il existe 27 variants pourrait
prédire la réponse au tamoxifène. Certains antidépres-
seurs diminuent les bouffées de chaleur. L’explication est
trouvée dans leur action de neutralisation de l’effet du
tamoxifène (en diminuant l’activité du cytochrome, inhi-
biteurs du CYP2D6). Au-delà du fait qu’il faut vérifier que
les patientes ne prennent pas de Deroxat®, de Prozac®
et, à moindre degré, d’Effexor®, cela remet en cause les
grandes études de comparaison du tamoxifène et des
antiaromatases. Si dans le bras tamoxifène, certaines
patientes prenaient des antidépresseurs, qui ont été
identifiés comme neutralisant le traitement adjuvant,
alors le résultat est en défaveur du tamoxifène du fait de
ces interactions et non de sa moindre efficacité.
La chirurgie
Le ganglion sentinelle de la chaîne mammaire interne
(CMI) peut être identifié en privilégiant le site d’injection
péritumoral. Il semble pouvoir être enlevé facilement et
sans risque, en particulier au niveau de la plèvre, grâce
à une “sonde à tête mobile”. L’intérêt d’un ganglion
sentinelle de la CMI négatif est de ne pas irradier la
chaîne ganglionnaire mammaire interne pour les lésions
internes ou N+, et ainsi d’éviter les effets indésirables, en
particulier cardiaques quand il s’agit d’un sein gauche.
L’étude des ganglions sentinelles mammaires internes
en fonction de la localisation tumorale montre curieu-
sement autant de drainage mammaire interne pour les
tumeurs du QIE que pour celles du QII.
La radiothérapie
Pour la radiothérapie, les débats sont toujours vifs
concernant l’irradiation de la CMI. Elle n’est pas
réalisée dans les pays anglo-saxons alors qu’en
France, l’envahissement ganglionnaire et la topo-
graphie interne de la tumeur sont des indications
classiques (comité d’experts, 1991). Elle induirait un
surrisque cardiaque, or les patientes sont exposées
par ailleurs à des produits cardiotoxiques (anthracy-
clines et Herceptin®) imposant de préserver au mieux
une bonne fonction cardiaque. Un essai européen
est en cours pour tenter de répondre à la délicate
question des indications de l’irradiation de la CMI. Il
est probable qu’on s’achemine vers une désescalade
de ces indications. L’essai SUPREMO vise, quant à
lui, à déterminer l’intérêt des irradiations de paroi
chez les patientes N1. Chez la personne âgée, une
radiothérapie hypofractionnée est tout à fait licite
et bien tolérée.
La femme âgée
Chez la femme âgée, un bilan gériatrique apparaît
comme nécessaire avant d’envisager un traitement
cytotoxique qui concerne les patiente N+, RH-. Le
traitement de référence (antracycline) en cas de
risque cardiaque peut être remplacé par l’association
sans anthracycline TC (2). Il convient d’individualiser
les traitements chez les patients de plus de 70 ans,
d’ajuster les posologies à la fonction rénale et d’utiliser
des facteurs de croissance de type GCSF en prophy-
laxie primaire, sans oublier que l’espérance de vie est
de 15 ans à 70 ans et de 9 ans à 80 ans.
Les soins de support
Les soins de support par facteurs de croissance héma-
topoïétiques diminuent les besoins transfusionnels
et améliorent la qualité de vie. Toutefois, certains
essais concluent à un effet délétère de leur utilisa-
tion sur la survie. Si ces résultats sont critiquables
car les chiffres cibles d’hémoglobine étaient trop
élevés (14 g ou plus), la logique de prudence incite
à ne pas prescrire d’EPO en situation adjuvante
ou néoadjuvante. L’indication doit être posée en
réunion de concertation disciplinaire (RCP) en cas
d’anémie chimio-induite symptomatique avec un
taux d’hémoglobine inférieur à 10 g en visant une
cible de 10 à 12 g.